Si j'en juge par le peu d'articles publiés depuis quelques mois déjà, je devrais conclure que rien, dans la vie politique, sociale et culturelle bordelaise ne mérite qu'on y consacre une dizaine de lignes. Et c'est un constat plutôt décourageant. En vérité, c'est plutôt le contraire qui est vrai. Tant de choses se passent à Bordeaux que la tête en tourne : jugez-en !
La ville bourdonne de rumeurs sur l'avenir politique de son maire bien-aimé. Sera-t-il ou non ministre dans ce prochain gouvernement qu'on nous annnonce depuis si longtemps ? Et à quel poste ? Rejoindra-t-il le Quai d'Orsay, qu'on sait sinistré, parce que, jadis, il y avait laissé un plutôt bon souvenir ? Le ministère des Finances parce qu'on dit que seul ce poste de grand argentier est digne d'un ex-premier ministre ? Sera-t-il seulement appelé ? Pour l'instant, il assure que personne ne l'appelle, mais, s'il l'était, resterait-il maire de Bordeaux ? il avait juré ses grands dieux qu'il se consacrerait tout entier à cette charge - juré, craché, si je mens, je vais en enfer et n'est-ce pas l'enfer que la proximité de qui vous savez ? Jamais suspens n'a été aussi haletant et pendant ce temps la pauvreté gagne du terrain, les exclus s'enferment dans le silence, les étrangers s'en vont, les usines ferment...
On a volé la vache peinte par Jofo aux couleurs des Girondins et qui participait à la cow-parade. Faut-il avoir mauvais goût pour vouloir avoir ça dans son salon ? Faut-il avoir peu de coeur pour retirer de la vente aux enchères une des pièces qui auraient pu rapporter beaucoup d'argent à la Banque alimentaire - il se murmurait que Gourcuff voulait s'en rendre acquéreur pour se faire pardonner son départ un peu précipité pour Lyon .
On inaugurait, l'autre jour, le Rocher de Palmer, un lieu consacré aux musiques du monde - c'est à Cenon, il est vrai, mais c'est tellement proche de Bordeaux !- Guy Lenoir y mettait en scène un opéra wolof, "Leena", rencontre entre culture africaine et culture des cités : des voix magnifiques, des danseurs épatants et une générosité, une violence, une beauté qui ont enthousiasmé le public.
Et ce soir, cercle de silence contre les CAR, suivi d'une réunion, au Hâ 332, sur les dangers du projet Besson. Ténacité, obstination, constance depuis deux ans - ça ne prend pas beaucoup de place dans les medias, mais ça touche un nombre croissant de gens.
Rien ne se passe à Bordeaux ? vous disiez ? moi, je suis persuadé du contraire.