4e édition du Festival international du film politique de Carcassonne 2022 : Mizrahim, les oubliés de la Terre promise de Michale Boganim
Remarqué aux festivals de Venise et de Cinemed à Montpellier en 2021, le documentaire Mizrahim, les oubliés de la Terre promise de Michale Boganim poursuit à présent au festival international du film politique de Carcassonne sa rencontre avec son public en déplaçant vers le centre les questions de société laissées en périphérie. En l’occurrence, Michale Boganim part d’une histoire familiale, celle de son père, membre des Black Panthers en Israël au début des années 1970 dans le but de lutter contre la discrimination que subit une grande part de la société israélienne, ceux que les Ashkénazes nomment les Mizrahim, autrement dit les Juifs orientaux.

La réalisatrice d’Odessa… Odessa ! (2005) et de La terre outragée (2012) se sert de ce amorce initiale familiale pour plonger dans une histoire qui dépasse ce cadre autobiographique et embrasser toute l’histoire des oubliés de l’État d’Israël. Son récit se construit scénaristiquement sur la base d’un road movie pour découvrir toutes ces villes habitées par les Mizrahim laissées en marge de la société dans son ensemble, tout en suivant un déroulement chronologique. En ligne de fond, l’histoire de son père, Juif marocain qui arrive comme tant d’autres en recherche d’une terre promise en Israël et qui au lieu de trouver son espace de vie à Jérusalem, se retrouve confiné au milieu du désert. Et plus largement, il est ici question de l’histoire des Mizrahim en Israël au fil des décennies.
Michale Boganim s’attache particulièrement aux lieux de vie laissés en marge de la société dans une démarche quasi archéologique qui consiste à remettre à jour une histoire enfouie en interrogeant notamment les contemporains filmés dans ses lieux qui ont traversé ces décennies. Au fil de la reconstruction historique de ce road movie documentaire, Michale Boganim rappelle ses propres déplacements qui l’ont conduite enfant à se retrouver à vivre dans une nouvelle périphérie en France à Arcueil, ce qui conduit à universaliser une problématique de fond où la cohésion sociale devient impossible au niveau national. C’est en effet la logique de l’exclusion sociale que subissent les banlieues en France et ailleurs avec des raisons idéologiques et politiques distinctes d’un pays à l’autre.
Le fil rouge du film reste la cartographie d’Israël autour de ses lieux marginalisés qui se retrouvent par la grâce de la grammaire cinématographique au centre des questions posées par le film. Michale Boganim réalise ainsi une démarche historique et sociologique aussi essentielle qu’incontournable pour comprendre le poids de l’histoire dans les divisions sociales contemporaines afin de rêver une communauté alternative où la construction bénéficierait de plus d’énergie que les divisions insufflées par la haine des irresponsables politiques.
Mizrahim, les oubliés de la Terre promise
de Michale Boganim
Documentaire
93 minutes. France, Israël, 2021.
Couleur
Langues originales : français, hébreu
Scénario : Michale Boganim
Productrice : Marie Balducchi
Coproducteur Israël : Amir Harel / Lama Films
Images : Nathalie Durand
Montage : Pierre Deschamps
Son : Amos Greilsammer, Graciela Barrault
Musique : Joachim Mimouni
Montage son : Alexandre Hecker
Mixage : Melissa Petitjean
Production : Ex Nihilo (France)
Coproduction : Lama Films (Israël)
Ventes internationales : Réservoir Docs
Distributeur (France) : Sophie Dulac Distribution