Billet de blog 22 août 2017

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Cédric Lépine

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Ebrahim Golestan, précurseur du cinéma d'auteur iranien

Farid Esmaeelpour consacre une monographie au cinéaste iranien Ebrahim Golestan dans un souci de rendre justice à ce cinéaste un peu trop méconnu encore aujourd'hui alors que triomphe depuis quelques décennies le cinéma d'auteur iranien.

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Parution du livre La Genèse du cinéma d'auteur iranien : Ebrahim Golestan de Farid Esmaeelpour

Farid Esmaeelpour consacre une monographie au cinéaste iranien Ebrahim Golestan dans un souci de rendre justice à ce cinéaste un peu trop méconnu encore aujourd'hui alors que triomphe depuis quelques décennies le cinéma d'auteur iranien. La thèse du livre vise donc à prouver que l'effervescence créative du cinéma iranien ne serait rien sans Golestan qui a ouvert en son temps les premiers pas du cinéma d'auteur à l'heure où la production nationale était dominée dans la fiction par le cinéma farsi et le documentaire par des films de propagande. Pour rendre hommage à ce cinéaste, Farid Esmaeelpour retrace brièvement dans un premier temps la vie du cinéaste jusqu'à son exil en Angleterre et la fin de sa carrière en tant que réalisateur. Ensuite, vient une analyse détaillée de chacun de ses films, 15 courts métrages documentaires et deux longs métrages de fiction : La Brique et le miroir (1964) et Les Secrets du trésor de la vallée de Djinn (1974). L'objectif ici est de décrire les spécificités du réalisateur à travers ses choix de mise en scène et son esprit d'indépendance, faisant de lui un auteur à part entière. Il manque au néophyte qui ne connaîtrait pas l'histoire du cinéma iranien, le contexte que l'on peut trouver dans la même collection « Iran en transition » éditée par L'Harmattan : Le Cinéma iranien de Javad Zeiny.

Les films d'Ebrahim Golestan souffrent encore d'un manque de visibilité et en l'occurrence ils ne bénéficient pas encore d'une édition DVD en France. Ce livre est donc un véritable engagement de son auteur à défendre une figure historique et artistique iranienne pour la sauver des limbes de l'amnésie de l'ultramodernité. Compte tenu de l'ambition du titre, la genèse dudit cinéma d'auteur aurait pu aussi être abordée en lien avec les cinéastes postérieurs à la filmographie d'Ebrahim Golestan pour en démontrer l'héritage, qu'il s'agisse de témoignages de ceux-ci à l'égard de Golestan ou de l'analyse comparée de leurs films. L'auteur du livre mentionne seulement qu'Abbas Kiarostami a contacté Ebrahim Golestan lorsqu'il a été primé à Cannes reconnaissant ainsi son soutien, mais cette perspective aurait pu être davantage développée pour comprendre précisément la notion de cinéma d'auteur et sa naissance conceptuelle, qui doit être distinguée du concept apparu en France avec la Nouvelle Vague. L'ouvrage aurait alors été plus long mais aurait davantage tenu ses promesses annoncées dans le titre initial. Il n'en reste pas moins que la démarche de Farid Esmaeelpour est louable et l'on espère qu'elle puisse permettre aussi de redécouvrir à la fois les films de Golestan et de nourrir une véritable pensée historique du cinéma iranien, un film en éclairant un autre.

Illustration 1

La Genèse du cinéma d'auteur iranien : Ebrahim Golestan
de Farid Esmaeelpour

Nombre de pages : 174
Date de sortie (France) : juin 2017
Éditeur : L'Harmattan
Collection : Iran en transition

lien vers le site de l’éditeur

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