Billet de blog 12 décembre 2024

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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Pastorale (Pastorali) d'Otar Iosseliani

Quatre musiciens de la ville arrivent dans un village pour répéter durant plusieurs jours. Pendant ce temps, villageois et villageoises vaquent à leurs occupations du quotidien avec quelques conflits mais avec beaucoup de savoir-faire à créer leur espace de vie.

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Illustration 1
Pastorale Pastorali d'Otar Iosseliani © Carlotta Films

Sortie du coffret Blu-ray: Pastorale au sein de l'intégrale des films d'Otar Iosseliani

Grand amateur de musique et de la vie rurale, Otar Iosseliani mettait en valeur avec Vieilles chansons géorgiennes (Dzveli qartuli simgera 1969) la richesse de la culture populaire dans des villages géorgiens en filmant aussi bien un groupe polyphonique d'hommes comme fil conducteur, que les diverses activités artisanales expressives des cultures multiséculaires d'un lieu. Il découle de ce film un formidable document ethnographique avec la volonté anarchiste de ne pas valoriser une activité par rapport à une autre, rappelant que ces différentes formes d'artisanat concourent à la cohérence vitale des villages filmés. Cette autonomie revendiquée n'a pas été sans effrayer les autorités soviétiques puisque celles-ci ont une nouvelle fois condamné le film.

Quittant la capitale géorgienne de Tbilissi qui était au centre de son précédent long métrage de fiction Il était une fois un merle chanteur (Iko shashvi mgalobeli, 1970), Pastorale (Pastorali, 1975) comme son titre l'explicite, est un portrait pluriel de la vie rurale, les deux films constituant ainsi implicitement un diptyque ville/campagne dans une singulière mise en miroir. Ceci est d'autant plus vrai que pour Alexandre Dovjenko, cinéaste et professeur d'Iosseliani, la moitié du film est trouvée à partir du choix pertinent d'un titre. L'arrivée de quatre musiciens est un prétexte pour entrer dans ce village et peu à peu s'y immerger, tandis que lesdits musiciens restent dans le décor d'un film là encore choral. En effet, les différentes scénettes offrent des histoires indépendantes qui mettent en valeur à la fois des savoirs pratiques pour vivre au quotidien mais encore des sources de conflits qui rappellent les enjeux de pouvoirs locaux.

Otar Iosseliani marie une fois encore avec une réelle gourmandise et une saine curiosité ces multiples histoires afin de réaliser un portrait collectif inédit, la mieux à même de rendre compte de la diversité des problématiques locales. Encore dans un état d'esprit sain d'anarchiste, l'autorité est ici tournée en dérision comme ce garde à cheval défendant le kolkhoze face à un vieil homme fauchant. Cependant, la plupart du temps, l'autorité est absente et chacun et chacune vaque à ses occupations sans avoir besoin de recourir au pouvoir politique, ce qui est là encore une brillante manière de poser un regard perspicace sur la société contemporaine géorgienne.

Otar Iosseliani se révèle avec son troisième long métrage un brillant portraitiste humaniste de ses contemporains avec des récits construits sur l'humilité de leur accès et de leur partage.

Illustration 2

Pastorale
Pastorali
d'Otar Iosseliani
Avec : Nana Ioseliani (Eduki), Tamar Gabarashvili (un musicien), Mikhail Naneishvili (un musicien), Nukri Davitashvili (un musicien), Baia Macaberidze (un musicien), Rezo Charkhalashvili (l'homme à la jeep), Nestor Pipia (un voisin), Qsenia Pipia (un voisin), Vaxtang Eremashvili, Lia Jugeli, Lia Jugeli, Pavle Kantaria, Pavle Kantaria, Marina Kartsivadze, Marina Kartsivadze, Leri Zardiashvili, Leri Zardiashvili
URSS – 1975.
Durée : 98 min
Durée totale du coffret : 1805 min (30h05)
Sortie en salles (France) : inédit
Sortie France du coffret Blu-ray : 3 décembre 2024
Format image : 1,37 - Noir & Blanc
Langue originale : géorgien, russe - Sous-titres : géorgien, anglais, français.
Éditeur : Carlotta Films

Coffret contenant :
Blu-ray 1 :
Aquarelle (Akvarel, URSS, fiction, 1958, N&B et couleurs, 10’)
Le Chant de la fleur introuvable (Sapovnela, URSS, fiction, 1958, Couleurs, 16’)
Avril (Aprili, URSS, fiction, 1961, N&B, 47’)
La Fonte (Tudzhi, URSS, documentaire, 1964, N&B, 17’)
La Chute des feuilles (Giorgobistve, URSS, fiction, 1966, N&B, 95’)

Blu-ray 2 :
Vieilles chansons géorgiennes (Dzveli qartuli simgera, URSS, documentaire, 1969, N&B, 21’)
Il était une fois un merle chanteur (Iko shashvi mgalobeli, URSS, fiction, 1970, N&B, 81’)
Pastorale (Pastorali, URSS, fiction, 1975, N&B, 98’)

Blu-ray 3 :
Sept pièces pour cinéma noir et blanc (Lettre d’un cinéaste) (France, fiction, 1982, N&B, 21’)
Euskadi (France, documentaire, 1983, N&B, 54’)
Les Favoris de la Lune (France, fiction, 1984, Couleurs et N&B, , 102’)
Un petit monastère en Toscane (France, documentaire, 1988, Couleurs, 57’)

Blu-ray 4 :
Et la lumière fut (France-Allemagne-Italie, fiction, 1989, Couleurs, 106’)
La Chasse aux papillons (France-Allemagne-Italie, fiction, 1992, Couleurs, 118’)

Blu-ray 5 :
Seule, Géorgie (France, documentaire, Couleurs et N&B, 1994, 236’)

Blu-ray 6 :
Brigands, chapitre VII (France-Suisse-Russie-Italie, fiction, 1996, Couleurs, 122’)
Adieu, plancher des vaches (France-Suisse-Italie, fiction, 1999, Couleurs, , 117’)

Blu-ray 7 :
Lundi matin (France-Italie, fiction, couleurs, 2002, 128’)
Otar Iosseliani tourne Lundi matin (2002, 54 min) un documentaire de Niko Tarielashvili

Blu-ray 8 :
Jardins en automne (France, fiction, couleurs, 2006, 121’)
Otar Iosseliani, le merle siffleur (2006, 92 min) un documentaire de Julie Bertuccelli de la collection « Cinéma de notre temps »

Blu-ray 9 :
Chantrapas (France-Géorgie-Ukraine, fiction, Couleurs et N&B, 2010, 122’)
Chant d’hiver (France-Géorgie-Ukraine, fiction, Couleurs, 2015, 116’)

le livre « Otar Iosseliani, l’art de la fugue » (220 pages) :
panorama critique de ses œuvres
projet de film inachevé
retranscription d’un séminaire tenu par le réalisateur à Bologne en 1997

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