Billet de blog 10 avril 2023

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

"Les Tortionnaires du camp d'amour" d'Edoardo Mulargia

Des femmes incarcérées et violentées dans un camp de travail cherchent à s'évader tandis qu'un groupe d'hommes révolutionnaires sont amenés à s'allier à elles dans la forêt tropicale.

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sortie du combo Blu-ray/DVD : Les Tortionnaires du camp d'amour d'Edoardo Mulargia

Tourné avec la même équipe dans les mêmes décors et dans le même registre de film « Prison de femmes », Les Tortionnaires du camp d'amour (Orinoco: Prigioniere del sesso, 1980) ressemble beaucoup aux Évadées du camp d'amour (Femmine infernali, 1980) également réalisé par Edoardo Mulargia mais n'est pas pour autant une suite. Ainsi, les acteurs et les actrices reprennent des rôles différents, Anthony Steffen passant du médecin alcoolique au révolutionnaire convaincu, tandis qu'Ajita Wilson continue à être prisonnière mais avec un aplomb supplémentaire sur l'ensemble des détenues avec ses pouvoirs à lire l'avenir. Le personnage le plus intéressant est joué par cette actrice qui aurait mérité par son charisme lumineux à avoir davantage de scènes.

Ce second film est du point de vue du scénario bien plus riche que le précédent, notamment avec plusieurs intrigues qui se mêlent, les prisonnières qui s'organisent et les révolutionnaires qui luttent pour renverser un pouvoir inique. Ainsi, le film se veut politique dans la tradition initiée une décennie plus tôt dans le cinéma italien avec ce que l'on appelle le « western zapata ». Cet accent est mis en valeur dès les premières images où des femmes réduites à l'esclavage sont accompagnées d'un chant révolutionnaire en voix off durant le générique, alors que l'ouverture des Évadées du camp d'amour servait avant tout à servir la mise en scène érotique du corps des femmes travaillant sous la pluie battante et dont la nudité se devinait sous les vêtements collés à la peau. On trouve également plus de solidarité entre les femmes et aussi plus d'épaisseur psychologique. Les scènes érotiques sont encore très nombreuses et sont là pour satisfaire encore une fois le voyeurisme du public alors qu'elles ne servent aucunement l'intrigue générale. La violence à l'égard des femmes est à nouveau mise en scène avec des viols et des coups de fouets particulièrement éprouvant dans une longue séquence.

Les bonus vidéo de cette édition donnent la parole au spécialiste du genre Christophe Bier et au chef opérateur Maurizio Centini pour disposer davantage d'informations sur ledit film et son contexte de réalisation.

Illustration 1

Les Tortionnaires du camp d'amour
Orinoco: Prigioniere del sesso
d'Edoardo Mulargia
Avec : Anthony Steffen (Juan Laredo), Ajita Wilson (Muriel), Cristina Lay (Maria), Stelio Candelli (Orinoco), Luciano Rossi (Jordan), Aldo Minandri (Aldo Minardi), Gota Gobert (Margo), Zaira Zoccheddu (la compagne de cellule de Muriel), Maite Nicote (Maise), Adelaide Cendra (Gilla), Maristella Greco (Lorna), Attilio Dottesio (Moreno), Serafino Profumo, Franco Daddi, Valeria Magrini, Anna Maria Panaro
Espagne, Italie – 1980.
Durée : 90 min
Sortie en salles (France) : 7 octobre 1981
Sortie France du coffret digipack Blu-ray/DVD : 4 avril 2023
Format : 1,85 – Couleur
Langues : français, italien - Sous-titres : français.
Éditeur : Artus Films
Bonus :
« Du sang, de la sueur et des larmes » : présentation par Christophe Bier (2023, 33’44”)
« La Grande Évasion » : entretien avec Maurizio Centini (2023, 18’08”, VOST)
Diaporama d’affiches et photos (0’48”)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.