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Film de la section « Ici et ailleurs » de la 53e édition du FEMA Festival La Rochelle Cinéma du 27 juin au 5 juillet 2025 : Oui de Nadav Lapid
Comment réagir face à la folie guerrière génocidaire qui s'est abattue en Israël sur la Palestine depuis bientôt deux ans ? Nadav Lapid, le cinéaste israélien plébiscité par les grands festivals internationaux de cinéma, prend de plein fouet cette folie assassine du monde comme un artiste éponge émotionnelle pour en restituer le témoignage dans son nouveau film à l'instar des œuvres picturales de la Nouvelle Objectivité allemande. Il cite à cet égard explicitement George Grosz et l'une de ses peintures qui dénonçait l'horreur du fascisme ambiant au pouvoir avec toute sa vulgarité inhérente. La caméra participe dès lors à saisir toute cette horreur en ne manquant pas à plusieurs moments de perdre littéralement pied.
L'histoire est celle de la descente interminable d'un artiste qui a décidé de se soumettre sans la moindre objection à toutes les horreurs possibles d'un pouvoir qui a décidé d'imposer son propre ordre du monde au détriment de celles et ceux qui le subissent. La mise en scène ne cesse de quitter le réalisme pour entrer dans une appréhension artistique baroque, empruntant à l'univers fellinien de tous les excès et de toutes les ivresses. Celle longue plongée horrifique est aussi terrible que la guerre traverse tout le film par son omniprésence et laisse un horizon désespéré où la micro cellule familiale a du mal à survivre.
L'artiste devenu bouffon des tout puissants est le protagoniste que le cinéaste a courageusement choisi de mettre au centre de son intrigue pour poser rétrospectivement la réflexion sur la responsabilité de celles et ceux qui ne disent pas « non » face à l'iniquité ambiante. Plutôt qu'un pamphlet politique, Nadav Lapid choisit de faire exploser de l'intérieur une situation politique nauséeuse par l'exercice d'un pouvoir névrotique totalitaire. Amer mais profondément humaniste, Nadav Lapid lance un cri de rage sur son temps avec toute la force de la démesure cinématographique rappelant qu'un hymne musical peut servir d'arme de guerre massive.
Oui
Ken
de Nadav Lapid
Fiction
149 minutes. France, Israël, Chypre, Allemagne, 2025.
Couleur
Langue originale : hébreu
Avec : Ariel Bronz (Y), Efrat Dor (Jasmine), Naama Preis (Leah), Alexey Serebryakov (le grand milliardaire), Sharon Alexander (la secrétaire du milliardaire), Pablo Pillaud Vivien (Avinoam), Idit Teperson (la banquière ), Shira Shaish (l'hôtesse du yacht)
Scénario : Nadav Lapid
Images : Shai Goldman
Montage : Nili Feller
Supervision musicale : Martin Hossbach
Son : Moti Hefetz, Aviv Aldema, Adrian Baumeister
Décors : Pascale Consigny
Costumes : Sandra Berrebi
Maquillage et coiffure : Branislav Nikic
Casting : Orit Azoulay, Prague Benbenisty
Étalonnage : Isabelle Julien
Supervision VFX : Cédric Fayolle
Coordination de post-production : Maxime Even
Direction de production : Thomas Paturel, Israël Zehava Shekel, Marios Piperides (Chypre)
1er assistant réalisation : Dima Konoplov
Scripte : Rona Cohen
Producteur.ices délégué.es : Les Films du Bal (Judith Lou Lévy), Chi-Fou-Mi Productions (Hugo Sélignac &Antoine Lafon)
Coproduction : Bustan Films (Thomas Alfandari - Israël), AMP Filmworks (Janine Teerling, MariosPiperides - Chypre), Komplizen Film (Janine Jackowski, Jonas Dornbach, Maren Ade - Allemagne), Arte France Cinéma, ZDF/Arte, Trésor Films (Alain Attal - France)
Distributeur (France) : Les Films du Losange
Sortie salles (France) : 17 septembre 2025