Billet de blog 3 novembre 2021

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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Cinemed 2021 : "Amira" de Mohamed Diab

En Palestine, Amira, est une adolescente passionnée et fière de son père prisonnier politique dans un centre d’incarcération israélien. Lorsque son père souhaite avoir un enfant avec son épouse par insémination artificielle, toute la famille découvre que le père d’Amira est stérile depuis sa naissance.

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Illustration 1
"Amira" de Mohamed Diab © Pyramide

Film en compétition long métrage de fiction lors de la 43e édition de Cinemed, Festival de cinéma méditerranéen de Montpellier

Après Les Femmes du bus 678 (2010) et Clash (2016), Mohamed Diab propose avec son troisième long métrage en tant que réalisateur une tragédie politique et familiale qui se situe en Palestine. Le cinéaste quitte momentanément sa radiographie de la société contemporaine égyptienne pour livrer une tragédie moderne plongeant ses racines dans le théâtre grec mais aussi de Shakespeare et de Corneille en mêlant l’histoire intime au drame politique, le conflit de loyauté où l’histoire individuelle est sacrifiée au nom d’une idéologie incarnée. Car le corps du personnage éponyme, jeune adolescente palestinienne, est éminemment politique et lorsqu’Amira découvre qu’elle n’a pas les racines biologiques qu’elle attendait, son monde vacille littéralement.

Pour embrasser les réflexions intrinsèques à la situation palestinienne, Mohamed Diab a pu bénéficier du soutien à la production d’Hany Abu-Assad (Paradise Now, Omar) tout en conservant son regard distancié de cinéaste égyptien. C’est pourquoi le film embrasse la métaphore politique autour des codes de la tragédie classique mais en pointant éminemment du doigt le lourd poids de la martyrologie comme stratégie fatale de survie en Palestine.

Amira est une jeune adolescente qui dispose à la fois d’une force de conviction et d’un dynamisme qui fait vaciller tous les adultes autour d’elle, sa famille comme son professeur. Ses parents chacun à leur manière cherchent à la protéger en ayant recours à la culture du sacrifice individuel, le père de sa prison et la mère en acceptant l’opprobre de sa famille et de la société tout entière. Ce portrait inédit d’adolescente est d’une force singulière pour interroger de manière inédite le conflit israélo-palestinien et au-delà de celui-ci, les contradictions à s’épanouir individuellement dans un unique espace de sociabilité.

Amira
de Mohamed Diab

Fiction
98 minutes. Égypte, Jordanie, Émirats Arabes Unis, Arabie Saoudite, 2021.
Couleur
Langue originale : arabe

Avec : Tara Abboud (Amira Ali Suliman), Ali Suliman (Nuwar Saba Mubarak), Saba Mubarak (Warda Suhaib Nashwan), Suhaib Nashwan (Ziad), Ziad Bakri (Basel Waleed Zuaiter), Waleed Zuaiter (Said Sameera Asir), Sameera Asir (Reema Saleh Bakri), Saleh Bakri (Etai Reem Talhami), Reem Talhami (la grand-mère), Is'haq Elias (Suleiman Kais Nashif), Kais Nashif (Hani Mohammad Ghassan), Mohammad Ghassan (Yaser Assaf al Rousan), Assaf al Rousan (le docteur), Nadeem Rimawi (un soldat), Salam Alabed (Khadeja)
Scénario : Mohamed Diab, Khaled Diab, Sherin Diab
Images : Ahmed Gabr
Montage : Ahmed Hafez
Musique : Khaled Dagher
Décors : Nael Kanj
Production : Film Clinic, Agora Audiovisuals, Academia Pictures
Coproduction : Al Taher Media Production, The Imaginarium Films
Producteurs : Hany Abu-Assad, Amira Diab, Sarah Goher, Mohamed Hefzy, Moez Masoud, Daniel Ziskind
Distributeur (France) : Pyramide

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