Billet de blog 7 novembre 2024

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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2nde édition du Festival Cinéma Héritage 2024 : "Faruk" d'Asli Özge

La réalisatrice Asli Özge vivant à Berlin est venue filmer son père Faruk à Istanbul au moment où la politique de la ville consiste à construire de nouveaux bâtiments et à reloger les anciens habitants, que ceux-ci, dans leur grand âge, le veuillent ou non.

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Illustration 1
Faruk d'Asli Özge © DR

2nde édition du Festival Cinéma Héritage qui se déroule à Paris au cinéma le Grand Rex du 4 au 8 novembre 2024 : Faruk d'Asli Özge

Faruk a été présenté pour la première fois au festival de Berlin en 2024 où il a reçu le prix du meilleur film de la part de la presse internationale (FIPRESCI) et fait à présent partie de la sélection de la 2nde édition du Festival Cinéma Héritage qui se déroule à Paris au cinéma le Grand Rex du 4 au 8 novembre 2024, où le film a été présenté aujourd'hui jeudi 7 novembre 2024 à 17h00.

Alors que le cinéma documentaire a beaucoup de mal à trouver sa place dans la distribution commerciale en France tout comme dans les festivals où rares sont les compétitions à ne pas le discriminer comme un genre à part et se retrouve souvent ainsi marginalisé face à la fiction dominante, Asli Özge défend ardemment avec son film Faruk un cinéma hybride, libre, ouvert aux expérimentations pour traiter au mieux un sujet de société avec les outils qu'offre le cinéma. Ainsi, jouant constamment avec la fiction et le documentaire, la cinéaste interroge sans cesse le sens critique du regard pour que le public du film puisse être amené à réfléchir la mise en scène comme une forme d'idéologie posée sur le monde. Filmer Faruk en conversation et ensuite montrer le hors champ de l'équipe technique sur le tournage, permet d'interroger le sens de ce qui est en train d'être raconté et qui n'est donc jamais fortuit. C'est là une démarche tout en transparence choisie par la cinéaste sans pour autant être dans une systématisation didactique.

Son récit lui permet notamment de décrire une communauté au sein d'un immeuble qui va être détruit, un monde passé fondé sur la solidarité. Et c'est bien au nom du progrès que Faruk va être « trahi » en étant d'une certaine manière chassé de chez lui, puisqu'il ne souhaitait pas quitté l'espace de vie comprenant une des sommes de son histoire. La séquence où l'érotisme juvénile d'une émission de télévision finit par entrer dans son espace est bien représentatif d'un modèle de société fondé sur une construction virtuelle des relations humaines. En se concentrant sur le quotidien et donc le regard de Faruk, le personnage éponyme du film mais aussi son père, Asli Özge partage une réflexion plus large sur la manière dont est traitée toute une ancienne génération modeste dans les politiques de la ville à l'heure actuelle en Turquie. Le dernier plan sur lequel se clôt le film restera ainsi inoubliable pour tout le sens qu'il partage avec un plan muet de Faruk face à la ville moderne au loin.

Faruk
d'Asli Özge
Fiction/documentaire
96 minutes. Turquie, Allemagne, France, 2024.
Couleur
Langue originale : turc

Avec : Faruk Özge, Derya Erkenci, Gönül Gezer
Scénario : Asli Özge
Images : Emre Erkmen
Montage : Andreas Samland, Asli Özge
Musique : Karim Sebastian Elias
Assistant réalisateur : Damla Kirkali
Gaffer : Hatip Karabudak
1er assistant à la caméra : Fatih Yirmibesoglu
Son : Jannis Hannover, Dan Johnson, Henry Uhl
Décors : Asli Özge
Costumes : Asli Özge
Production : Asli Özge
Coproduction : Seyhan Kaya, Jean-Christophe Simon, Michael Reuter
Sociétés de production : Parallel45, FC Istanbul, EEE Films
Vente internationale : Heretic

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