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Billet de blog 8 juin 2008

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L'histoire des relations franco-russes revisitée

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

l'URSS puis la Russie ont eu à coeur dès 1945 de reconstruire les résidences impériales que les armées nazies avaient délibérément détruites. La reconstruction de celles de Saint-Pétersbourg et de ses environs fut accélérée au tournant du XXIè siècle avec la venue de Poutine au pouvoir, et pour cause : On allait fêter les 300 ans de la fondation de la ville, ancienne capitale de l'empire fondée en 1703 par Pierre le grand. Or Vladimir Poutine est né dans cette ville en 1952 - elle se nommait alors Leningrad -, comme d'ailleurs, et ce n'est pas un hasard, le président actuel de la Russie, Dimitri Medvedev, 13 ans plus tard.
Mais qu'importe! Ces reconstitutions, faites au prix de sérieuses recherches et d'un travail aussi scientifique que soutenu, sont fort intéressantes. C'est ainsi que le palais Pavlosk nous permet de mesurer la nature et la qualité des échanges entre la France et la Russie durant le 3ème 1/4 du XVIIIè siècle, ce siècle des Lumières qui a rayonné jusqu'à la Russie d'Elisabeth et surtout de Catherine II.
Elisabeth, la fille de Pierre Ier, arrivée au pouvoir en 1740 mais restée sans enfant, élit comme successeur son neveu Pierre, fils de sa soeur Anne morte en couche. Elle lui fait épouser une princesse allemande, qui dut se convertir à l'orthodoxie et adopter le prénom de Catherine. A peine cette dernière a-t-elle mis au monde un fils, Paul, qu'Elisabeth lui retire pour l'éduquer selon ses propres conceptions. Catherine ne voit donc pas grandir son fils.
Est-ce la raison pour laquelle elle le détestait? Ou est-ce parce qu'il était le fils de son mari (ce qui reste à prouver ...) ? Toujours est-il que la naissance de son premier petit-fils permet à Catherine d'envisager sa succession sans en passer par son fils Paul. Comme l'avait fait Elisabeth, elle s'en empare après lui avoir choisi son prénom, Alexandre, et le fait éduquer selon ses propres critères de l'excellence. En même temps elle offre aux parents la propriété de Pavlosk, un domaine de 600 hectares où tout restait à faire, non loin de la demeure impériale de tsarskoïe Selo. Superbe cadeau mais aussi moyen de tenir le jeune couple éloigné de la Cour.
Paul a épousé Maria Feodorovna, femme brillante et d'une sensiblilité d'artiste. La distance imposée par l'impératrice entre le couple et la Cour est mise à profit : Paul et Maria entreprennent un tour de l'Europe des Lumières que Catherine n'a jamais put faire. Ils rencontrent de nombreux artistes et intellectuels dont certains philosophes des Lumières, et sont reçus par, entre autres "grands", Louis XVI et Marie Antoinette.
Après plusieurs mois d'absence le couple rentre en Russie chargé de nombreux achats et cadeaux. Maria en décore sa nouvelle résidence : tapisseries, tentures, tissus, statues, faïences et porcelaines, mobiliers, livres, horloges, ... d'origine diverses mais en grande majorité française.

Ce mobilier a pu être évacué avant l'arrivée de l'armée nazie, c'est pourquoi aujourd'hui nous pouvons l'admirer dans un cadre somptueusement restauré. Parmi tous ces objets figure un service en porcelaine de Sèvres avec, en décor sur certaines pièces, un médaillon contenant, l'un le portrait de Marie-Antoinette, l'autre celui de Louis XVI. Jusqu'à tout recemment ce service était présenté comme un cadeau de bienvenue offert par la reine de France à une belle fille d'impératrice et qui plus est, très admiratrice de l'art et de la culture française. Or lors de ma dernière visite j'ai surpris la jeune guide affirmer que ce service avait été acheté par Maria Feodorovna et les portraits royaux peints à sa demande ...

Surprise, j'interrogeais la jeune guide, qui m'a répondu en toute simplicité : Oh oui je sais, c'est ce que j'avais appris mais on nous a demandé de donner cette nouvelle version des faits ...

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