Film de la section « Cinémas du monde » de la 23e édition d'Arras Film Festival 2022 : Houria de Mounia Meddour
Après Papicha (2019) et le succès enthousiasmant récolté du côté de la critique comme du public, Mounia Meddour poursuit sa collaboration avec l'actrice Lyna Koudhri pour incarner la force d'émancipation d'une jeunesse féminine pour dépasser les violences endémiques d'un système patriarcal algérien tout autant qu'une histoire politique récente toujours laissée dans l'ombre de puissants tabous. Comme pour Les Bienheureux dans lequel s'imposait avec force le talent d'actrice de Lyna Khoudri, aux côtés également de l'inoubliable Nadia Kaci, c'est l'héritage des blessures non cicatrisées des violences du terrorisme meurtrier de la Décennie noire qui est évoquée en toile de fond du drame que traversent les protagonistes.

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Ainsi, l'histoire d'Houria et de son agression qui la conduit à perdre sa voix devient le symbole des femmes dont l'expression dans l'espace public a été étouffée. Ce cheminement vers une émancipation passe par la construction sociale d'une force sororale puissante et l'expression du corps par la danse. L'écriture du scénario est ainsi conçu sur la base de précieuses intentions pour encourager l'émancipation de tout un mouvement de femmes contemporaines pour que la société algérienne puisse enfin retrouver sa propre voix.
En attendant, après le mouvement masculin des harragas dont le film du même nom de Merzak Allouache avait témoigné, les jeunes femmes algériennes tentent à leur tour la traversée clandestine de la Méditerranée au risque de perdre leur vie. En effet, le quotidien que décrit Mounia Meddour dans Houria est encore gangrené par un service public inopérant, notamment avec une police dont la préservation de la paix sociale et le respect de l'intégrité des Algériens et des Algériennes est la dernière de ses préoccupations. Les institutions ne sont plus dès lors en mesure de maintenir et préserver un État de droits et l'avenir de la société est à cet égard plus qu'incertain, avec notamment un « repentis », c'est-à-dire un homme responsable de crimes durant la Décennie noire qui bénéficie d'une immunité entière, qui a suffisamment de pouvoir pour fermer une salle de danse utilisée par des femmes. L'espoir avec l'implication d'une avocate est malgré tout permis tout comme la force du groupe de danse de femmes sans voix dont les chorégraphies sur les terrasses d'habitation ouvrent de nouveaux horizons.

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Houria
de Mounia Meddour
Fiction
104 minutes. Algérie, 2022.
Couleur
Langue originale : arabe, français
Avec : Lyna Khoudri (Houria), Rachida Brakni (Sabrina), Nadia Kaci (Halima), Hilda Amira Douaouda (Sonia), Meriem Medjkane (Amel), Zahra Manel Doumandji (Sana), Sarah Guendouz (Nacera)
Scénario : Mounia Meddour
Images : Léo Lefèvre
Montage : Damien Keyeux
Musique : Yasmine Meddour et Maxence Dussere
Son : Olivier Ronval
Mixage : Damien Lazzerini
Décors : Chloé Cambournac
Costumes : Emmanuelle Youchnovski
1re assistante mise en scène : Christel Bordon
Maquillage : Émilie Bourdet
Casting : Mohamed Belhamar
Scripte : Floriane Abèle
Productions déléguées : High Sea Production, The Ink Connection
Produit par Xavier Gens Grégoire Gensollen Patrick André et Mounia Meddour
Directeur de production : Philippe Saal
Distributeur (France) : Le Pacte
Ventes internationales : Wild Bunch International
Sortie salles (France) : 15 mars 2023