La femme et l’eau

Le samedi 10 mars 2012,  l’ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France) d’Aix-en-Provence a organisé, comme tous les ans, la Journée de la Femme. Cette année, et dans le cadre du  « Forum Alternatif Mondial de l’Eau » (FAME), elle a placé cette journée sous le signe très symbolique de la femme et de l’eau (autour de la thématique « Les femmes et la gestion de l’eau »).
Elle est racontée ici par Saïda Schreiner, Référente de l’Espace femme  et alors Présidente de l'association.

Les droits de la femme
Cette journée, écrit Saïda , a été l’une des occasions qui nous a permis à toutes et à tous de nous rassembler en tant que citoyennes et citoyens pour rappeler qu’il n’y a pas de démocratie sans respect des droits de la femme. C’était  aussi l’occasion  de revendiquer les droits qui sont encore bafoués, menacés ou ignorés.
Par la même occasion, nous avons salué les  luttes menées par les femmes dans le monde arabe. Nous avons adressé une pensée particulière aux femmes syriennes qui luttent pour la démocratie et qui protègent leurs enfants du pouvoir de Bachar al Assad.
La projection du film documentaire réalisé au Maroc « L’or bleu », avec l’intervention de Mme Raymonde Lagune et de Mme Michèle Fourny, de l’association ATTAC,  a été un moment riche en réflexion et sensibilisation.
La femme et l’eau
Les femmes et les petites filles sont les premières victimes de la crise de l’eau provoquée par la pollution, la sécheresse et les multinationales, ces vendeurs d’eau. La corvée de l’eau a toujours existé et existe partout dans les zones rurales. Les femmes et les jeunes filles  parcourent plusieurs kilomètres, entre  3 heures et 6 heures à pied tous les matins pour aller chercher l’eau. Entre 15 et 25% de leur énergie journalière est dépensée pour cette tâche. Cette corvée présente un obstacle pour la scolarisation des filles et pour l’émancipation des femmes. Aller chercher de l’eau fait partie de l’inégalité des sexes.
Il est temps  que la corvée de l’eau cesse.
Il est temps d’éliminer les facteurs de discrimination et de prendre en compte la dimension de genre et le souci de l’égalité entre les hommes et les femmes dans la gestion de l’eau. C’est un point de départ pour favoriser le développement social et économique, comme l’ont déjà souligné avec insistance l’ONU et des organisations internationales, entre autres.
Il est temps aussi que la gestion de l’eau devienne publique  car sa privatisation ne fait qu’accentuer sa crise et freine tout développement.
Les saynètes de l’atelier d’écriture
Quatre saynètes qui ont été écrites dans le cadre de l’atelier d’écriture de l’ATMF ont été jouées par un groupe de femmes de l’« Espace femmes et jeunes filles » :
L’une des saynètes, par exemple, intitulée « Chibanis (l'ancien) en sursis » a mis en relief l’état de détresse, de contrôle, de discrimination, de manque de dignité et de justice dans lequel on laisse les vieux migrants en France. Elle a été jouée par Safia et Saïda de l’Espace femme de l’ATMF.
Une autre, intitulée « Justice amiantée », évoque la nouvelle loi qui impose à ceux qui ont été indemnisés, dans le cadre de la contamination par l’amiante, de rembourser une partie, presque la moitié de ce qu’ils ont perçu. « Je veux bien leur rendre leur fric, à condition qu'ils me rendent la santé. », disait l’une des victimes. Elle a été jouée par : Safia-Louisa-Christiane de l’Espace femmes et Lionel Parini, dramaturge et animateur de l’atelier d’écriture de l’ATMF
Les 4 saynètes ont été intercalées par :
La lecture de poèmes sur l’eau en français et en arabe par deux femmes de l’ "Espace femme” : Safia et Hemma (voir celui de Safia à la fin de l'article).
Des morceaux de flûte joués par la jeune Lucie et de tarbouga par le jeune Ilias.  Morceaux qui ont été réalisés sous la thématique du «dialogue culturel ». Ils ont été applaudis par toute la salle.
De la danse mi-orientale mi-chorégraphique par un petit groupe de jeunes filles sous le thème « solidarité ». C’était un moment fort où les mamans de  ces jeunes filles ont accompagné cette danse avec leur youyou. Presque tout le monde dans la salle s’est levé.  Le professeur de danse a pris la parole pour parler de l’encadrement et de la volonté de ces jeunes filles dont l’âge varie entre 10 et 13 ans.
De la danse orientale par un groupe de jeunes femmes professionnelles qu’hommes et femmes ont admirées.
Un défilé de tenues traditionnelles. Chaque femme a parlé de sa propre tenue en évoquant son origine et sa culture.
 
La journée s’est terminée dans la musique, le chant et la danse.
Une belle ambiance  avec la participation de femmes d’origines diverses, qui  ont partagé un moment de plaisir, de détente en dansant et en dégustant de petits gâteaux avec un thé à la menthe.
Le lendemain, une dizaine de femmes de l’Espace femmes ont voulu échanger et s’informer davantage sur le problème de l’eau et ses répercussions sur la femme dans le monde. Une sortie a donc été organisée le 16 mars avec ce groupe de femmes à l’atelier «le rôle des femmes dans la gestion de l’eau» dans le cadre du FAME à Marseille, suivi d’une séance plénière «Femmes et eau» sous la co-animation de Miriam Nobre, secrétaire internationale de la Marche Mondiale des Femmes et de Vandana Shiva, militante altermondialiste et féministe indienne, récipiendaire du prix Nobel Alternatif en 1993. Le même groupe a décidé de sa participation à la manifestation du samedi 17 mars devant le château d’eau à Marseille, une manifestation qui fait partie de la «Caravane de Porteuses d’Eau en Marche» organisée par le Collectif “13 Droits des Femmes“ toujours dans le cadre du programme du FAME. Notre journée de la femme s’est donc prolongée bien au-delà !
 
Poème, cadeau de SAFIA à Cent Paroles
                                                                   Je suis EAU
                                                          L’invisible, la fuyarde
                                                        Je réponds à tes besoins,
                                                    Tu m’utilises pour t’hydrater,
                                                               Je peux produire,
                                                           Je peux te distraire,
                                             Je peux lutter contre les incendies,
                                     Je communique avec la mer, l’océan et les rivières,
                               Sous forme de pluie, je tombe, je m’infiltre, je m’évapore,
                                                     Je me transforme en nuages
                                  Le cycle continue, je réapparais sous forme de pluie
                                                       Je fuis comme le temps !
 
                                                      Toi Peuple où que tu sois,
                                                         Je te permets de boire
                                                         Je te permets de vivre
                                                              De survivre,
                                                Sans moi, Tu meurs assoiffé
                                                        Alors Protège-moi !
                                                                                                   Safia H.