"Profondo Rosso" de Dario Argento

Sortie de l’édition 4K Ultra HD + Blu-ray : Profondo Rosso de Dario Argento

Profondo Rosso (1975) est non seulement un chef d’œuvre de plus dans la filmographie du maître du giallo mais le film marque en outre une transition du giallo classique au fantastique chez Dario Argento. En outre, c’est aussi l’arrivée d’une collaboration fondamentale avec la composition de la musique originale du film par le groupe Goblin. Ainsi, tout ce que l’on peut adorer chez le cinéaste est ici utilisé à son diapason. Il invite en outre l’acteur David Hemmings pour assurer le lien avec Michelangelo Antonioni, cinéaste maître comme lui du traitement de l’inquiétante étrangeté urbaine. Ainsi, l’acteur britannique embarque l’ombre de son personnage de Blow Up (1966) dans une enquête criminelle qui devient très vite une plongée psychanalytique existentielle.

Le film est aussi l’opportunité pour Dario Argento de prendre de la distance avec son genre fétiche dont il s’amuse des codes tout en dialoguant ouvertement en une mise en miroir avec ses films précédents. Il ajoute par ailleurs des scènes inattendues d’humour, tournant notamment en ridicule l’obsession de l’image virile du protagoniste qui apparaît notamment choqué face à des personnes gender fluid. Ce thème permet ainsi de rappeler le contexte du giallo traversé par l’effroi du patriarcat de voir ses privilèges remis en cause avec la quête des femmes pour l’égalité des droits sans discrimination de genre.

La psyché masculiniste est ainsi analysée dans les crimes eux-mêmes dont les femmes sont essentiellement les victimes, tandis que la caméra subjective devient l’assassin même, comme si elle était devenue le çà psychanalytique du cinéaste. L’invention à partager intimement la pensée de l’assassin est singulière et inspira peut-être John Carpenter pour son Halloween (1978) et plus particulièrement son ouverture culte du film.

Quant à Profondo rosso il reste une mise en scène impeccable invoquant aussi bien ses références architecturales avec les références au fascisme italien et à l’Art Nouveau, musicales (avec la référence au Tubular Bells de Mike Oldfiled composé pour L’Exorcist de William Friedkin) que picturales entre De Chirico et le Nighthawks (1942) d’Edward Hopper explicitement cité.

Cette magnifique édition 4K Ultra HD + Blu-ray est accompagnées de plus de 1h30 de bonus avec les entretiens précieux à la fois de Guillermo Del Toro, Nicolas Winding Refn, Gaspar Noé, Macha Méril et Nicolas Boukhrief, ainsi que l’analyse profonde proposée par le spécialiste du cinéma de genre Michael Mackenzie dans son documentaire Profondo Giallo.

Profondo rosso (Les Frissons de l'angoisse)
Profondo Rosso
de Dario Argento
Avec : David Hemmings (Marcus Daly), Daria Nicolodi (Gianna Brezzi), Gabriele Lavia (Carlo), Macha Méril (Helga Ulmann), Eros Pagni (le commissaire Calcabrini), Nicoletta Elmi (Olga, la petite fille), Giuliana Calandra (Amanda Righetti), Piero Mazzinghi (Bardi), Glauco Mauri (le professeur Giordani), Clara Calamai (Martha, la mère de Carlo), Furio Meniconi (Rodi), Salvatore Baccaro (le marchand de fruits et légumes), Salvatore Puntillo (un policier), Liana Del Balzo (Elvira, la servante d'Amanda), Fulvio Mingozzi (l’agent Mingozzi), Lorenzo Piani (le policier aux empreintes digitales), Aldo Bonamano (le père de Carlo), Glauco Onorato (le père d'Olga), Vittorio Fanfoni (le policier qui prend des notes), Dante Fioretti (le policier photographe), Géraldine Hooper (Massimo Ricci, l'amant de Carlo), Jacopo Mariani (Carlo, enfant)
Italie – 1975.
Durée : 126 min
Sortie en salles (France) : 17 août 1977
Sortie France de l’édition 4K Ultra HD + Blu-ray : 17 décembre 2025
Format : 2,35 – Couleur
Langues : français, italien - Sous-titres : français.
Éditeur : Les Films du Camélia

Bonus :
Présentation du film par Dario Argento
Entretien avec Macha Méril (17’)
Entretien avec Nicolas Boukhrief (28’)
« Profondo Giallo » : documentaire sur le cinéma de genre par Michael Mackenzie (33’)
« Rosso Argento » : entretiens avec Guillermo Del Toro, Nicolas Winding Refn et Gaspar Noé (20’)