La Couronne, Charente, 2021 : Un projet de parc d'attractions sur le thème de la Bande Dessinée, un site parsemé de lacs au sein des carrières, gris en hiver, turquoises en été, oasis au milieu d’une zone industrielle et pavillonnaire.
105 millions d’euros sur la table. Omerta politique.
Le vote de la communauté d’agglomération du Grand Angoulême tombe un soir d’octobre 2020 comme un couperet : 70 voix pour, 5 voix contre. Les dés sont jetés.
Le porteur du projet se dit adoubé, s’exhibe fièrement dans la presse locale.
Autour de nous, des voix se lèvent. Nous montons l'association ImagiNON, postons sur les réseaux sociaux.
Voici un commentaire parmi d’autres : “Je ne comprends pas comment on peut être contre, ça va créer des emplois, et mes enfants vont adorer”.
C’est bien là le problème, il faut relire Guy Debord. Critiquer le divertissement y compris depuis ces usines à touristes, est une hérésie. Quant à aller contre des emplois, même précaires et au SMIC, n’en parlons même pas...
Schizophrénie. On nous parle tous les jours d’effondrement, de la fin d’un modèle productiviste et consumériste. Et là, on va déverser des milliers de tonnes de béton dans une zone humide, construire un hôtel et 950 places de parking sur des terres agricoles, pour faire venir 440 000 touristes par an en bagnole, afin que des gamins achètent des peluches de Marsupilami, des Gastons et des Boule & Bill en plastique.
Encore un choc des générations : "Désolé les jeunes, ce sont toujours les boomers, assistés par leurs cadets néo-libéraux qui décident de l’avenir du monde."
Pour Monsieur le Maire, nous ne sommes que “des pancartes”. Il nous balaye d’un revers de main pour incompétence, boucle le site par arrêté communal. C’est David contre Goliath.
Nous affinons notre argumentaire, distribuons des tracts. De simples citoyens nous devenons militants. Ingénument, nous voulons faire classer la zone, sanctuariser ce bout de terre qui a déjà trop souffert. Préserver ses oiseaux de passage en hiver, ses chauves-souris et ses crapauds. Raté, le site ne rentre dans aucun des acronymes technocratiques. Ni ZNIEFF, ni ZICO, ni ZCS.
La Couronne, ville à gauche, arbore fièrement à l’entrée de ses zones commerciales “Commune Hors TAFTA”. La communication verte des élus bat son plein : “ Faisons place au dialogue, recentrons le débat sur les urgences sociales et environnementales ! ”
On va surtout recentrer le débat sur ce foutu réchauffement climatique qui nous pend au nez. Il faudrait réduire de 5% par an nos émissions de CO2 pendant 30 ans pour avoir la moindre chance de respecter les accords de Paris. Et on nous pond quoi ? Un parc d’attractions qui relève du niveau zéro de la culture, financé par un investisseur chinois, et construit par Vinci.
Imagiland, c’est un symbole. Symbole de l’ancien monde, gangréné par l’avarice, la course au profit, le chantage à l’emploi.
Chaque brindille lancée dans les rouages infernaux de cette machine a son importance. Notre alouette Lulu, égérie du collectif, a déjà commencé.
Le Collectif ImagiNon.

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Découvrez le collectif ImagiNON
L'association ImagiNon lutte contre le projet d’implantation du parc d’attraction “ Imagiland ” ayant pour thématique la bande-dessinée, sur le lieu dit “La Brousse Marteau” sur la commune de La Couronne (16), dans la banlieue d'Angoulême. Ce parc, porté par l'investisseur chinois Dragontoon, et confié au groupe Vinci pour un budget de 105 millions d'euros, porte atteinte à la faune et flore locales, promet d'être un échec économique, tout comme un contre-sens culturel.
Culturellement, on pourrait penser que l'agglomération d'Angoulême constitue l'endroit idéal pour un projet lié à la bande-dessinée. Mais Dragontoon a choisi de véhiculer une image passéiste du 9e art avec des licences datant des années 60-70, sans aucun personnage féminin, déconnectée des goûts de la jeunesse actuelle. Ce projet n'aidera en rien les auteur.trices actuel.les dont 1/3 vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Avec une Maison des Auteurs qui subit des coupes budgétaires d'année en année, la priorité n'est-elle pas de soutenir les acteur.ices du monde de l'image ?
Terminons par la grande raison avancée par les politiques pour justifier ce projet : l'emploi. L'étude de marché prévoit 440 000 visiteurs / an, le porteur de projet annonce jusqu'à 700 emplois. Les nuités sur toute la Charente en 2018 étant au nombre de 454 000, on a du mal à les croire. Il faut savoir que dans ce secteur, 80% des emplois sont saisonniers et au SMIC. Une comparaison avec les autres parcs français nous donne une estimation d'une trentaine de CDI et de 180 saisonniers. Il est prévu que la construction du parc sera financée à 50 % par Dragontoon, 50% par la banque des territoires (caisse des dépôts et consignations). La Région a déjà voté une aide de 2M€ dans le plan de relance. Des subventions du Grand Angoulême sont prévues (non encore votées), alors que ses finances sont dans le rouge.
C'est pour toutes ces raisons que nous appelons à un arrêt de ce projet, dont les travaux devraient commencer dans les mois à venir. Nous ne voulons pas d'un parc d'attraction supplémentaire. Le Futuroscope à 1h30 de chez nous est amplement suffisant. En revanche Angoulême et ses alentours regorge d'artistes, d'artisans, de commerçants, pleins d'idées portées vers un avenir écologiquement et socialement responsables. Un avenir qui remet l'Essentiel en priorité.
https://www.facebook.com/collectif.imaginon
https://www.instagram.com/contre_imagiland/
Adhérez à l’association ImagiNon qui lutte contre l’implantation du parc Imagiland.
https://www.helloasso.com/associations/association-imaginon
La lutte d'ImagiNON contre le projet ImagiLand figurera bientôt sur la carte des grands projets inutiles tenue par la revue Reporterre ici
