Billet de blog 18 avril 2023

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"El Mercenario" (Il Mercenario) de Sergio Corbucci

Aux débuts de la révolution mexicaine, un mercenaire polonais vend ses services à un chef d'une bande d'ouvriers qui ont pris les armes pour se révolter contre leur exploitation.

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Sortie du combo Blu-ray/DVD : El Mercenario de Sergio Corbucci

Sergio Corbucci réalise après Le Grand silence (Il grande silenzio, 1968) un nouveau western diamétralement opposé par sa dynamique, ses décors et sa tonalité. Ainsi, du nihilisme sombre et austère, le cinéaste explore avec El Mercenario une relecture politique de la révolution sous le mode comique autour de l'opposition entre un mercenaire européen sans scrupules mais qui apparaît malgré tout dès sa première scène comme un homme condamnant l'injustice, face à un Mexicain réduit à l'esclavage qui en brisant ses chaînes commence à épouser l'idéal révolutionnaire. Sergio Corbucci multiplie les clins d'œil à Sergio Leone et à son trio de personnage issus du Bon, la brute et le truand (1966), en opposant un trio antagonique composé d'un chasseur de prime laconique, un insurgé mexicain picaresque et un dandy sadique. Les références à Sergio Leone sont ici assumées avec notamment la reprise du duel final mêlant trois personnages dans une arène.

Illustration 1
El Mercenario de Sergio Corbucci © Sidonis Calysta

Franco Nero se sert encore de son charisme au ton laconique héritier de son personnage de Django mais avec une ironie omniprésente. C'est une occasion pour les scénaristes avec ce rôle de pointer du doigt l'intervention étrangère au sein des mouvements sociaux dans le monde. Cependant, comme une envie de légèreté après Le Grand silence, El Mercenario met largement entre parenthèses la réflexion politique avec des personnages masculins qui ne croient pas fondamentalement au changement de l'ordre social pour plus d'équité à la différence notable de l'unique personnage féminin, véritable conscience de l'âme révolutionnaire mexicaine. Sous couvert de l'humour, Sergio Corbucci témoigne aussi de sa désillusion dans l'engagement social même s'il ne condamne pas cette fois-ci ses personnages à la différence de son film précédent.

Le cinéaste est revenu ensuite avec des thématiques similaires dans un autre « western zapata » avec de nouveau Franco Nero et Jack Palance, avec en outre le génial et truculent Tomás Milián dans Compañeros (Vamos a matar, compañeros, 1970).

Cette édition est enrichie de l'intervention de Jean-François Giré, spécialiste du western européen et du documentaire que celui-ci a réalisé comme déclaration d'amour au genre : Django, Sartana, Trinita et les autres...

Illustration 2

El Mercenario
Il Mercenario
de Sergio Corbucci
Avec : Franco Nero (le capitaine Sergei Kowalski, dit « le Polak »), Tony Musante (Paco Roman), Jack Palance (Ricciolo dit « le Bouclé »), Giovanna Ralli (Columba), Eduardo Fajardo (Alfonso García), Franco Giacobini (Pepote), José I. Baldua (l'aubergiste), Álvaro de Luna (Ramón), Raf Baldassarre (Mateo), José Canalejas (Sebastian)
Italie, Espagne – 1968.
Durée : 111 min
Sortie en salles (France) : 15 octobre 1969
Sortie France du combo Blu-ray/DVD : 7 avril 2023
Format : 2,35 – Couleur
Langues : français, italien - Sous-titres : français.
Éditeur : Sidonis Calysta
Bonus :
Présentation de Jean-François Giré
Django, Sartana, Trinita et les autres... (60') un documentaire réalisé par Jean-François Giré
Bande-annonce

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