La Résidence (La Residencia) de Narciso Ibáñez-Serrador

Sortie DVD : La Résidence de Narciso Ibáñez-Serrador

Compte tenu de son intense activité pour la télévision en Espagne du début des années 1960 au années 2000, Narciso Ibáñez-Serrador n'a réalisé avec La Résidence (La Residencia, 1969) et Les Révoltés de l’an 2000 (¿Quién puede matar a un niño?, 1976) que deux longs métrages pour le cinéma mais qui sont tous deux devenus à la fois des œuvres cultes de l'histoire du cinéma et ont permis d'encourager une nouvelle génération de cinéastes espagnols vers le cinéma de genre. Le scénario de son premier long métrage était tout d'abord destiné à un épisode de sa série Historias para no dormir avant que le cinéaste en voit le haut potentiel en vue d'une réalisation pour le cinéma.

Le film est un hommage à l'horreur gothique de la Hammer, à mi-chemin entre le Psychose (Psycho, 1960) d'Alfred Hitchcock et le Suspiria (1977) de Dario Argento. Narciso Ibáñez-Serrador ne se cache pas de ses influences explicites mais affirme un univers tout personnel en osant quelques partis pris de mise en scène d'une réelle audace, notamment dans les meurtres mais encore dans la suggestion d'un acte sexuel autour de jeunes filles en train de coudre. Ainsi, Narciso Ibáñez-Serrador est bien conscient que son intrigue a besoin d'une forme de narration qui mette en valeur tous les non-dits tabous autour de la frustration sexuelle, du lesbianisme et des relations sadomasochistes qui peuvent encore refléter tout un état de la société espagnole résolument catholico-franquiste de l'époque.

Le décor gothique de l'institut de jeunes filles est particulièrement impressionnant avec des meubles omniprésents et une tapisserie surchargée qui viennent contribuer à l'atmosphère claustrophobique du film, tel un piège pour les jeunes filles où la misogynie est incarnée par une matriarche d'une cruauté dont les conséquences vont finir par la dépasser. La mise en scène flirte en permanence avec les tabous de la société catholique inhérents à son système d'oppression comme la dimension incestueuse au cœur de la dynamique conflictuelle.

Le cinéaste sort des sentiers battus du récit classique en multipliant ses protagonistes afin de participer à l'éclatement des regards et des responsabilités, bourreaux devenant victimes et réciproquement.

Cette édition de Sidonis Calysta en Blu-ray est accompagnée de plus d'une heure de bonus comprenant des entretiens réalisés récemment avec des membres de l'équipe du film encore vivants, ainsi qu'une présentation par un spécialiste du cinéma d'horreur. Quant au livret qui sert aussi de jaquette, il aborde en 52 pages la vie et l'ensemble de l'œuvre de Narciso Ibáñez-Serrador. Voici une bien belle manière de remettre en valeur ce film culte.

La Résidence
La Residencia
de Narciso Ibáñez-Serrador
Avec : Lilli Palmer (Madame Fourneau), Cristina Galbó (Teresa), John Moulder-Brown (Luis), Maribel Martín (Isabelle), Mary Maude (Irene), Cándida Losada (Mademoiselle Desprez), Pauline Challoner (Catalina), Tomás Blanco (Pedro Baldié), Víctor Israel (Brechard), Teresa Hurtado (Andrea), María José Valero (Elena), Conchita Paredes (Susana), Ana María Pol (Claudia), Mari Carmen Duque (Julia), Paloma Pagés (Cecilia), Sofía Casares (Margarita), Blanca Sendino (la cuisinière), Clovis Dave (Enrique), Gloria Blanco (Regina), Juana Azorín (Lucía), Elisa Méndez (María), Maria Gustafsson (Ingrid), Frank Braña, María Elena Arpón
Espagne – 1969.
Durée : 105 min
Sortie en salles (France) : 9 août 1972
Sortie France du Blu-ray+livret : 11 avril 2025
Format : 2,35 – Couleur
Langue : anglais, français - Sous-titres : français.
Éditeur : Sidonis Calysta

Bonus :
« Des cris à détruire la résidence » : Présentation du film par Antonio Lázaro-Reboll, docteur et spécialise du film d’horreur espagnol (« Screaming the House Down », 2022, Arrow Video, 20’15”, VOST)
« Tout sur ma mère » : entretien avec Juan Tébar (« All about my ‘Mamá’ », 2022, Arrow Video, 9’16”, VOST)
Scènes coupées (6’09”, VOST)
« L’Innocence du garçon » : entretien ave John Moulder-Brown (« The Boy’s Innocence », 2022, 24’13”, VOST)
« L’Héritage de la terreur » : entretien avec Alejandro Ibáñez, fils du réalisateur (« The Legacy of Terror », 2022, Arrow Video, 13’46”, VOST)
« Mary Maude à Manchester » : Rencontre avec l’actrice au 23e Festival of Fantastic Films de Manchester (2012, 11’46”, VOST)
2 bandes-annonces originales (2’31”, VO)