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Bordeaux sur Garonne

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Billet de blog 16 août 2017

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Bordeaux, le syndrome vénitien

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Non, je ne parle pas de la tentation jadis exprimée par celui qui n'était pas encore le maire de Bordeaux d'en finir avec la vie politique et d'aller vivre à Venise. Elle n'est plus à l'ordre du jour, même si on comprendrait qu'elle le redevienne.

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Non, je parle de l'invasion des touristes dans le centre historique de Bordeaux, en plein mois d'août, ils sont là,  partout, ils étaient là depuis des mois déjà, mais plus discrets, moins moutonniers, à la terrasse des cafés, dans les restaurants des plus chics aux plus simples, par familles entières, traînant des gosses qui ont l'air de se faire chier, le père rouge et suant, la mère passablement énervée ; ils sont là non tant pour voir que pour photographier et se photographier  ; quelques uns font semblant de s'intéresser au baratin des guides qui proposent leurs services et s'efforcent de leur expliquer les subtilités de l'architecture bordelaise et celles de son histoire compliquée. Ils débarquent d'un peu partout, en avion, en voiture, en train. Les plus riches descendent de ces bateaux de croisière que l'on prendrait pour ces barres d'immeubles qui défigurent toutes les grandes villes du monde, ceux-là ne visitent que deux ou trois boutiques dont ils ressortent un sac Vuitton et des bouteilles de prestige, quand ils ne sont pas assez fortunés pour aller les commander directement dans les châteaux du Médoc ou de Saint Emilion - les badauds se sont ébaubis d'avoir assisté au ballet d'un hélico qui décollait du yacht d'un milliardaire quelconque pour ne pas avoir à souffrir d'une proximité douteuse avec la masse des touristes et aller déguster sur place quelque cru à plusieurs milliers d'euros la bouteille ou faire le plein, comme le disait, avec élégance, un journaliste émerveillé.

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Et j'éprouvais une profonde sympathie pour les habitants de Venise, mais aussi bien pour ceux de Prague, qui ont le sentiment d'être expropriés de leur propre ville et d'assister, impuissants à la lente destruction de ce qui, jadis, avait une âme et ne comporte plus maintenant que des marchands. Mais comment ne pas céder devant cette toute-puissance du fric, devant les chiffres complaisamment détaillés de ce que dépensent par jour ces touristes, devant le désir de céder à tous leurs caprices et de ne s'adresser à eux que dans un sabir vaguement anglo-saxon qui est la marque d'une soumission service ? Bordeaux a encore quelques efforts à faire pour être totalement dans le mouvement - régler les problèmes de ses poubelles - toujours pleines et dégueulant leurs reliefs sur les trottoirs -, de ses transports - toujours encombrés

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et se mettant à l'heure d'été pour le plaisir sans doute de voir les files d'attente s'allonger sur les quais - de ses chantiers de voirie qui rendent la circulation de plus en plus difficile. ..Mais ça va venir, tout sera sans doute fait pour améliorer ce qui peut l'être au plus grand bénéfice des masses de touristes, et peu importe si les impôts locaux augmentent.

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Bordeaux, le miroir d'eau

Je crois que je vais émigrer, mais pour aller où ?

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