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Sortie nationale (France) du 24 avril 2024 : Indivision de Leïla Kilani
Plus d'une décennie après son premier long métrage de fiction Sur la planche (2011), Leïla Kilani est de retour avec une réalisation qui plonge pleinement dans une démarche expérimentale audacieuse autour du point de vue d'une adolescente qui communique aussi bien sur les réseaux que sur son propre corps, face à une histoire d'héritage qui se trame dans sa famille où les premiers lésés seront à la fois des personnes démunies et la faune et la flore. Devenue mutique, les mots écrits par l'adolescente sont d'autant plus vitaux sur les réseaux sociaux face aux décisions de sa famille dominée par la figure manipulatrice de la grand-mère, dont elle se désolidarise pleinement. Ce regard devient la métaphore de toute une génération sensible à leur environnement et qui s'oppose aux générations enfermées dans des logiques prédatrices d'exploitation du monde naturel.
L'opposition frontale d'un père et de sa fille adolescente face à l'ensemble de la famille est mise en scène avec une narration qui expérimente ses outils, notamment avec la caméra que la protagoniste utilise pour partager ses vidéos sur Internet. Ce choix de mise en scène rappelle la nécessité de nouveaux récits et d'outils pour les réaliser afin de remettre en question un ordre qui n'a cessé de s'imposer d'une génération après l'autre sans être à aucun moment remis en cause. Cette approche rappelle celle de Thomas Vinterberg sur Festen (1998) où la caméra se centralisait sur un individu pour faire advenir sa révolte dans un moment pourtant festif de retrouvailles familiales. La réalisatrice est ainsi animée par une semblable énergie à déconstruire l'ordre capitaliste d'une famille aisée à partir de l'énergie spontanée d'une adolescente en quête de ses mots. Les images qu'elle réalise, en grande partie avec un point de vue ornithologique, deviennent des poèmes visuels explorant une nouvelle voix qui ne répond pas à un programme politique mais plutôt à une révolte face à un sentiment d'injustice profond. Une réalisation aussi audacieuse qu'indépendante, réalisé avec la complicité du chef opérateur qui se retrouve pleinement dans l'expérimentation visuelle à la manière du Faces (1968) de John Cassavetes.

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Indivision
de Leïla Kilani
Fiction
127 minutes. France, Maroc, 2023.
Couleur
Langue originale : arabe, français, espagnol
Avec : Ifham Mathet (Lina), Mustafa Shimdat (Anis), Bahia Bootia El Oumami (Amina), Ikram Layachi (Chinwiya), Jaafar Brigui (Jaafar), Mohammed Berrak (Youssef Al Akel), Taoufiq Kilani (le père De Youssef), Khalid Oulehri (Laoufir)
Scénario : Leïla Kilani
Images : Éric Devin
Montage : Tina Baz
Musique : Michel Deneuve Wilkimix
Son : Laurent Malan
Mixage sonore : Xavier Thieulin
Direction artistique : Angelo Zamparutti
Maquillage : Agathe Angeli
1re assistante réalisatrice : Sonia Tahallah
Production : Leïla Kilani, Emmanuel Barrault
Sociétés de production : DKB Productions, Socco Chico Films
Distributeur (France) : DKB Productions