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Cédric Lépine : Qu'est-ce qui vous inspire à écrire ?
Sheily Larash : Je puise mon inspiration dans deux sources principales. La première : mes expériences personnelles, ainsi que celles de mes proches, qui me permettent d’être au plus proche de la réalité et de trouver des idées qui résonneront avec d’autres personnes. Mais, mon inspiration me vient aussi de mes passions : par exemple le jeu vidéo ou encore le cinéma d’animation. Ce sont des terreaux que je trouve très fertiles et qui nourrissent mon inspiration depuis de nombreuses années. Dans mon roman Falling into Pieces, je me suis appuyée à la fois sur des expériences individuelles, mais aussi des articles de presse sur les prisons américaines et enfin sur des séries et des œuvres dessinées, notamment le manga Rainbow.
C. L. : Est-ce que le contexte l'attentat queerphobe d'Orlando a été un déclencheur pour vous amener à écrire cette romance ?
Non, cela n’a pas été un déclencheur. Quand j’ai commencé à écrire Falling into Pieces, je voulais localiser le roman dans un pays pratiquant la peine de mort. Mon choix s’est porté sur les États-Unis et ensuite j’ai choisi la Floride. Et en cherchant à situer les personnages géographiquement, Orlando s’est imposée à moi. De ce fait, il me semblait important de rappeler l’attentat du 12 juin 2016 en début de texte.
C. L. : Pourquoi avoir choisi précisément les USA comme lieu du récit ?
S. L. : D’une part, car la peine de mort s’y pratique encore, du moins dans certains États. Et ensuite, car j’aime situer mes récits dans des pays qui m’inspirent ou que je connais : en l'occurrence, une partie de ma famille a longtemps vécu aux États-Unis, et je trouve cela plus simple d’écrire sur des endroits que l’on connaît. Les États-Unis ont aussi l’avantage d’être cosmopolites et je peux de cette façon intégrer des personnages de différentes origines (ça permet aussi de développer des thèmes liés à l’histoire de l’immigration, par exemple les Irlandais après la grande famine). La diversité est un thème qui me tient à cœur et en cela, les États-Unis ont l’avantage de m’autoriser à explorer des thématiques variées comme le racisme, l’intégration et bien plus encore.
C. L. : Comment choisissez-vous les prénoms de vos personnages et à quel point ces prénoms sont importants pour vous afin de les caractériser ?
S. L. : J’ai tendance à rechercher des prénoms avec un sens et une symbolique, cela me sert de moteur dans le texte. Cela peut aussi aider à développer des métaphores filées et établir des ponts et des parallèles dans le récit. Dans Falling into Pieces, le prénom Solveig (force du soleil) permet de caractériser le personnage : comme il souffre de dépression, il se sent à l’ombre et ne voit plus le soleil dans sa vie, il a oublié qu’il pouvait avoir la force du soleil. En comparaison, Diesel est un prénom excentrique qui correspond à la personnalité du personnage, de plus, Diesel est tout au long du récit un vrai moteur, il est la flamme et l’âme des chapitres.
C. L. : Pensez-vous à des personnes et des situations précises qui vous entourent ou que vous rencontrez dans des récits autour de vous lorsque vous écrivez ?
S. L. : Cela dépend des chapitres et des moments : il y a des passages très précis qui seront presque des copiés collés de situations réelles qui m’ont marquée. Pour d’autres, je vais m’inspirer de reportages ou d’émissions et construire mon récit autour, en incorporant des éléments fictifs. Enfin, certains chapitres me viendront naturellement, je laisse mes personnages prendre le relais et je suis spectatrice.
C. L. : Pourquoi avoir voulu partager alternativement les points de vue de Solveig et Diesel ?
S. L. : J’ai recours à l’alternance des points de vue dans mes romans et notamment dans les romances car cela a l’avantage de donner au lectorat l’occasion de comprendre chaque personnage. Dans Falling into Pieces, il me semblait crucial qu’on puisse avoir accès à l’intériorité de Solveig et Diesel afin de prendre toute la mesure de leurs dilemmes et problématiques personnels. Aussi, selon les cas, afin de raconter une scène, un point de vue fonctionnera mieux qu’un autre. Dans mon roman, parfois Diesel est spectateur des actions de Solveig et parfois, Solveig raconte ses propres actions et vice versa. Cela dépend donc de quelle façon je souhaite aborder le chapitre et sous quel angle j’ai envie qu’il soit lu et compris.
C. L. : Vous sentez-vous attachée à la tradition des histoires romantiques où la rencontre amoureuse est un salut sur un chemin d'errance et de souffrance ?
S. L. : Non, je ne me sens pas spécialement attachée à ce schéma, mais j’aime m’en inspirer et le détourner. Je pense que les rencontres amoureuses ou amicales peuvent être un salut sur un chemin d’errance ou de souffrance, mais ce n’est pas une tradition qui me tient à cœur. Dans Falling into Pieces, la rencontre de Solveig et Diesel est un déclencheur ; c’est ce qui va donner progressivement envie à Solveig d’aller mieux, mais l’amour ne le guérira pas pour autant.
C. L. : Comment savez-vous quand votre récit doit se finir ? La fin est-elle prévue dès que vous commencez à écrire ?
S. L. : J’écris sans plan, je suis surtout guidée par un fil rouge, une idée que je veux partager : dans Falling into Pieces, c’était la dépression et le milieu carcéral. Ensuite, l’intrigue se tisse au fur et à mesure des chapitres. Instinctivement, je sais que j’approche de la fin de mon roman quand les arcs narratifs des personnages sont résolus et que les nœuds d’intrigues sont tous dénoués Dans Falling into Pieces, j’ai trouvé à la fin deux chapitres avant l’épilogue, mais il m’est arrivé dans d’autres projets d’avoir l’idée exacte de la fin dès le début de la rédaction.

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Falling into pieces
de Sheily Larash
Nombre de pages : 576
Format : 200,00 mm x 145,00 mm
Date de sortie (France) : 26 février 2025
Éditeur : Albin Michel
Collection : Nox Romance New Adult