Billet de blog 5 juin 2024

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"R.A.S." d'Yves Boisset

En 1956, des réservistes sont enrôlés de force pour mener la guerre en Algérie dans un bataillon disciplinaire. Ils sont les témoins de toutes les horreurs pratiquées par l'armée française et bientôt en sont également les principaux acteurs.

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Illustration 1
R.A.S. d'Yves Boisset © Tamasa

Sortie Blu-ray : R.A.S. d'Yves Boisset

Une décennies après la déclaration de l'Indépendance de l'Algérie, l'évocation de l'implication de l'armée française dans une guerre résolument coloniale est encore sensible, ce qui confronte notamment le film à la censure mais encore à des actes de violence lors de sa diffusion. Yves Boisset, dans le souci réaliste de représenter au plus près le quotidien de cette guerre, a fait appel à de jeunes acteurs dont certains font leur première apparition devant une caméra alors que leur visage est à présent éminemment associé à l'histoire du cinéma français. L'esprit de groupe fonctionne d'autant mieux que les acteurs nourrissent un profond respect réciproque entre eux, ce qui permet d'autant mieux d'interroger la conscience du collectif capable de s'opposer à des ordres qui vont à l'encontre du respect de l'humanité.

Loin de la vision du héros antiguerre, Yves Boisset préfère montrer des personnages troubles où les circonstances vont à chaque fois les pousser davantage à accepter de nouveaux crimes sans même que cela ne les révolte, du viol d'une femme à la pratique de la torture et à l'assassinat. Impossible de conserver son innocence sur le terrain d'un conflit armé : tel est le message rappelé par ce film nécessaire pour mettre en perspective une réalité historique encore trouble dans la conscience collective.

Yves Boisset signe un cinéma un coup de poing qui montre frontalement les situations les plus iniques de l'histoire de France où ses héros finissent sacrifiés dans une organisation sociale, nationale et géopolitique, qui n'a rien de bienveillant à l'égard de l'humanité dans sa grande diversité. En ce sens, le ciné d'action d'Yves Boisset s'insère pleinement dans une industrie officielle par son système de financement, ses coûts de production, ses têtes d'affiche mais avec une critique politique virulente nécessaire ;

Illustration 2

R.A.S.
d'Yves Boisset

Avec : Jacques Weber (Alain Charpentier), Jacques Spiesser (Rémy March), Jean-François Balmer (Raymond Dax), Claude Brosset (l'adjudant-chef Santoni), Michel Peyrelon (le lieutenant Keller), Philippe Leroy-Beaulieu (le commandant Lecoq), Roland Blanche (le sergent Lebel), Jean-Pierre Castaldi (le sergent Carbone), Jacques Villeret (le soldat Girot), Jacques Chailleux (le soldat Moutier), Hamid Djellouli (le sergent Hamrane), Albert Dray (le soldat Titus), Jean-Paul Franky (le sergent Rudy), Rabah Loucif (le supplétif Choukir), Mazouz Ould-Abderrahmane (le fellaga Mansour), Jacques David (le commandant qui fait signer un papier à March avant le passage à tabac de celui-ci)

France – 1973.
Durée : 117 min
Sortie en salles (France) : 11 août 1973
Sortie France du DVD : 4 juin 2024
Couleur
Langue : français.
Éditeur : Tamasa Distribution

Bonus :
« Yves Boisset, l’envie d’en découdre : R.A.S. » (43’)
« R.A.S. » raconté par Jacques Weber (31’)

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