Billet de blog 26 septembre 2022

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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FEFFS 2022 : "Zalava" d'Arsalan Amiri

Zalava est un petit village iranien où la population est particulièrement sensible aux possessions de ses membres par les djinns. En 1978, un policier en garnison tente de maintenir l'ordre en s'écartant de ce qu'il considère comme des superstitions. Il entre alors en rivalité avec Amardan, un exorciste auquel les villageois plongés dans une folie épidémique sont soumis.

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Long métrage en compétition crossovers de la 15e édition du Festival européen du film fantastique de Strasbourg 2022 : Zalava d'Arsalan Amiri

Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, le fidèle coscénariste des films d'Ida Panahandeh (Nahid) qui cosigne ici le scénario, Arsalan Amiri signe un film à la frontière avec le fantastique au profit d'une fable historique et politique dont le récit est situé peu de temps à peine avant le tournant fondamental de l'Iran en 1978. Le contexte historique n'est pas anodin et semble inviter, sous les airs faussement innocents d'un film de genre vis-à-vis du pouvoir actuellement en place, à une réflexion rétrospective de l'Iran historique plongé dans une folie collective où la raison comme maintien de l'ordre social n'a plus droit de cité.

Illustration 1
"Zalava" d'Arsalan Amiri © DR

Le scénario est de ce point de vue aussi judicieux qu'astucieux au cœur d'une intrigue qui joue avec la peur avec une démarche minimaliste réduite dans certaines scènes à un bocal en verre transparent dont le contenu pose question. Les personnages individualisés par rapport à la foule de villageois prêts à déchaîner leur peur destructrice sous forme de lynchage, représentent avant tout des garants de la construction de la société, qu'il s'agisse du policier comme de la femme médecin qui tentent comme il et elle peuvent par l'usage de la raison, à développer la cohésion sociale.

Toujours à la lisière avec le fantastique, la mise en scène de la peur repose sur la remise en cause du fondement du rationalisme face à des pratiques et des traditions ancestrales qui font l'unanimité.

Zalava s'enracine dans les problématiques de l'organisation étatique bicéphale de l'Iran entre religieux et laïcité autour du pouvoir de la fable fantastique qui épouse la tradition tragique d'une pièce théâtrale dont la scène principale se joue à la hauteur d'un village symptomatique.

Zalava
d'Arsalan Amiri
Fiction
93 minutes. Iran, 2021.
Couleur
Langues originales : kurde, farsi

Avec : Navid Pourfaraj (Masoud Ahmadi), Pouria Rahimi Sam (Amardan), Hoda Zeinolabedin (Malihe), Baset Rezaei (Younes), Mahsa Hejazi (la fille de Khalaj), Payam Bavili (Ali), Sajjad Dolati (Navid), Fereydoun Hamedi (Amusa)
Scénario : Arsalan Amiri, Tahmineh Bahramalian, Ida Panahandeh
Images : Mohammad Rasouli
Montage : Emad Khodabakhsh
Musique : Ramin Kousha
Décors : Mohammad Reza Shojaie
Production : Touba Films
Producteurs : Rouhollah Baradari, Samira Baradari
Coproductrice : Ruth Yoshie Linton
Vendeur international : LevelK

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