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Sortie Blu-ray : Poupée de sang de Carlos Puerto au sein du coffret « Terreur ibérique »
Réalisé à la fin des années 1970 au moment de la période de transition après la dictature, Poupée de sang (Escalofrío, 1977) est une production qui répond aux modèles dominant du cinéma qui font recette avec des moyens limités, ici la rencontre entre l'horreur des cultes sataniques dont la référence canonique reste Rosemary's Baby (1968) de Roman Polansky et l'érotisme qui fait une notable percée dans l'industrie du cinéma des années 1970 avec Emmanuelle (1974) de Just Jaeckin. En pur produit formaté, le film n'a pas de prétention auteuriste ou encore à visée politique, profitant de l'assouplissement de la censure pour un public avide de sensations interdites jusque-là interdites par la parole catholique au pouvoir.
Dans cette logique, c'est tout naturellement que le satanisme est le filon à exploiter dans le cadre de ce qui pour l'essentiel reste un huis clos, ce qui permet de réduire là encore des frais de production, notamment avec quatre personnages pour l'essentiel et seulement quelques épisodiques personnages périphériques. L'histoire mêle ainsi l'horreur à la sexualité qui tourne à l'orgie et la sexualité saphique sans consentement comme si les personnages étaient possédé.es par des énergies qui les dépassent. L'univers fantastique malgré le préambule où un véritable spécialiste du paranormal et vedette de la télévision à l'époque du tournage rappelle qu'il ne peut y avoir de Bien sans Mal et donc de Dieu sans Diable, est abandonné très vite comme ambition scénaristique avec un enchaînement de scènes incohérentes qui ne servent qu'à satisfaire les pulsions scopiques voyeuriste du côté de la chair et du sang.
Même si les interprétations sont plutôt de bonne tenue, le scénario semble moins élaboré que celui d'un film de Jess Franco, ce qui fait retomber sans cesse la mise en scène émotionnelle horrifique du couple découvrant à leur insu un monde qui va se refermer sur eux. Plusieurs séquences ne participeront pas à un ensemble cohérent, le film restant un prétexte parfois maladroit à répondre au cahier des charges érotico-rrifiques, même si les séquences des deux genres restent séparées l'une de l'autre dans l'ensemble, dans une vision où c'est avant tout encore le corps féminin dénudé qui fait l'objet des fantasmes narratifs : si la sexualité entre femmes est présentée, ce n'est pas le cas des hommes.
Le film reste une prouesse à créer un film avec des moyens limités, comme cette cuisine complètement dénudée qui renforce son aspect de maison hantée, et témoigne d'une production intensive, reflet par l'utilisation de ses genres décomplexés de son époque en quête d'émancipation.

Poupée de sang
Escalofrío
de Carlos Puerto
Avec : Ángel Aranda (Bruno), Sandra Alberti (Berta), Mariana Karr (Ana), José María Guillén (Andrés), Luis Barboo (le gardien de la porte), Manuel Pereiro, José Pagán, Isidro Luengo, Ascensión Moreno, Carlos Castellano, Fernando Jiménez del Oso
Espagne, Mexique – 1977.
Durée : 82 min
Sortie en salles (France) : inédit
Sortie France du Blu-ray : 15 juillet 2025
Format : 1,85 – Couleur
Langues : anglais, espagnol - Sous-titres : français.
Éditeur : Carlotta Films
Bonus :
« L’Espagne satanique » (22 mn) : Entretien avec Ángel Sala (22’)
coffret comprenant :
le Blu-ray du film Une bougie pour le Diable (Una vela para el diablo, 1973, Nouvelle restauration 2K, 1.85, 87’, VOST)
le Blu-ray du film Poupée de sang (Escalofrío, 1977, Nouvelle restauration 4K, 1.66, 82’, VF/VOST)