Sortie Blu-ray : 4 mouches de velours gris de Dario Argento
Moins connu que L'Oiseau au plumage de cristal (L'uccello dalle piume di cristallo, 1970) et Le Chat à neuf queues (Il gatto a nove code, 1971), 4 mouches de velours gris (4 mosche di velluto grigi, 1971) forme le troisième volet de sa trilogie animalière mettant à l'honneur le giallo. Les codes du genre sont rigoureusement respectés avec la traque d'un mystérieux tueur et des plans savamment composés à la limite du fantastique des assassinats. Ajoutons à cela le choix de Dario Argento d'architectures comme lieux de tournages qui créent un effet d'irréalité entre la maison futuriste et les rues de Turin marquées par l'Art Nouveau.

Agrandissement : Illustration 1

L'art du récit de Dario Argento ne consiste jamais à se contenter d'illustrer un scénario mais bien de mettre à l'épreuve son public dans l'appréhension du monde des protagonistes. Ainsi, le récit permet à la fois d'entrer dans les angoisses du héros autour de son cauchemar récurrent qui ne prendra sens qu'à la fin du film. De même, plusieurs savantes compositions et autant de mouvements de caméra conduisent à éprouver la sensation étrange du réel. Le cinéaste ajoute à cela un humour inattendu aux moments où la tension psychologique amenait à une lecture toute autre. Ainsi, l'étrange provient de ce bouleversement incessant du saisissement du monde où un détective à l'homosexualité excentrique et caricaturale (interprété avec un délice profond par Jean-Pierre Marielle) qui n'a jamais résolu d'affaires se révèle la personne au regard le plus avisé pour identifier l'identité du tueur. Ou encore le personnage picaresque qui se fait appeler Dieu, joué par Bud Spencer avec sa truculence coutumière et qui en marge de la société devient le sage éclairé capable de mettre un peu d'ordre par son regard dans une vie sociale auquel le musicien aspire à trouver sa place.
Quant à la musique d'Ennio Morricone, même si l'on peut en reconnaître quelques accords, elle se fait ici plutôt discrète, au profit d'un redimensionnement opératique de la faculté optique au centre de l'intrigue, de la part paradoxale d'un musicien qui a pour objectif de se concentrer sur le son plutôt que l'image. C'est là aussi la singularité de ce personnage conduit dans un monde dominé par l'obsession optique jusqu'à l'ultime image qui se focalise sur la rétine d'un mort et qui offrira la lecture du titre du film jusqu'aux images récurrentes d'un cauchemar répété à l'envi dans une géographie exotique inattendu à l'instar de l'émergence de la force de captation du récit filmique.

4 mouches de velours gris
4 mosche di velluto grigio
de Dario Argento
Avec : Michael Brandon (Roberto Tobias), Mimsy Farmer (Nina Tobias, l'épouse de Roberto), Bud Spencer (Dieudonné, dit « Dieu »), Jean-Pierre Marielle (le détective privé Gianni Arrosio), Francine Racette (Dalia), Stefano Satta Flores (Andrea), Calisto Calisti (Carlo Marosi, l'homme tué par Roberto), Aldo Bufi Landi (le médecin), Marisa Fabbri (Amelia, la domestique), Oreste Lionello (le professeur), Laura Troschel (Maria Pia), Fabrizio Moroni (Mirko), Fulvio Mingozzi (le directeur du studio musical), Gildo Di Marco (le facteur), Tom Felleghy (l'agent de police), Corrado Olmi (le portier), Dante Cleri (le barman), Guerrino Crivello (Rambaldi, le voisin boiteux), Jacques Stany (le psychiatre), Pino Patti (le gardien du salon funéraire), Renzo Marignano (le fossoyeur)
Italie, France – 1971.
Durée : 103 min
Sortie en salles (France) : 21 juin 1973
Sortie France du DVD : 2 mai 2023
Format : 2,35 – Couleur
Langues : anglais, français, italien - Sous-titres : français.
Éditeur : Carlotta Films
Bonus :
« Le Giallo perdu » : entretien avec Dario Argento et Luigi Cozzi, de la genèse du film à sa redécouverte après des années d’imbroglios juridiques (27’)
« Dans l’oeil de la peur » : le film vu par Doug Headline (auteur et réalisateur), Bruno Forzani (réalisateur), Pascal Laugier (réalisateur) et Jean-Baptiste Thoret (historien du cinéma et réalisateur) (26’)
« Discutons avec Dieu » : entretien avec Bud Spencer sur son rôle dans le films et l’ensemble de sa carrière (10’)
« S’il vous plaît, M. le facteur » : entretien avec Gildo Di Marco (HD, 16’)
« Mort au ralenti » : entretien avec Roberto Forges Davanzati, assistant opérateur, sur le tournage de la scène finale avec la caméra Pentazet (HD, 7’)
« Le Temps s’envole » : entretien avec Angelo Iacono sur la fabrication du film et sur le choix du casting (HD, 14’)
Bande-annonce (HD)