Parution du livre John Carpenter: American Horror Stories de Nathalie Bittinger
S'il est un nom que l'on peut suivre avec un plaisir cinéphilique enthousiaste au fil des lectures, c'est bien celui de Nathalie Bittinger qui n'a eu de cesse auparavant de défricher et mettre en valeur les cinémas d'Asie avec 2046 de Wong Kar-wai (Armand Colin, 2007), Dictionnaire des cinémas chinois. Chine, Hong Kong, Taïwan (Hémisphères/Maisonneuve et Larose, octobre 2019) et Cinémas d’Asie, nouveaux regards (Presses Universitaires de Strasbourg, 2016), sans oublier son livre consacré à Ang Lee. Elle s'est récemment aventurée dans l'histoire alternative du cinéma made in USA avec Il était une fois l'Amérique à l'écran (2023), ce qui lui permet à présent de plonger pleinement dans l'œuvre de John Carpenter, lui-même précurseur dans ses références filmiques, de la mise en valeur du cinéma asiatique.
Pourtant initiateur de nombreuses nouvelles vagues de films avec notamment celle profusionnelle du slasher suite à la réussite de son Halloween, la nuit des masques (1978), John Carpenter est resté un indépendant qui n'est pas sorti, à part une exception prêt, de son économie de films de genre, et s'est retrouvé à la jonction entre Howard Hawks et Quentin Tarentino, dont les filiations sont pleinement assumées. Compte tenu de la singularité et du poids conséquent, bien que dans l'ombre, de l'apport du cinéma de Carpenter, cet ouvrage est le chaînon manquant primordial pour appréhender pleinement l'histoire du cinéma américain de ces dernières décennies.
L'apport filmique de John Carpenter en terme de mise en scène se retrouve dans l'exigence apportée dans chacun de ses films. Quant à ses thématiques, il a réussi à défendre des valeurs devenues marginales, comme promouvoir la classe ouvrière avec des masculinités tournées en dérision à l'ère des corps bodybuildés des années 1980 incarnant les représentants de l'ordre, qu'ils soient policiers ou militaires, sous les traits de Chuck Norris, Arnold Schwarzenegger ou encore Sylvester Stallone pour n'en citer que quelques exemples d'une longue litanie. C'est ainsi toute une représentation méconnue et méprisée de la société américaine que permet de découvrir et questionner le cinéma de Carpenter dont chacun des choix narratifs jamais rien d'anodin. Nathalie Bittinger, avec sa passion et sa rigueur universitaire, est allée chercher des informations fiables pour nourrir ses analyses, afin de mettre en perspective des films qui n'ont pas fini de livrer de nouvelles lectures, sur leur construction comme sur le reflet du conscient et de l'inconscient d'une société saisie sur un écran.

John Carpenter: American Horror Stories
de Nathalie Bittinger
Nombre de pages : 192
Format : 17,70 x 24,00 x 2,10 cm
Date de sortie (France) : 7 novembre 2024
Éditeur : Hoëbeke
Collection : Cinéma