Focus sur le cinéma espagnol au sein de la 23e édition d'Arras Film Festival 2022 : Josefina de Javier Marco
Autour de l'histoire d'amour impossible, ou presque, entre deux solitudes souffrant d'incommunicabilité autant que du poids sur leurs épaules d'une histoire familiale, Javier Marco s'inscrit avec finesse dans une lignée de cinéastes poètes portraitistes de leurs contemporains d'Aki Kaurismäki à Pablo Stoll et Juan Pablo Rebella (Whisky, 2005). Le scénario original s'impose aussi bien par l'inventivité de la représentation du quotidien dans une subtile concision narrative que par des portraits d'humanité profonde portée avec une puissance émotionnelle par l'art de la composition des interprètes principaux, de la magnétique Emma Suárez (Berta) à la force émotionnelle retenue de Roberto Álamo (Juan), sans oublier le trublion philosophe Manolo Solo dans le rôle du collègue aux sachets de sucre qui proposent à chaque fois un nouveau regard philosophique profond sur le réel.
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Cette touchante histoire d'amour brillamment mise en scène est également le prétexte à saisir le portrait d'une époque souffrant d'incommunicabilité et des choix de vie qui emprisonnent des gestes aussi bien que la spontanéité émotionnelle capable de rendre le monde plus juste.
Josefina devient dès lors un personnage imaginaire, tel un avatar sur un réseau virtuel, que chacun se choisit afin de se donner une légitimité d'entrer dans une histoire dans une nouvelle tentative de réintégration sociale. Issue du réalisme magique littéraire avoué par Javier Marco lui-même lors de la présentation du film au festival d'Arras, la place du surréalisme est ici d'autant plus forte que l'esthétique du film se concentre dans une économie de la sobriété de la mise en scène qui flirte avec une réalité sociale documentaire. Il en découle alors des situations aussi romantiques que cocasses avec une constante dans la bienveillance portée aux personnages dans leurs faux pas comme dans leurs modestes victoires.
Un film qui ne connaîtra hélas en France pas de cheminement vers les salles de cinéma, sorti depuis septembre 2022 sur une plate-forme, mais qui offre un horizon enthousiasmant du regard poético-cinématographique sur la société contemporaine.
Josefina
de Javier Marco
Fiction
90 minutes. Espagne, Allemagne, 2021.
Couleur
Langue originale : espagnol
Avec : Emma Suárez (Berta), Roberto Álamo (Juan), Miguel Bernardeau (Sergio), Manolo Solo (Rafael), Pedro Casablanc (Emilio), Olivia Delcán (Josefina), Simón Andreu (Pascual), Belén Ponce de León (Verónica), Alfonso Desentre (Antonio), Iñigo Salinero (le fonctionnaire qui refuse la tortilla), Enrique Escobedo (le mécanicien), Jorge Aznar (le fonctionnaire aux courriers), María Algora (la serveuse), Manuel Toro (le fonctionnaire à la carte), Fabiola Agudo Montero (la femme dans le bus), Bandolero (le percussionniste), Enrique Rodríguez (le trompettiste), Iván Ruiz Machado (le contre-bassiste), Paco Soto (le guitarriste), Álvaro Fortea (le conducteur), Roberto (Rufo), Mabel Rivera (Eladia)
Scénario : Belén Sánchez-Arévalo
Images : Santiago Racaj
Montage : Miguel Doblado
Musique : Nerea Alberdi, Vanessa Garde
Son : Carlos Bonmatí, Paloma Huelin Izquierdo
1er assistant réalisateur : Javi Pérez
Superviseur des effets spéciaux : Isabel Vicente
Décors : Óscar Sempere
Costumes : Silvia García Bravo
Casting : María Acero
Scripte : Javi Marlasca
Production : White Leaf Producciones, Achtung Panda! Media
Producteur : Sergy Moreno
Producteurs exécutifs : Rosa García Merino, Sergy Moreno, Jamila Wenske
En vod en France sur Filmo TV : 22 septembre 2022