44e édition de Cinemed, festival cinéma méditerranéen de Montpellier 2022 : Ashkal de Youssef Chebbi
Youssef Chebbi s'empare ici des codes du film noir autour de cette enquête policière de deux personnages antagoniques, aux énergies distinctes : d'un côté le policier massif désenchanté qui tente maladroitement de trouver sa place dans une police ultra corrompue tout en pensant à sa famille chez lui et de l'autre côté une jeune inspectrice issu par son père d'un milieu aisé qui défend les droits de l'homme et qui souhaite faire changer la société en se plongeant au plus près de la réalité. La jeune femme qui poursuit ses enquêtes comme des obsessions est une profonde solitaire qui souffre beaucoup à s'intégrer dans des milieux sociaux qui la rejettent.

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Le réalisateur et coscénariste a voulu résolument aller à l'encontre des images que l'on pouvait traditionnellement se faire de la Tunisie en tournant essentiellement de nuit, dans un quartier abandonné dont les lignes géométriques qui dominent et qui font de ce lieu un cadre surréaliste pour le récit, comme une échappée hors du temps. La corruption et les violences policières ne semblent pas avoir changé d'un iota comme les hommes au pouvoir avant la Révolution qui justifient leur place inique dans la société en brandissant la menace terroriste. Or, la multiplication des immolations individuelles devient un phénomène viral démultiplié avec l'usage des réseaux sociaux, comme un symptôme d'une crise sociale dont les détenteurs du pouvoir restent sourds et aveugles. Face à ce constat social, le film ose une échappée progressive vers le fantastique où de nombreuses interprétations deviennent possibles pour saisir l'impensable, de l'attente messianique religieuse à la métaphore d'une société qui s'embrase autant qu'elle se consume.

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Ashkal
de Youssef Chebbi
Fiction
91 minutes. Tunisie, France, 2022.
Couleur
Langue originale : arabe
Avec : Fatma Oussaifi (Fatma), Mohamed Grayaâ (Batal), Rami Harrabi (l'homme à la capuche), Hichem Riahi (Lassaad), Nabil Trabelsi (Bouhlel), Bahri Rahali (Jilani), Oumayma Meherzi (Lilia), Ghalia Jebali (Aya), Aymen Ben Hmida (Amir), Adel Monam Khemis (Sami), Barrie Marleen (Fanta), Daniel Guikpa (une Subsaharienne), Céline Yaho Amenan (une Subsaharienne), Fatma Felhi (un agent de l'IGPN), Imen Badarjah (le médecin légiste), Youssef Oueslati (le médecin), Amel Karray (Mme Ben Younes), Lotfi Turki (M. Ben Younes), Khouloud Bdida (Hafsia), Mondher Aouidet (un ouvrier suspect), Chawky Essaadly (un jeune ouvrier), Mounir Saadellaoui (un gardien), Chiraz Mdallel (Hajer), Shayma Labidi (un journaliste), Sonia Mahbouli (la présidente de la séance), Youssef Ben Majed (le père de Fatma), Sajir Ben Hssin (un agent Nadya Zarrougui), Nadya Zarrougui (la dessinatrice de la police), Atef Jelassi (un policier), Ahmed Rahmouni (le dealer), Med Chamekhi (un ouvrier suspecté), Neji Dalel (un gardien), Tesnim Ghozia (la conductrice), Dhekra Jouini (la femme dans la salle)
Scénario : Youssef Chebbi, François-Michel Allegrini
Images : Hazem Berrabah
Montage : Valentin Feron
Montage sonore : Alexander Dudarev
Musique : Thomas Kuratli
Son : Aymen Labidi, Waldir Xavier, Mathieu Nappez
Décors : Malek Gnaoui
Production : Supernova Films
Coproduction : Blast Film (Tunisie) et Pœtik Film (France)
Producteur : Farès Ladjimi
Coproducteurs : Christophe Lafont, Ales Pavlin, Andrej Stritof
Distributeur (France) : Jour2Fête
Sortie salles (France) : 23 janvier 2023
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