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Sortie du combo Blu-ray/DVD : Bellissima de Luchino Visconti
Pour son troisième long métrage, Luchino Visconti réalise une véritable transition entre le néoréalisme de La Terre tremble (La terra trema, 1948) et l'envolée lyrique proche du baroque de ses films suivants. Pour cela, il fait appel à l'icône du cinéma néoréaliste italien qui a par son interprétation contribué à magnifier Rome ville ouverte (Roma, città aperta, 1945) de Roberto Rossellini. En effet, Anna Magnani est au cœur de ce film dont elle émerveille par sa singulière et magnétique présence chacune des scènes. Luchino Visconti fait d'elle une représentation quasi totémique de la mère romaine de la classe populaire, dans une opposition critique virulente à l'égard de la société du spectacle qui est en train de se mettre en place, annonçant dans une vision prophétique déjà en cours d'élaboration les pires horreurs des années Berlusconi des années 1980.
Tout l'enjeu narratif consiste à désamorcer la tentation pour la protagoniste de devenir une femme aux valeurs bourgeoises reniant et méprisant l'humilité de sa condition sociale. Ainsi, lorsque le personnage interprété par Anna Magnani se pâme devant les films américains projetés en extérieur au bas de son immeuble, elle développe un complexe d'infériorité tout en épousant une fascination pour le rêve américain. La réalité et les larmes de sa fille face à un public de professionnels finissent par la rappeler à la raison dans un parcours mélodramatique jamais soumis à la naïveté.
Entre comédie corrosive critique du monde du spectacle et portrait de toute une classe sociale (plutôt que seulement le portrait d'une femme aussi singulière soit elle), Bellissima fait montre d'un réel avant-gardisme métacinématographique offrant de nouvelles pistes de réflexions et de mise en scène à l'instar du Fellini à partir de Huit et demi (Otto e mezzo, 1963).
Bellissima conserve à travers le temps la force d'une déclaration d'amour à une actrice fulgurante, toujours extrêmement juste même dans ses apparents excès d'une grande maîtrise. Un documentaire en bonus de cette édition vient d'ailleurs mettre en évidence la singularité de son parcours artistique iconographique, de l'Italie aux USA en passant par la France.

Bellissima
de Luchino Visconti
Avec : Anna Magnani (Maddalena Cecconi), Walter Chiari (Alberto Annovazzi), Tina Apicella (Maria Cecconi), Gastone Renzelli (Spartaco Cecconi), Tecla Scarano (Tilde Spernanzoni), Lola Braccini (la femme du photographe), Arturo Bragaglia (le photographe), Nora Ricci (l'employée de la blanchisserie), Linda Sini (Mimmetta), Teresa Battaggi (la mère snob), Gisella Monaldi (le portier), Liliana Mancini (Iris), Alessandro Blasetti (lui-même), Vittorio Glori (lui-même), Mario Chiari (lui-même), Filippo Mercati (lui-même), George Tapparelli (lui-même), Franco Ferrara (le chef d'orchestre de la R.A.I.), Corrado Mantoni (lui-même), Sonia Marinelli (une jeune fille), Guido Martufi (un jeune homme chez le coiffeur), Vittorio Musy Glori (lui-même), Vittorina Benvenuti, Amalia Pellegrini, Luciana Ricci, Giuseppina Arena, Luciano Caruso, Michele Di Giulio, Mario Donatone, Pietro Fumelli, Lilly Marchi, Anna Nighel, Lina Rossoni,
Italie, 1951.
Durée : 110 min
Sortie en salles (France) :12 avril 1961
Sortie France du combo Blu-ray/DVD : 5 juin 2024
Format : 1,33 – Noir & Blanc
Langue : italien - Sous-titres : français.
Éditeur : Les Films du Camélia
Collection : Dolce Italia
Bonus :
Entretien avec Gian Luca Farinelli, directeur de la Cinémathèque de Bologne et directeur du festival Il Cinema Ritrovato (2024, 23’)
La Passion d’Anna Magnani : documentaire d’Enrico Cerasuolo (2019, 52’)
Bellissima : court métrage d’animation de Sarah Saidan (2019, 1’10”)
Bande-annonce