Oui, il existe bien cette année un cinéma au féminin ! Et les Méditerranéennes confrontées à une actualité brûlante y occupent, dans la difficulté, la passion, la tendresse et l’humour, une place de choix
Les 7èmes Rencontres FILMS FEMMES MEDITERRANEE
en témoignent avec brio. Du 27 sept au 8 octobre à MARSEILLE, HYERES, LA CIOTAT, AIX EN PROVENCE, ce n’est pas moins de 20 films et 13 courts métrages, fictions et documentaires qui sont à l’affiche. Turquie, Bosnie,France, Italie, Espagne, Tunisie, Egypte, Portugal, Iran, Israël, Grèce, Algérie, Roumanie, Palestine, les deux rives de la Méditerranée sont sous les projecteurs singuliers de réalisatrices mêlant l’intime et la grande histoire.
La Méditerranée au côté des luttes pour les libertés, c’est aussi l’ouverture et l’échange. Cette année, Films Femmes Méditerranée renforce encore cet esprit par un triple partenariat avec le Festival de Femmes de Créteil, le Festival italien SalinadocFest et le Festival marocain de Salé.
Débats avec 17 réalisatrices invitées, mini concerts, buffets marquent dans la convivialité ces rencontres 2012 - à Marseille (cinéma Le Prado, la Maison de la Région, cinéma l’Alhambra) – à La Ciotat (Cinéma Lumière) – à Hyères : (Cinéma Olbia) – à Aix en Provence (Institut de l’Image)
A l’origine de Films Femmes Méditerranée, il y a des projections de films italiens organisées par la Chambre de Commerce Italienne de Marseille. Très vite, porté par un petit groupe de femmes, le projet s’étend aux deux rives de la Méditerranée et l’association voit le jour en 2006, rapidement renforcé par de nouvelles adhésions .
Aujourd’hui, les 7èmes Rencontres restent fidèles à l’objectif du départ : mettre en lumière le travail en cinéma des femmes de la Méditerranée.
Ces rendez-vous cinématographiques, uniques par leur double caractère, cinéma au féminin, cinéma du Sud, ont leur place au côté des festivals de femmes et des festivals méditerranéens reconnus depuis longtemps. C'est pour nous un plaisir renouvelé de constater cette émergence constante de talents au féminin, accompagnant ou anticipant les mouvements de leurs sociétés. Le cinéma des femmes méditerranéennes est vivant, inventif, il mérite tout notre intérêt.
C'est ce formidable éventail jouant de tous les registres du drame à la comédie, du long au court métrage que nous vous invitons à partager à Marseille, mais aussi dans le Festival « hors les murs » les 4, 5, 6 à Hyères le 7 à La Ciotat, le 8 À Aix-en –Provence à l’Institut de l’Image
Le festival se finit le 3 octobre pour Marseille avec le dernier film à l'(Alhambra ). Pour avoir plus de renseignements sur toutes les manifestations ultérieures, consultez le site :
http://www.films-femmes-med.org/
Manifestations encore à venir à Marseille :
Mardi 2 octobre cinéma Le Prado 1 concert 1 Film 1 Buffet
19:00 h// Concert voix Polyphoniques // Mer noire - A capella, à 1, 2 … voix voyage musical et voyage ethno-musicologique
19:30 INVISIBLEde Michal Aviad Allemagne - Israël, 2010, 1h30, vo/st // avec Ronit Elkabetz, Tal Omer
En présence de la réalisatrice Michal Aviad
Synopsis
Deux femmes, qui furent, il y a plus de vingt ans, victimes d'un même violeur en série, se rencontrent à nouveau par hasard. Nira est réalisatrice à la télévision et mère-célibataire, Lily est une militante de gauche qui soutient des Palestiniens pendant la récolte des olives. Cette rencontre avec la charismatique Lily a un si grand effet sur Nira qu'elle se met à réfléchir à nouveau aux événements d'autrefois tout en essayant de rétablir le lien entre celle qu'elle était alors et celle qu'elle est devenue. Les deux femmes entreprennent ensemble une tentative pour se libérer de la peur qui les associe l'une à l'autre, indépendamment de leur volonté.
