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Sortie Blu-ray : Les Féroces de Romolo Guerrieri
Si le réalisateur est encore méconnu, le scénario est signé Fernando Di Leo, l'un des réalisateurs et scénaristes parmi les plus inspirés du poliziottesco. Ainsi, dans cette cavale infernale trois jeunes gens mettent fin à leur vie insouciante par une succession de meurtres gratuits sans revendication politique autre qu'un nihilisme implicite. Il en résulte une succession de morts pour les personnes qui se trouvent en travers de leur route d'une violence saisissante, dans une spirale vertigineuse que rien ne semble pouvoir arrêter, pas même la police pourtant menée par la star du cinéma italien de l'époque, notamment dans le poliziottesco, Tomas Milian. Contrairement à ses extravagances inoubliables dans le rôle d'El Cuchillo, l'acteur fait ici preuve d'une surprenante sobriété pour incarner un corps policier complètement dépassé par la violence d'une jeunesse qui sort de toutes ses grilles d'analyses habituelles.
On retrouve encore l'idée de jeunes « rebelles sans cause » pour reprendre le titre du film culte de Nicholas Ray avec James Dean, mais ici du point de vue d'une classe sociale aisée dont le nihilisme semblerait provenir du manque d'attention, d'affection et d'amour de la part de leurs parents trop occupés à faire fortune. Ainsi, cette succession de violence est aussi le reflet durant les années 1970 d'une Italie qui est sortie de la crise sociale d'après guerre à travers un miracle économique qui n'est pas sans conséquence sur les choix de vie de la population.
L'Italie a en effet connu un cheminement fondé sur une profonde injustice sociale qui a eu pour conséquence, une génération après dans les années 1970, de faire exploser un cadre devenu moribond. Ainsi, le trio nihiliste s'attaque implicitement aux représentations de la société de consommation, qu'il s'agisse d'une station service, d'un supermarché ou encore d'une banque, sur une impulsion sans plan préétabli et avec souvent des gains qui ne sont pas un réel enjeu. Le film ne cesse de développer une inquiétante étrangeté quant au reflet que l'on peut retrouver de la société autour des trois profils de jeunes : le fou assassin au rire terrifiant, le guide blond qui jouit de la puissance à sentir son invulnérabilité et le suiveur qui ne s'oppose jamais au groupe, qui n'utilise pas d'armes mais qui finit pas trouver sa propre jouissance au volant de la voiture qui leur permet d'échapper aux forces de police.
Tout se passe comme si ce trio souffrait d'un déni de réalité encouragé par un cadre qui leur donne une sensation de toute puissance destructrice et auto-destructrice. Un film au récit qui ne laisse aucun temps mort dans une plongée toujours plus sombre où un pont qui pourrait être vu comme un miracle architecture pour accompagner le développement économique devient la dernière image mortuaire de fin de parcours.

Les Féroces
Liberi armati pericolosi
de Romolo Guerrieri
Avec : Tomas Milian (le commissaire), Max Delys (Luigi Morandi, dit Luis), Eleonora Giorgi (Lea), Stefano Patrizi (Mario Farra, dit le Blond), Benjamin Lev (Giovanni Etruschi, dit Giò), Diego Abatantuono (Lucio), Antonio Guidi (le chef des faussaires), Luciano Baraghini (l'assistant du commissaire), Ruggero Diella (le caissier au supermarché), Giorgio Locuratolo (un ami de Lucio), Venantino Venantini (M. Morandi), Valeria Gagliardi (une amie de Lucio), Gloria Piedimonte (une amie de Lucio), Tom Felleghy (le professeur Farra, le père de Mario), Maria Rosaria Riuzzi (une amie de Lucio), Carmelo Reale (un faussaire), Salvatore Billa (un faussaire)
Italie – 1976.
Durée : 97 min
Sortie en salles (France) : 11 décembre 1985
Sortie France du Blu-ray : 19 mars 2024
Format : 1,85 – Couleur
Langues : anglais, français, italien - Sous-titres : français.
Éditeur : Elephant Films
Bonus :
Le film par Yal Sadat (2023, 26’02”)
Bande-annonce (0’56”, VOST)
Bandes-annonces de la collection