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Film de la compétition long métrage fiction de la 47e édition de Cinemed, festival du cinéma méditerranéen de Montpellier du 18 au 25 octobre 2025 : Le Pays d’Arto de Tamara Stepanian
Habitée par l’histoire hantée de tout un pays, Tamara Stepanian construit pour son premier long métrage de fiction un road movie initiatique où le fantastique n’est jamais loin tout en restant dans un contexte au réalisme social documentaire affiché. Le point de vue est tout d’abord celui cartésien d’une Française ignorant tout ou presque de la complexité vécue par l’histoire de l’Arménie et ses drames successifs entre génocide, occupation soviétique, tremblement de terre et conflits militaires où la société civile est plus ou moins contrainte à prendre les armes.
L’actrice Camille Cottin incarne à elle seule à travers son personnage la perception française tandis que la famille de celui-ci reste lointaine au fil de ses communications téléphoniques. Au fur et à mesure, ce qui devait se définir comme une simple formalité se transforme en une errance spirituelle qui dépasse le confort habituel de la protagoniste. Sans pour autant suivre le chemin tortueux du livre de Joseph Conrad et de son livre Au cœur des ténèbres adapté au cinéma par Coppola sous le titre Apocalypse now, l’odyssée de l’héroïne est bien celui d’une rencontre avec un pays encore en guerre où rendre les armes semble encore impossible tandis que déserter le terrain des combats est encore considéré comme un acte de haute trahison.
Si le personnage incarné par Camille Cottin est un fil rouge qui a tendance à parasiter la perception immédiate de l’ambiguïté du monde traversé, heureusement elle rencontre des personnages plus profonds portant à eux seuls la complexité d’un pays, à l’instar d’Arsine interprété avec une réelle conviction par Zar Amir Ebrahimi, ou encore d’autres rencontres brèves et inattendues comme cette inoubliable séquence de chanson suivie sans coupure dans un mini-bus dans un moment rare où toute une société arménienne est enfin réunie, alors que l’ensemble du film met en scène des solitudes.
Dans cette odyssée aux frontières avec l’indicible pour comprendre les causes du suicide d’un Arménien exilé en France, Tamara Stepanian a pu compter sur le sens de la composition des plans de Claire Mathon qui a trouvé une belle inspiration à visiter par sa caméra des lieux à l’architecture en majorité soviétique hantée. Avec l’humilité adéquate de ne pas chercher à expliquer l’histoire d’un pays mais plutôt de saisir les troubles du moment présent, Tamara Stepanian invite la fiction à sonder le réel ineffable dans un dialogue continu notamment avec Si le vent tombe (2020) de Nora Martirosyan.
Le Pays d’Arto
de Tamara Stepanian
Fiction
104 minutes. France, Arménie, 2025.
Couleur
Langues originales : français, anglais, arménien
Avec : Camille Cottin (Céline), Zar Amir Ebrahimi (Arsine, la guide), Chant Oganessian, Hovnatan Avédikian, Aleksandr Khatchatrian, Babken Tchobanian, Denis Lavant
Scénario : Tamara Stepanian, Jean-Christophe Ferrari, Jean Breschand, Jihane Chouaib, Romy Coccia di Ferro
Images : Claire Mathon
Montage : Olivier Ferrari
Musique : Marc Ribot
Mixage sonore : Olivier Mauvezin
Montage sonore : Bruno Reiland, Jean-Marc Schick
1re assistante réalisatrice : Juliette Maillard
2nde assistante réalisatrice : Mélaine Delaunay
3e assistante réalisatrice : Eugénie Kaprélian
Maquillage : Emma Franco
Coiffure : Réjane Selmane
Costumes : Marie Frémont
Scripte : Bagrad Hayksson
Production : Stéphane Jourdain, Camille Gentet
Production exécutive : Jean-Christophe Meneec, Karine Simonyan
Coproduxtion : Tamara Stepanyan
Sociétés de production : La Huit, Pan Cinéma
Distributeur (France) : Pan Distribution
Attachée de presse : Rachel Bouillon
Sortie salles (France) : 31 décembre 2025