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Sortie nationale (France) du 27 août 2025 : La Femme qui en savait trop de Nader Saeivar
Le mouvement des Iraniennes « Femme, Vie, Liberté » en 2022 n'a pas fini de lutter contre les injustices vécues par les femmes dans un régime les discriminant autour d'une citoyenneté de second ordre et le troisième long métrage réalisé par Nader Saeivar en est le témoin direct. En choisissant comme protagoniste une femme qui a dû lutter pour l'émancipation féminine au moment de la Révolution de 1979 en Iran, le cinéaste et son coscénariste Jafar Panahi, pour lequel il avait lui-même été précédemment coscénariste sur ses films, assument la mise en valeur de la continuité des luttes au fil des décennies par les femmes iraniennes.
Le récit s'installe progressivement au rythme de la protagoniste et à travers son point de vue qui permet de découvrir un système juridique en Iran où un homme peut assassiner sa femme sans être le moins du monde inquiété par une enquête policière et encore moins par l'exercice judiciaire. Au fil de ses rencontres, l'héroïne Tarlan fait face aux injustices criantes sans s'opposer frontalement mais en exprimant une résistance forte face à des crimes qu'elle ne peut cautionner par son silence. Ainsi, Tarlan poursuit sa lutte bien qu'isolée à la fois par les institutions qui préfèrent protéger un homme puissant bien qu'il ait commis un meurtre, et encore par son entourage proche comme son fils qu'elle a réussi à faire sortir mais qui lui reproche son implication politique contre les injustices qui ne lui a pas été profitable pour gravir l'échelle des privilèges sociaux.
La réalité sociale actuelle iranienne ne pourra jamais permette à Tarlan d'être représentée dans ce film à la manière d'une Erin Brockovich dans le film éponyme réalisé par Steven Soderbergh et Nader Saeivar a préféré mettre en scène avec sobriété la méticuleuse retranscription de la perversité misogyne d'un régime protégeant des hommes au pouvoir malgré leurs crimes.
Si l'histoire est une fiction, elle est inspirée de plusieurs faits divers réels comme le fait que le maire de Téhéran ait pu assassiner sa jeune nouvelle épouse sans être arrêté et jugé.
Tourné dans la clandestinité, La Femme qui en savait trop (Shahed, 2024) fait preuve d'une très grande efficacité dans la mise en scène où le rythme n'empêche nullement une succession d'événements qui participent à enrichir le regard critique perspicace posé sur le pouvoir iranien qui ne cesse de réprimer avec violence sa population en désaccord avec sa politique. Le film s'ouvre et se ferme par la danse, où des femmes bravent les interdictions par leur corps libéré des injonctions liberticides contre les femmes, de la fiction au réel, dans un dialogue constant sous forme d'un hommage rendu à toutes les Iraniennes risquant leur vie pour une société plus juste.

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La Femme qui en savait trop
Shahed
de Nader Saeivar
Fiction
100 minutes. Iran, Allemagne, 2024.
Couleur
Langue originale : persan
Avec : Maryam Boubani (Tarlan), Nader Naderpour (Solat), Abbas Imani (le fils de Tarlan), Ghazal Shojaei (Ghazal), Farid Eshaghi (l'officier de la sécurité), Hana Kamkar
Scénario : Jafar Panahi, Nader Saeivar
Images : Rouzbeh Raiga
Montage : Jafar Panahi
Musique : Karwan Marouf
Montage sonore : Behniya Yousefi
Production : Said Nur Akkus Silvana Santamaria (Arthood Films) Arash T. Riahi Sabine Gruber (Golden Girls Film)
Coproduction : Timur Savci Emre Oskay (Sky Films) Seyda Akkus
Distributeur (France) : Jour2Fête