Même en cette période de crise, la construction, à Bordeaux, de logements neufs, l'apparition de quartiers nouveaux dans le secteur des Bassins à flots, entre autres, sont un argument de poids pour la municipalité, une justification de la politique de Juppé créditée d'avoir transformé le visage de la ville, de l'avoir rendu plus attractive pour les touristes et pour les entrepreneurs.
Quelques informations glanées, ces jours derniers, dans la presse locale, viennent tempérer sérieusement l'enthousiasme de la propagande municipale. Dans le quartier Ginko, le quartier écolo, c'est un balcon qui s'est effondré - sans faire de victime, heureusement - mais ça fait désordre (il faut voir les photos sur le site de Sud Ouest, qui ne les a pas reprises dans son édition papier). Dans le quartier proche des Chartrons, c'est une passerelle reliant deux immeubles qui s'est effondrée - là, un jeune homme a reçu sur la tête une plaque de béton qui l'a salement amoché. Bien sûr, les lieux sont sécurisés, bien sûr, des enquêtes seront diligentées pour trouver les responsables de malfaçons évidentes mais jusqu'à présent invisibles, - il y a fort à parier que le système généralisé des sous-traitances permettra de trouver facilement un lampiste et que les promoteurs ne seront pas inquiétés et continueront de rogner sur la qualité du travail pour augmenter leurs profits. Ce n'est pas du côté politique qu'il faut s'attendre à des réactions fortes. Qui oserait vraiment s'attaquer à d'aussi importants personnages qui savent, à bon escient, se montrer généreux.
Qui dit quartier nouveau, nouvelles populations, dit augmentation des eaux usées. Il y a, à proximité, une station de traitement des eaux usées gérée par la Lyonnaise des eaux ; elle se signale par des effluves nauséabondes qui incommodent tous les riverains. Il paraît qu'il y a des canalisations qui manquent cruellement d'étanchéité. Alors on colmate, on colmate, mais sans vraiment que les choses, côté olfactif, s'améliorent. Du côté de la Lyonnaise des eaux, on déclare ne pas faire marcher les sécheurs de boue responsables de cette pollution pendant le weekend - quelle générosité !!! Du côté de la municipalité, on fait confiance à la Lyonnaise dont on reprend l'argumentation. Et la maire de quartier, dont il n'est pas prouvé qu'elle l'habite, se contente de dire que d'ici deux ou trois ans la Lyonnaise aura peut-être (mais ce n'est pas sûr!) trouvé un moyen de supprimer ces mauvaises odeurs - pour l'instant, il n'y en a pas et les habitants du quartier sont invités à se boucher le nez. J'incite ceux dont le métier est de vendre cette nouvelle image de Bordeaux à assortir leurs prospectus d'une pince à linge et d'un casque de chantier.