Billet de blog 22 décembre 2024

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"Terra incognita" de Ghassan Salhab

Dans le Beyrouth d'après guerre, la ville se reconstruit et divers personnages aux fonctions sociales distinctes la parcourent et implicitement l'interrogent.

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Illustration 1
Terra incognita de Ghassan Salhab © Shellac

Sortie DVD : Terra incognita de Ghassan Salhab au sein du coffret de l'intégrale des films de Ghassan Salhab

Toujours dans l'objectif de dresser un portrait de ville dans une étroite communion entre Beyouth et quelques-un.es de ses habitant.es, pour son deuxième long métrage Ghassan Salhab se montre plus solaire, dans un cadre social où la guerre est terminée mais où le ciel est toujours sous la menace d'avions militaires israéliens. Le film est ici résolument plus choral même si le personnage de Soraya domine, avec des figures qui ont leur propre personnalité forte et indépendante, dont le récit se justifie par lui-même, à l'instar du journaliste de la radio (joué avec une conviction sourde et perspicace par Carlos Chahine) qui énonce des informations de la géopolitique toujours très tendues pour le Liban tout en restant opaque à celles-ci comme au reste de la société qu'il traverse en courant sans s'arrêter.

Dans ce choix de mise en scène chorale, il y aurait presqu'un peu de l'univers filmique d'Otar Iosseliani, le sens de l'ironie anarchiste en moins. L'humour est ici plus éloigné même si quelques situations burlesques peuvent émerger pour rappeler l'absurdité de l'organisation sociale. Comment dans Beyrouth fantôme (1998), les individus ont encore ici beaucoup de mal à faire lien entre eux afin de faire société alors qu'aucune famille n'apparaît à l'écran. Malgré tout, un léger optimiste flotte à l'idée que la ville détruite sept fois de suite en quinze ans, ne va pas cesser de renaître à nouveau.

La psychologie des personnages compte ici beaucoup moins que la chorégraphie de leur cheminement dans la ville avec un questionnement omniprésent de celle-ci à l'instar de la mise en scène d'Antonioni. Moins torturés que les personnages hantés par le passé immédiat dans Beyrouth fantôme, ceux de Terra incognita ne cessent de chercher à se prouver à eux-mêmes qu'ils vivent ou bien se retrouvent implicitement dans une non inscription au monde.

Illustration 2

Terra incognita
de Ghassan Salhab
Avec : Carol Abboud (Soraya), Abla Khoury (Leila), Walid Sadek (Nadim), Rabih Mroue (Tarek), Carlos Chahine (Haidar)
Liban, France – 2002.
Durée : 119 min
Durée totale du coffret : 641' (10h41)
Sortie en salles (France) : 12 février 2003
Sortie France du coffret DVD : 3 décembre 2024
Format images : 1,85 - Couleur
Langue : arabe - Sous-titres : français.
Éditeur : Shellac

Bonus :
Court métrage de Ghassan Salhab : L'Encre de Chine - 2016 (55 min)

5 boîtiers Digipack dans un coffret

Contient :
le DVD du film Beyrouth fantôme (1998, 115’48”)
avec le court métrage : (Posthume) de Ghassan Salhab (2007, 28’45”)


le DVD du film Terra incognita (2002, 113’50”)
avec le moyen métrage : L’Encre de Chine de Ghassan Salhab (2016, 53’30”)

le DVD du film Le Dernier homme (2006, 101’28”)
avec le long métrage : Une rose ouverte / Warda de Ghassan Salhab (2019, 71’37”)

le DVD des films La Montagne (2010, 83’40”) et La Rivière (2021, 97’35”)

le DVD du film La Vallée (2014, 128’42”)

un livret (40 pages) :
préambule de Ghassan Salhab
fiches des films
2 entretiens avec Ghassan Salhab
photos d’archives
bio-filmographie de Ghassan Salhab

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