Note d'intention[1] :
« On trouve des scènes de viol dans beaucoup de films. Ces scènes combinent généralement deux ingrédients racoleurs : le sexe et la violence. Mais les conséquences du viol sur les victimes sont habituellement passées sous silence. Dans ce film, je voulais montrer les blessures invisibles. « ... ». Invisible est le récit de deux femmes victimes du même violeur en série, vingt ans auparavant. Leur rencontre fait resurgir le traumatisme qui les a torturées des années durant et influencé le cours de leurs vies. Chacune d'elle réagit à sa façon et au fil de l'histoire, il apparaît que le traumatisme a aussi impacté leurs relations avec leurs parents, enfants, époux. Au cours du film, les deux femmes se rendent compte qu'elles doivent affronter à nouveau cet événement et ses ramifications pour pouvoir continuer à vivre. Basé sur des recherches documentaires approfondies, le film est un mélange de fiction et de réel : les personnages, leurs familles, leurs situations sociales sont fictives, tandis que le violeur en série a vraiment existé. En 1977-1978, il a agressé 16 femmes et jeunes filles dans la région de Tel-Aviv. Les références qui sont faites à travers les propos des protagonistes, les articles de journaux ou extraits de presse sont véridiques et deux enregistrements sonores de témoignages de femmes ont été inclus au montage... ».
Invitée : Michal Avia
Mercredi 3 Octobre cinéma L'Alhambra
1 Documentaire, 1 Film, 1 Buffet, dernière soirée à Marseille des 7èmes rencontres Films Femmes Méditerranée 2012. Une soirée qui nous plonge dans la Grèce d’hier-avec Mélina Mercouri- et celle d’aujourd’hui qui connaît une crise majeure.
18h30 Entrée libre DEBTOCRACY : LA GOUVERNANCE PAR LA DETTE // Grèce, 2011, 1h14, vo/st, documentaire
En présence de la réalisatrice Katerina Kitidi et Aris Chatzistefanou Grèce. 2011. 1h15. Ce film explique les mécanismes de l’assujettissement d’un pays par ce que les économistes appellent la dette odieuse
Synopsis :
Debtocracy est un documentaire produit pour la première fois en Grèce par le public. Le film analyse les causes de la crise de la dette et propose des solutions jusqu'ici ignorées par le gouvernement et les médias. Aris Chatzistefanou et Katerina Kitidi interviewent des économistes, des journalistes et des intellectuels du monde entier, qui expliquent les étapes d'un processus qui a entrainé la Grèce dans la gouvernance par la dette. Le documentaire propose de suivre les expériences de pays comme l'Equateur qui a créé une commission d'audit de la dette.
