Billet de blog 3 décembre 2024

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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Danse macabre (Danza macabra) d'Antonio Margheriti

Dans un bar londonien, le journaliste Alan Foster écoute avec attention le récit d'Edgar Allan Poe. Quand celui-ci révèle qu'il s'est inspiré de la réalité, Alan refuse de le croire. Aussi, Lord Blackwood, une connaissance du poète, propose au journaliste sceptique de relever le défi de rester une nuit dans sa demeure déserte dont nul n'est sorti vivant.

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Illustration 1
Danse macabre Danza macabra d'Antonio Margheriti © Artus Films

Sortie de l'édition 4K Ultra HD + Blu-ray + Blu-ray bonus + livret : Danse macabre d'Antonio Margheriti

Artus Films soigne particulièrement cette édition dans un magnifique coffret collector comprenant les version 4K Ultra HD, le Blu-ray du film, des images cartonnées ainsi qu'un livret de près de 100 pages apportant le maximum d'informations par des passionnés du genre, à savoir Jean-Pierre Bouyxou et Vincent Roussel, sans oublier près de trois heures de bonus documentaires avec les analyses perspicaces de Nicolas Stanzick et les témoignages d'Olivier Père, Jean-François Rauger et Paola Palma.

L'enjeu de cette édition consiste à remettre à sa juste place Danse macabre (Danza macabra, 1964) réalisé par Antonio Margheriti comme un chef d'œuvre du cinéma gothique italien aux côtés du Masque du démon (La Maschera del demonio, 1960) de Mario Bava qui ont en commun l'actrice iconique du genre : Barbara Steele. Reconnaissant l'héritage du gothique de la Hammer auquel le film rend hommage en situant l'intrigue à la fois au Royaume-Uni et en laissant faussement croire que le récit serait inspiré d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe, Danse macabre délivre sa conception toute personnelle du romantisme gothique avec une inspiration foisonnante mêlant maison hantée, fantômes, morts vivants, vampires, érotisme, amour saphique avec une légère pincée d'horreur.

Bien qu'elle soit dans le temps de présence à l'écran un personnage secondaire, Barbara Steele est le rôle emblématique qui irradie tout le film avec une intrigue où le devenir des protagonistes est lié aux désirs que chacun et chacune lui vouent. En ce sens, le film possède l'audacieuse sous lecture métacinématographique du pouvoir du Septième Art proprement romantique à convoquer les fantômes et à trouver dans l'actrice la célébration de sa convocation. C'est par sa présence même, déjà consacrée chez Mario Bava et son Masque du démon, que le personnage que joue l'actrice conduit conduit le journaliste qui se veut cartésien dans une passion nécrophilique à son égard. De son côté l'évocation au présent des drames passés inédite dans un film de genre devient une métaphore même de la fonction du cinéma. La longue introduction muette du journaliste dans la demeure hantée est d'ailleurs un merveilleux moment contemplatif pour appréhender un monde avant de laisser surgir l'autre-monde d'un au-delà pris entre la réalité terrestre de corps qui tentent de résister au temps par des stratégies monstrueuses et une logique surnaturelle des passions atemporelles. Un film qui n'a pas fini de hanter la mémoire cinéphilique pour les audaces narratives d'Antonio Margheriti.

Illustration 2

Danse macabre
Danza macabra
d'Antonio Margheriti
Avec : Barbara Steele (Elisabeth Blackwood, la sœur de Lord Blackwood), Georges Rivière (Alan Foster, le journaliste du Times), Margarete Robsahm (Julia Alert), Henry Kruger (le docteur Carmus, un célèbre chercheur en médecine), Montgomery Glenn (Edgar Allan Poe, le célèbre écrivain en déplacement à Londres), Sylvia Sorrent (Elsi Perkings), Ben Steffen (William), Raoul H. Newman (Lord Thomas Blackwood), Phil Karson (Herbert, le palefrenier assassin), Salvo Randone (Lester, le cocher)
Italie, France – 1964.
Durée : 91 min
Sortie en salles (France) : 14 avril 1965
Sortie France de l'édition 4K Ultra HD + Blu-ray + Blu-ray bonus + Livret : 3 décembre 2024
Format : 1,85 – Noir & Blanc
Langues : italien, français - Sous-titres : français.
Éditeur : Artus Films

Bonus :
Livret 96 pages de Jean-Pierre Bouyxou
« L’Éclat d’un rêve d’opium » par Nicolas Stanzick (2024, 72’24”)
« L’Aventure Danse macabre » avec Olivier Père, Jean-François Rauger et Paola Palma (2024, 93’23”)
« Retour au château » sur les lieux du tournage à Bolsena, Italie (2023, 23’49”, VOST)
« Le Réalisateur qui n’aimait pas le sang » : entretien avec Edoardo Margheriti (2024, 13’40”, VOST)
« Danse macabre, la véritable histoire » par Adrian Smith (« Danza macabra: The True Story », 2023, 8’52”, VOST)
Prise alternative (2’22”, VF)
Diaporama d’affiches et photos (2’42”)
Bande-annonce originale (3’29”, VF)

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