Billet de blog 15 décembre 2024

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"Adieu, plancher des vaches" d'Otar Iosseliani

Dans une famille châtelaine, le père s'oublie dans l'alcool, la mère est une femme d'affaires qui dirige son entourage à la baguette et le fils devient bohème en menant une double vie secrète auprès des déshérités de la capitale, devenant laveur de vitres et d'assiettes dans un restaurant. Pendant ce temps, un homme sans le sous drague la gent féminine en se faisant passer pour fortuné.

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Illustration 1
Adieu, plancher des vaches d'Otar Iosseliani © Carlotta Films

Sortie du coffret Blu-ray: Adieu, plancher des vaches au sein de l'intégrale des films d'Otar Iosseliani

Dans la continuité des Favoris de la Lune (1984), Otar Iosseliani dresse un portrait pluriel d'un quartier de Paris où des personnages se croisent, se mêlent et appartiennent pourtant à des milieux sociaux différents. Ainsi, l'une des finalités de l'histoire passera par l'amitié autour d'une bouteille partagée entre un châtelain épicurien interprété par le cinéaste lui-même et un homme sans domicile vivant dans la rue. Il y a là encore le désir chez le cinéaste géorgien de créer l'utopie d'un monde où le mépris de classe n'existerait pas et où l'amitié serait possible sans frontière, surtout en faisant fi des bizarreries grotesques des conventions sociales.

Le prétendu « retour à l'ordre » final ouvre deux chemins autour notamment du fils qui suit un père dans son monde et sa place alors que ce dernier sur un voilier a précisément choisi de dire « Adieu au plancher des vaches ». Ce désir de quitter une terre originaire se retrouve tout aussi bien dans la sensation d'injustice d'appartenir à une classe sociale privilégiée se permettant de mépriser les autres. La force scénaristique du film est de dessiner par la grammaire ingénieuse du montage des récits un entremêlement de séquences qui finissent par tricoter un ensemble narratif ingénieux où chaque personnages est traité avec bienveillance. La vision anarchiste posé par le cinéaste sur le monde humain lui permet de dresser une mise en scène chorale où chaque personnage possède et défend une appréhension du monde associée à son propre sens de la survie et de son ingéniosité à sortir des conventions dominantes. Dès lors, toutes les destinées se croisent et autant d'importance les unes que les autres. Il est même possible dans ce monde de croiser par en tant que figurant un Mathieu Amalric qui prend la parole avec parcimonie à l'unisson avec l'ensemble des personnages du film dont les mouvements signifient bien plus que la fausse piste de leurs mots prononcés.

Illustration 2

Adieu, plancher des vaches
d'Otar Iosseliani
Avec : Niko Tarielashvili (le fils), Lily Lavina (la mère), Philippe Bas (l'homme à la moto), Stéphanie Hainque (la fille au bar), Mirabelle Kirkland (la serveuse), Amiran Amiranashvili (Hobo), Joachim Salinger (Beggar), Emmanuel de Chauvigny (l'amant), Otar Iosseliani ( le père), Narda Blanchet (la femme âgée), Yannick Carpentier (le serveur), Alix de Montaigu (la patronne de café), Vincent Darasse, Mathieu Amalric, Viviane Bonelli, Viviane Bourguinet, Mathieu Demy, Anne-Marie Eisenschitz, Fanny Gonin, Zina Gonin, Thairek Kahli, Albert Mendy, Valérie Menguy, Thamaz Naskidachvili, Mathias Vogt, Pierre Wallon, Eva Ionesco
France-Suisse-Italie, 1999.
Durée : 117 min
Durée totale du coffret : 1805 min (30h05)
Sortie en salles (France) : 1er décembre 1999
Sortie France du coffret Blu-ray : 3 décembre 2024
Format image : 1,66 - Couleurs
Langue originale : français - Sous-titres : anglais, géorgien russe.
Éditeur : Carlotta Films

Coffret contenant :
Blu-ray 1 :
Aquarelle (Akvarel, URSS, fiction, 1958, N&B et couleurs, 10’)
Le Chant de la fleur introuvable (Sapovnela, URSS, fiction, 1958, Couleurs, 16’)
Avril (Aprili, URSS, fiction, 1961, N&B, 47’)
La Fonte (Tudzhi, URSS, documentaire, 1964, N&B, 17’)
La Chute des feuilles (Giorgobistve, URSS, fiction, 1966, N&B, 95’)

Blu-ray 2 :
Vieilles chansons géorgiennes (Dzveli qartuli simgera, URSS, documentaire, 1969, N&B, 21’)
Il était une fois un merle chanteur (Iko shashvi mgalobeli, URSS, fiction, 1970, N&B, 81’)
Pastorale (Pastorali, URSS, fiction, 1975, N&B, 98’)

Blu-ray 3 :
Sept pièces pour cinéma noir et blanc (Lettre d’un cinéaste) (France, fiction, 1982, N&B, 21’)
Euskadi (France, documentaire, 1983, N&B et Couleurs, 54’)
Les Favoris de la Lune (France, fiction, 1984, Couleurs et N&B, 102’)
Un petit monastère en Toscane (France, documentaire, 1988, Couleurs, 57’)

Blu-ray 4 :
Et la lumière fut (France-Allemagne-Italie, fiction, 1989, Couleurs, 106’)
La Chasse aux papillons (France-Allemagne-Italie, fiction, 1992, Couleurs, 118’)

Blu-ray 5 :
Seule, Géorgie (France, documentaire, Couleurs et N&B, 1994, 236’)

Blu-ray 6 :
Brigands, chapitre VII (France-Suisse-Russie-Italie, fiction, 1996, Couleurs, 122’)
Adieu, plancher des vaches (France-Suisse-Italie, fiction, 1999, Couleurs, 117’)

Blu-ray 7 :
Lundi matin (France-Italie, fiction, couleurs, 2002, 128’)
Otar Iosseliani tourne Lundi matin (2002, 54 min) un documentaire de Niko Tarielashvili

Blu-ray 8 :
Jardins en automne (France, fiction, couleurs, 2006, 121’)
Otar Iosseliani, le merle siffleur (2006, 92 min) un documentaire de Julie Bertuccelli de la collection « Cinéma de notre temps »

Blu-ray 9 :
Chantrapas (France-Géorgie-Ukraine, fiction, Couleurs et N&B, 2010, 122’)
Chant d’hiver (France-Géorgie-Ukraine, fiction, Couleurs, 2015, 116’)

le livre « Otar Iosseliani, l’art de la fugue » (220 pages) :
panorama critique de ses œuvres
projet de film inachevé
retranscription d’un séminaire tenu par le réalisateur à Bologne en 1997

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