Billet de blog 19 décembre 2024

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"Vilains vilaines. Les figures du mal au cinéma" de Julien Magalhães

Contre-points ou doubles maléfiques du héros dans une histoire, les figures du mal sont aussi le reflet de la société en un temps donné dans ce qu'elle rejette. Julien Magalhães réalise dans cet ouvrage un petit tour d'horreur/d'horizon des vilains et vilaines au cinéma.

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Parution du livre Vilains vilaines. Les figures du mal au cinéma de Julien Magalhães

Sous forme de repoussoir et de mise en marge de ce qu'une époque peut condamner et rejeter, les figures du mal dans la fiction éclairent particulièrement ce qu'une société ne peut tolérer face à un modèle imposé que serait le héros.

C'est avec cette perspective de recherche en tête que le consultant en histoire Julien Magalhães se lance dans l'exploration des personnages symptomatiques de la vilainie au cinéma. Pour cela, il opère un classement en quatre catégories explicites pour présenter et analyser lesdits personnages : les moches, les beaux, les queers et les monstres. Son registre d'analyse concerne exclusivement le cinéma nord-américain à l'exception de la production française du Cinquième élément, de l'australien Mad Max et du britannique Harry Potter, mais avec des acteurs et actrices majoritairement made in USA. L'imaginaire convoqué est donc pour l'essentiel issu de l'usine à rêve hollywoodienne avec notamment une place particulière accordée à Disney comme fabricant en série à chaque film de méchants-méchantes qui ne va pas sans de nombreuses discriminations implicites, à l'instar du personnage d'Ursula dans La Petite sirène inspiré par l'actrice trans Divine, héroïne des films de John Waters, Disney diffusant ainsi sa transphobie.

Les genres filmiques convoqués sont multiples et ne sont pas seulement restreints aux films d'horreur même si ceux-ci occupent une large place. De même, personnages féminins et masculins sont presque autant représentés pour une fois, avec l'idée qu'il y a en ce qui concerne le rejet social une égalité du genre, notamment avec la figure misogynique multiséculaire de la sorcière.

Julien Magalhães analyse méthodiquement chaque personnage pour en saisir les influences issues de l'histoire sociale, comme par exemple des codes de couleurs spécifiques qui se retrouvent de manière récurrente d'un film à l'autre. Cette approche offre ainsi plus d'intensité à plonger dans un film au-delà de celui cité, pour comprendre les enjeux profonds dans ladite construction du mal pour mieux appréhender ce que la société notamment nord-américaine (les méchants et méchantes des cinémas français, coréen et japonais, par exemple, auraient encore une autre lumière à apporter) en un temps donné n'ose officiellement avouer d'elle-même.

Illustration 1

Vilains vilaines. Les figures du mal au cinéma
de Julien Magalhães

Nombre de pages : 192 pages
Format : 200 x 250 mm
Date de sortie (France) : 14 novembre 2024
Éditeur : Hoëbeke
Collection : Photographie / Cinéma

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