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Film de la compétition long métrage fiction de la 46e édition de Cinemed, festival du cinéma méditerranéen de Montpellier du 18 au 26 octobre 2024 : El llanto de Pedro Martín-Calero
S'ouvrant avec une séquence stroboscopique d'autant plus forte et violente qu'elle est conduite par un personnage au centre des scènes conduisant à d'éprouvantes et horribles scènes d'autodestruction, le premier long métrage réalisé pour le cinéma de Pedro Martín-Calero se veut spectaculaire pour marquer les esprits tout comme l'était le sketch initial des Nouveaux Sauvages (Relatos salvajes, 2014) de Damián Szifrón une décennie plus tôt.
Cette première séquence introductive impose le ton du film de genre sous les traits d'un thriller psychologique horrifique tentant de mélanger à la fois la folie de l'enfermement des personnages féminins des films d'Andrzej Zulawski des années 1970, à l'enquête d'une vérité où le crime n'est révélé que par le truchement de l'image à l'instar de Blow up (1966) de Michelangelo Antonioni avec le système de boucle infernale enfermant les personnages dans une issue à laquelle ils ne peuvent échapper à la manière de David Lynch notamment dans Lost Highway (1997), tout en surfant sur le teen age movie horrifique d'un croquemitaine persécutant des jeunes alors que les adultes restent aveugles qui a fait le succès de la série Stranger Things (2016-2025) créée par les frères Matt et Ross Duffer.
L'intrigue se déroule sur deux espaces-temps différents à vingt ans d'écart entre l'Espagne et l'Argentine, les deux épisodes venant apporter des éléments supplémentaires à la compréhension de l'autre. De la caméra vidéo au téléphone portable, dans la continuité de l'évolution technologique après l'appareil photographique du protagoniste de Blow Up, les deux jeunes femmes au centre de l'intrigue mènent une enquête dont elles ne sortiront pas indemnes. Elles découvrent un étrange vieil homme qui devient l'incarnation ancestrale, selon la volonté du réalisateur, secondé dans son écriture par l'efficacité d'Isabel Peña connue pour ses scénarios des films de Rodrigo Sorogoyen, de l'oppression patriarcale à la violence incestueuse caractérisée. C'est là que la démonstration des intentions affichées de dénoncer par le cinéma de genre la violence endémique conduisant à un système d'oppression aboutissant dans le pire des cas au féminicide, est bien moins convaincant. Le sujet de société n'est qu'un prétexte pour donner une légitimité à l'exercice de démonstration du spectacle filmique pour marquer de manière fulgurante l'entrée du réalisateur dans l'industrie du cinéma.
Les incohérences multiples du film sont ici la preuve d'un manque d'intérêt sincère pour l'étrange (n'est pas Lynch qui veut) aussi bien que pour la thématique sociale. L'audace de la mise en scène qui apparaît dans plusieurs scènes extrêmement soignées doit beaucoup au travail remarquable de la cheffe opératrice Constanza Sandoval qui avait d'ailleurs signé en 2018 l'image d'un autre long métrage également intitulé El llanto réalisé par Hernán Fernández. De même la direction artistique de Luciana Kohn est remarquablement orchestrée, permettant aux personnages d'évoluer dans des décors inquiétants où l'esprit des lieux hantés n'est jamais bien loin. Quant aux interprétations, elles sont à la fois justes et intenses des deux côtés de l'Atlantique. Ainsi, Pedro Martín-Calero a su s'entourer d'une équipe particulièrement brillante offrant à son film une construction louable mais peine à développer un sujet politique qui ressemble bien trop à de l'opportunisme, faute de développer davantage les enjeux intrinsèques de son scènario.
El llanto
de Pedro Martín-Calero
Fiction
107 minutes. Espagne, Argentine, France, 2024.
Couleur
Langues originales : espagnol, français
Avec : Ester Expósito (Andrea), Mathilde Ollivier (Marie), Lautaro Bettoni, Àlex Monner (Pau), Malena Villa (Camila), Sonia Almarcha (Mercedes), Tomás del Estal (Gonzalo), Blanca Valletbó (Lisbeth), José Luis Ferrer, Claudia Roset, Lía Lois, Pierre Marquille, Miguel Belaustegui
Scénario : Isabel Peña, Pedro Martín-Calero
Images : Constanza Sandoval
Montage : Victoria Lammers
Musique : Olivier Arson
Son : Paola Borca, Mar González, Gabriel Gutiérrez
1re assistante réalisatrice : Coline Perruchon
2nde assistante réalisatrice : María Guindulain
Direction artistique : Luciana Kohn
Décors : Jose Tirado
Maquillage : Federico Calcatelli, Nacho Díaz, Noé Montes, Sarai Rodríguez
Supervision des effets visuels : Iñaki Gil, David Heras
Casting : Paula Cámara, Mathilde Snodgrass, Arantza Vélez
Scripte : Raúl Acín, Silvina Obregón
Production : Pablo Bossi, Fernanda Del Nido, Nacho Lavilla Canga, Juan Pablo Miller, Eduardo Villanueva Díez, Jérôme Vidal, Cristina Zumárraga
Production exécutive : Fernanda Del Nido, Cristina Zumárraga
Production déléguée : Alma Gimena Blanco
Production associée : Agustín Bossi, Pol Bossi, Carlotta Leal, Pedro Martín-Calero
Production co-exécutive : Isabel Peña
Sociétés de production : El Llanto, Caballo Films, Setembro Cine, Tandem Films, Tarea Fina, Noodles Production
Ventes internationales : Film Factory
CONTACTS
Production
El Llanto A.I.E. (Espagne)
Eduardo Villanueva Díez, Nacho Lavilla Canga, Fernanda Del Nido
eduardo@caballofilms.com
Caballo Films S.L. (Espagne)
Eduardo Villanueva Díez, Nacho Lavilla Canga
info@caballofilms.com
www.caballofilms.com
Setembro Cine S.L. (Espagne)
Fernanda del Nido
fernanda@setembrocine.com
www.setembrocine.com
Tandem Films S.L. (Espagne)
Cristina Zumárraga, Pablo Bossi
cristina@tandemfilms.eswww.tandemfilms.es
Tarea Fina S.R.L. (Argentine)
Juan Pablo Miller
jpmiller@tareafina.com
www.tareafina.com
Noodles Production S.A.R.L. (France)
Jérôme Vidal
contact@noodlesproduction.com
www.noodlesproduction.com
Ventes internationales
Film Factory (Espagne)
info@filmfactory.es