Propos des réalisateurs :
« L'idée nous est venue après une émission sur Sky Radio sur la manière dont le président équatorien avait géré la dette colossale du pays. « ... » Dans le même temps, en Grèce, des gens étaient en train de lancer une initiative similaire, et recherchaient du soutien pour cela. Katerina Kitidi (éditrice en chef de TV XS) et moi nous nous sommes alors décidés à produire ce documentaire. Mais nous n'avions pas d'argent, et ne voulions surtout pas demander des financements auprès d'un quelconque parti politique, syndicat, entreprise, ou pire, une banque. Nous avons alors eu l'idée de demander aux gens de nous aider en lançant une campagne de crowdfunding.[2] Nous n'avons jamais prétendu être mesuré. C'est même plutôt l'inverse, puisque nous pensons que nos contradicteurs ont largement eu le temps et l'espace médiatique pour faire valoir leur position. D'ailleurs, leur position n'est pas vraiment équilibrée non plus... » Aris Chatzistefanou
Invitée : Katarina Kitidi
20:30 Buffet offert par l'Alhambra Cinémarseille
21h30 // STELLA, FEMME LIBRE de Michael Cacoyannis // Grèce, 1955, 1h30,vo/st avec Mélina Mercouri, Georges Foundas, Aleko Alexandrakis
Synopsis :
Stella est la chanteuse star du Paradis. Chaque soir elle enflamme la scène, et les clients n'ont d'yeux que pour elle. Mais Stella est moins une femme fatale qu'une femme libre qui désire mener sa vie comme elle l'entend, quitte à choquer les bonnes mœurs. Femme sans morale, femme facile, putain... sa réputation la pourchasse dans le quartier. C'est ainsi qu'elle se voit contrainte de quitter Aleko, son jeune amant, afin de lui éviter d'être mis au ban de sa famille bourgeoise qui voit d'un très mauvais œil sa relation avec elle. Stella rencontre alors Milto, un footballeur fort en gueule, qui accepte un temps de vivre une liaison libre avec elle mais qui entend bien la faire plier et accepter le mariage...
Le film :
« Cacoyannis parvient avec Stella à exprimer ses goûts cinéphiles -le mélodrame hollywoodien et le néo-réalisme italien -sans les singer mais en les transposant brillamment dans la tradition cinématographique et culturelle de son pays. L'une des singularités de Stella est ainsi d'être un film dont l'origine géographique est immédiatement reconnaissable mais qui, par le biais d'influences parfaitement digérées, échappe à tout carcan. On est ainsi de plein pied dans la tragédie grecque, avec ces personnages marqués du sceau de la fatalité, avec cette héroïne consciente du sort funeste qui l'attend et qui pourtant avance, imperturbable et droite, vers sa destinée.
Stella est aussi un film profondément progressiste, féministe, dans un pays dominé par la masculinité. Dans le cinéma grec et plus largement dans la culture hellénique la femme est soumise et ne peut qu'endosser trois rôles : la vierge, la mère ou la putain. Mélina Mercouri -célèbre actrice de théâtre qui fait ici ses débuts au cinéma -confère à son personnage une force incroyable. Elle pousse à la fois la sensualité et l'érotisme de Stella (il faut la voir s'emparer d'une piste de danse ou fumer cigarette sur cigarette) tout en s'imposant physiquement comme l'égale des interprètes masculins. Stella lui doit ainsi beaucoup, Mercouri incarnant parfaitement dans son corps, ses postures, sa voix grave et ses gestes, le féminisme revendicateur du film. » Olivier Bitoun
Plus d'infos sur : http://www.films-femmes-med.org/
Merci à Brigitte Vilatelle , notre correspondante dans cette belle association, de nous avoir renseignés de Marseille sur ce festival particulièrement intéressant reliant, grâce aux femmes, les deux rives de la Méditerranée, ces liens dont nous avons tant besoin... Et n'oublions pas les spectacles qui nous attendent dans les autres ville ....
[1]En cinéma la note d’intention peut permettre de mettre en exergue certains aspects de l’histoire, de son traitement, etc. En bref, faire ressortir les éléments déterminants et aptes à susciter l’intérêt.
[2] Le Crowdfunding est une approche permettant le financement de projets en faisant appel à un grand nombre de personnes ordinaires (internautes, réseaux de contact, amis, etc.) pour faire de petits investissements. Une fois cumulés, ces investissements permettront de financer des projets qui auraient potentiellement eu de la difficulté à recevoir un financement traditionnel (banques, investisseurs, etc.). Grâce aux réseaux sociaux et aux communautés en ligne, il devient aujourd’hui facile et peu coûteux de rejoindre un grand nombre de personnes potentiellement intéressées à soutenir des projets.
Il n’existe pas de version francophone à l’expression “Crowd funding”, mais on peut la traduire en: “financement collectif” ou “financement par la foule”