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Sortie du coffret Blu-ray: Et la lumière fut au sein de l'intégrale des films d'Otar Iosseliani
L'amour profond d'Otar Iosseliani pour les sociétés non industrielles traverse tous ses films depuis ses premiers qui étaient consacrés à la rencontre de la réalité villageoise en Géorgie. Ainsi, la retranscription ethnographique laisse ici peu à peu la place à la prise en compte de la réalité dans sa globalité. Cette reconstitution passe par la mise en scène de la magie propre à une culture comme une cosmovision qui permet d'appréhender le monde environnant quotidien. Ainsi, Et la lumière fut (1989) est à la fois un conte et une parabole sur l'esprit des Lumières occidentales qui viennent coloniser le monde afin de s'approprier ses richesses comme ces arbres à l'ombre desquels la vie sociale s'organisait.
Otar Iosselliani ne prétend pas faire corps avec la communauté décrite tout au long du film mais assume son regard extérieur en apparaissant de manière significative dans le rôle du touriste qui regarde avec des jumelles au loin le village s'autodétruire. Cette distance est manifeste avec la volonté de ne pas proposer de sous-titres aux échanges entre les personnages de ce village à part quelques cartons de dialogues plutôt anecdotiques par rapport à l'ensemble non traduits des échanges. Il s'agit ainsi par là de rappeler que la réalité sociale ne peut être subordonnée à une traduction littérale en sous-titres et qu'une observation attentive de toutes les productions humaines artisanales permet largement d'avoir accès à ce qui se joue au cœur de la société décrite.
Le cinéaste géorgien défend avec cette société matriarcale une utopie en l'absence de données précises quant à la date et au lieu géographique, sans pour autant cacher non plus les conflits qui trouvent dans l'organisation sociale leurs propres résolutions. Avec perspicacité et un sens profond pour narrer une réalité locale, Otar Iosseliani dénonce politiquement un système de prédation pernicieux qui aboutit à effacer une cohérence humaine multiséculaire au profit d'une organisation sociale prédatrice dont le pouvoir est concentré en ville où s'échouent les victimes de cette guerre économique néocolonisatrice, abandonnant la synergie de leurs pratiques magiques au profit de religions dominantes et de la loi du marché où l'objet a plus de valeur que la vie humaine.

Et la lumière fut
d'Otar Iosseliani
Avec : Sigalon Sagna (Badinia), Saly Badji (Okonoro), Binta Cissé (Mzezve), Marie-Christine Dieme (Lazra), Fatou Seydi (Kotoko), Alpha Sane (Yere), Abdou Sane (Bouloude), Souleimane Sagna (Soutoura), Marie-Solange Badiane (Djou), Moussa Sagna (Lade), Ouissman Vieux Sagna (Gagou), Salif Kambo Sagna (Noukoume), Fatou Mounko Sagna (la femme de Yere), Oswalda Olivera (Sedou), Bouba Sagna (Chatoutou), Sadio Sagna, Fatoumata Sagna, Philippe Maillet, Fatou Sane, Burama Sane, Gnima Sane, Fatou Ayeme Sagna, Yacine Ami Sagna, Charlotte Badiane, Awa Sagna, Mustapha Badiane, Elie Joseph Dieme, Talibo Sagna, Omar Diatabo Sagna, Malamine Sana, Ibrahim Badiane, Aliou Sagna, Abdu Rahman Sane, Sana Sagna
France-Allemagne-Italie-Sénégal – 1989.
Durée : 106 min
Durée totale du coffret : 1805 min (30h05)
Sortie en salles (France) : 17 janvier 1990
Sortie France du coffret Blu-ray : 3 décembre 2024
Format image : 1,66 - Couleurs
Langue originale : français.
Éditeur : Carlotta Films
Coffret contenant :
Blu-ray 1 :
Aquarelle (Akvarel, URSS, fiction, 1958, N&B et couleurs, 10’)
Le Chant de la fleur introuvable (Sapovnela, URSS, fiction, 1958, Couleurs, 16’)
Avril (Aprili, URSS, fiction, 1961, N&B, 47’)
La Fonte (Tudzhi, URSS, documentaire, 1964, N&B, 17’)
La Chute des feuilles (Giorgobistve, URSS, fiction, 1966, N&B, 95’)
Blu-ray 2 :
Vieilles chansons géorgiennes (Dzveli qartuli simgera, URSS, documentaire, 1969, N&B, 21’)
Il était une fois un merle chanteur (Iko shashvi mgalobeli, URSS, fiction, 1970, N&B, 81’)
Pastorale (Pastorali, URSS, fiction, 1975, N&B, 98’)
Blu-ray 3 :
Sept pièces pour cinéma noir et blanc (Lettre d’un cinéaste) (France, fiction, 1982, N&B, 21’)
Euskadi (France, documentaire, 1983, N&B et Couleurs, 54’)
Les Favoris de la Lune (France, fiction, 1984, Couleurs et N&B, 102’)
Un petit monastère en Toscane (France, documentaire, 1988, Couleurs, 57’)
Blu-ray 4 :
Et la lumière fut (France-Allemagne-Italie, fiction, 1989, Couleurs, 106’)
La Chasse aux papillons (France-Allemagne-Italie, fiction, 1992, Couleurs, 118’)
Blu-ray 5 :
Seule, Géorgie (France, documentaire, Couleurs et N&B, 1994, 236’)
Blu-ray 6 :
Brigands, chapitre VII (France-Suisse-Russie-Italie, fiction, 1996, Couleurs, 122’)
Adieu, plancher des vaches (France-Suisse-Italie, fiction, 1999, Couleurs, , 117’)
Blu-ray 7 :
Lundi matin (France-Italie, fiction, couleurs, 2002, 128’)
Otar Iosseliani tourne Lundi matin (2002, 54 min) un documentaire de Niko Tarielashvili
Blu-ray 8 :
Jardins en automne (France, fiction, couleurs, 2006, 121’)
Otar Iosseliani, le merle siffleur (2006, 92 min) un documentaire de Julie Bertuccelli de la collection « Cinéma de notre temps »
Blu-ray 9 :
Chantrapas (France-Géorgie-Ukraine, fiction, Couleurs et N&B, 2010, 122’)
Chant d’hiver (France-Géorgie-Ukraine, fiction, Couleurs, 2015, 116’)
le livre « Otar Iosseliani, l’art de la fugue » (220 pages) :
panorama critique de ses œuvres
projet de film inachevé
retranscription d’un séminaire tenu par le réalisateur à Bologne en 1997