Billet de blog 1 novembre 2022

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

"Atlal" de Djamel Kerkar

Entre 1991 et 2002, l'Algérie a connu la décennie noire avec plus de 200000 morts suite au conflit armé entre les terroristes islamistes et l'armée. Djamel Kerkar s'est rendu avec sa caméra à Oulled Allal, village encore marqué par les violentes destructions.

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au sujet de l'édition DVD : Atlal de Djamel Kerkar

Le terme « atlal » désigne la tradition littéraire préislamique du poème écrit face aux ruines et toute la mémoire que l'écriture fait dès lors ressurgir. Djamel Kerkar enracine cette démarche littéraire avec sa caméra où un massacre a eu lieu durant la décennie noire en Algérie à Oulled Allal, espace stratégique pour les forces armées en présence situé à 16 km d'Alger et à 20 km du maquis. La violence des massacres et des destructions est encore présente au sol comme dans les mémoires. Face à la caméra, trois générations d'hommes témoignent, que ceux-ci aient vécu cette période ou bien qu'ils y soient nés et en conservent une expérience de vie originaire. Le film se construit peu à peu en assumant son errance et en ne forçant jamais le témoignage. Certains témoins parlent tout en s'occupant des arbres, sources de vie et d'activité économique et vivrière, autant que moyen de réenraciner le présent et l'avenir dans un passé plus profond.

Illustration 1
Atlal de Djamel Kerkar © Capricci

Les témoignages se font toujours en extérieur comme si l'intérieur n'était plus favorable à faire émerger la parole. De même, la nuit au coin d'un feu devient une opportunité pour se confier en groupe avec une distance critique sans avoir à souffrir de la confrontation avec ce qui reste une mémoire traumatique. La problématique reste alors de continuer à vivre dans un lieu marqué par le massacre de ses habitants et habitantes tout en se prolongeant dans une autre histoire pour l'avenir concernant tous âges confondus.

Avec patience et pudeur, Djamel Kerkar réunit la mémoire des hommes du village comme une force résiliente de reconstruction du présent.

Illustration 2

Atlal
de Djamel Kerkar

France, Algérie, 2016.
Durée : 111 min
Sortie en salles (France) : 7 mars 2018
Sortie France du DVD : 6 novembre 2018
Couleur
Langues : arabe, français - Sous-titres : français.
Éditeur : Capricci

Bonus :
Archipel un court métrage inédit de Djamel Kerkar (2012, 13’)
Présentation du film par le réalisateur (20’)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.