Alors que la guerre en Ukraine nous apporte encore son lot de morts et de sombres nouvelles, on peut trouver dans Front Mission de nombreuses similitudes avec la situation actuelle, une œuvre puissante graphiquement qui touche à l'intellect en passant par les tripes.

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Si Front Mission est censé se dérouler aux alentours de 2100, on n'en reconnaît pas moins assez rapidement sous les différents sigles des organisations en présence (OCU, EC, USN...) des organisations assez similaires à nos alliances actuelles.
L'histoire débute d'ailleurs par la reprise des conflits entre deux de ces grandes puissances, qui prend place sur une petite île de l'Océan Pacifique, illustrée par les photos très explicites d'un journaliste japonais.
L'île en question est coupée en deux administrativement, chacune des puissances en question en "possédant" la moitié et revendiquant régulièrement l'autre. Du conflit larvé qui a lieu sur place depuis une vingtaine d'années va naître une véritable guerre.
Ce terrain déporté sera donc le théâtre de l'horreur de la guerre, crument dessinée et racontée dans Front Mission. Pas d'armée en ordre ni de "frappe chirurgicale" mais bien des bâtiments pulvérisés et des corps en charpie, Front Mission joue ici sur plusieurs tableaux : dénoncer l'horreur de la guerre et aussi le sensationnalisme sans limites des media qui relaient à loisir ces images, ainsi que des gouvernement qui les censurent pour mieux contrôler l'opinion populaire et pouvoir continuer le conflit.
La guerre frappe tout le monde et tue sans discernement, civils, journalistes, soldats, mercenaires...Le contraste entre la situation sur l'île et la tranquillité qui règne dans les pays membres des puissances engagées, qui peuvent se permettre de prendre position pour ou contre dans le confort de la paix, en est encore plus saisissant.
Si Front Mission, paru chez Ki-Oon pour l'édition française entre 2012 et 2013, ne parle pas de la guerre en Ukraine, le parallèle est assez évident, comme il l'est cela dit avec de nombreuses guerres dans le monde depuis plus de 50 ans.
Les nations ou alliances de nations dominantes ne se font plus directement la guerre mais imposent des conflits partout dans le monde, sous couvert d'agir au nom d'une quelconque valeur ou en se réclamant de délivrer ou sauver la population. La réalité est souvent bien plus pragmatique, les appareils d'Etat obéissant aux inclinations des puissances économiques (pour ne pas dire la bourgeoisie) à l'accaparement des ressources et des marchés. Les populations locales sont évidemment les grandes perdantes de ces guerres qui leur tombent parfois dessus sans prévenir, elles sont également refoulées aux frontières des pays responsables de leur situation quand ils essaient de la fuir et sont enfin accusées de tous les maux si jamais elles réussissent à s'y réfugier, ajoutant aux douleurs des pertes et de l'arrachement celle de l'isolement.
Front Mission Dog Life & Dog Style (une vie de chien et en levrette) de Otagaki et Line, chez Ki-Oon.