Sortie du combo Blu-ray/DVD : Cité de la violence de Sergio Sollima
Avec ce film, Sergio Sollima déjà reconnu par la force de ses choix de mise en scène de ses westerns, est appelé à tourner sur la géographie qui a nourri sa cinéphilie : les USA. Il choisit notamment La Nouvelle Orléans pour son cadre multiculturel pour développer une histoire dont il réécrit le scénario avec la réalisatrice Lina Wertmüller (Les Basilischi, Belle Starr...). Autre grande contribution prestigieuse à la réalisation du film : Ennio Morricone dont la composition originale marque de son empreinte sans pour autant dévorer de sa tentative ogresque le film puisque Sergio Sollima a su maintenir ses choix judicieux dans l'usage du silence.

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Ainsi, durant les dix premières minutes de Cité de la violence aucune parole n'est prononcée et pourtant tout est présenté avec une infinie précision, notamment avec l'appui d'un montage très découpé à la dimension onirique des rapports entre le couple derrière et devant la caméra. La première séquence donne littéralement le cap de l'intrigue à suivre avec un héros mutique, dont la force tranquille font de lui un professionnel aussi efficace qu'inquiétant. Charles Bronson est là en train de construire un personnage qui ensuite le hanta durant les deux décennies à venir dans des néopolars urbains où il joua les justiciers violents sous la direction de Michael Winner et sa série des Justiciers dans la ville.
Cité de la violence analyse bien, comme son titre programmatique en témoigne, la violence au cœur de ce qui est censé faire civilisation, avec la démonstration de la fascination morbide où le cheminement de Vanessa est particulièrement éclairant à cet égard dans sa volonté à gravir l'échelle sociale et acquérir son émancipation. Nul ici besoin de multiplier les séquences de violence mais seulement de les concentrer dans quelques scènes révélatrices de tout un ensemble social, du lynchage du syndicaliste mis en parallèle avec une scène de viol perpétré par le protagoniste qui cherche à assouvir sa vengeance de manière trouble sur la femme qu'il aime. Car la thématique de l'amour, entre un sociopathe qui se découvre enfin un lien pour l'humanité auprès d'une femme, innerve l'ensemble du film et dépasse le cadre initial du film policier. L'épure auquel se livre par sa mise en scène Sergio Sollima voisine celle de Jean-Pierre Melville partageant comme lui l'éthique du désenchantement. On trouve aussi en commun avec le cinéaste français l'exploration d'une construction de la virilité toujours sur une ligne de fragilité dont les débordements de violence sont les symptômes d'une crise profonde au cœur des personnages qui ne peuvent plus se cacher derrière leur monolithisme de façade.
Une réalisation d'une parfaite maîtrise servie par des acteurs et des actrices inspiré.es au sein du quatuor Charles Bronson, Telly Savalas, Jill Ireland et Michel Constantin qui sait donner la tonalité de son personnage tout laissant respirer les autres.
L'édition collector Blu-ray et DVD est associé avec un livret particulièrement nourri des analyses d'Olivier Père grand connaisseur du genre, ainsi que des analyses en bonus vidéo de Jean-Baptiste Thoret, d'une présentation de François Guérif, sans oublier un entretien avec Sergio Sollima lui-même rappelant le contexte de réalisation de son film.

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Cité de la violence
Città violenta
de Sergio Sollima
Avec : Charles Bronson (Jeff Heston), Telly Savalas (Al Weber), Jill Ireland (Vanessa Shelton), Michel Constantin (Killain), Umberto Orsini (Steve), Ray Saunders (le prisonnier), Benjamin Lev (le jeune prisonnier), Peter Dane (l'animateur de télévision), George Savalas (Shapiro), Goffredo Unger (Coogan, le tueur)
Italie, France – 1970.
Durée : 108' (1h48)
Sortie en salles (France) : 16 octobre 1970
Sortie France du Mediabook + Blu-ray + DVD+ livret : 16 février 2023
Format : 2,35 – Couleur
Langues : anglais, français, italien - Sous-titres : français.
Éditeur : Sidonis Calysta
Bonus :
un livret rédigé par Olivier Père (32 pages)
Interview de Sergio Sollima
Présentation du film par François Guérif
« Fragments d’une mort annoncée » par Jean-Baptiste Thoret
Reportage sur le tournage
Bandes-annonces