Cédric Lépine : Pouvez-vous rappeler le contexte qui a conduit il y a dix ans à créer ce festival de cinéma à Toulouse ?
Colette Berthès et Samir Arabi : La Compagnie Ici, Là-Bas et Ailleurs (CILBA) a organisé en 2012, du 6 au 15 novembre, un événement intitulé : Mahmoud Darwich, Dans les pas d’un poète. Le bleu du Ciel et le sable de la mémoire.
Son succès a incité CILBA à se lancer en 2014 dans une nouvelle aventure.
Fallait-il être « farfelus » en 2013 pour vouloir créer un événement sur plusieurs jours, plusieurs lieux, dans plusieurs villes, des projections certes mais surtout des rencontres avec des cinéastes palestiniens ?
C’est ainsi qu’est née la 1re édition en 2014, « Ciné-Palestine, dans les pas de cinéastes palestiniens ».
C. L. : Qui sont les membres actifs qui permettent l'organisation et la programmation du festival ?
C. B. et S. A. : Nous tenons à préciser que l’équipe qui organise cet événement à l’année est bénévole, voici leurs noms et leurs responsabilités :
Jeanine Vernhes Arabi, Présidente de la Compagnie Ici, Là-Bas et Ailleurs, coordinatrice
Samir Arabi, programmation
Nadine Picaudou, programmation
Roger Pujado, programmation, traitement informatique, actions éducatives
Colette Berthès, programmation, presse, rédactrice
Ahmad Attar, programmation
Maysa Rantisi, communication, Développement de projet
Annie Boudjema, Coordination - Logistique ; actions éducatives
Dominique Daubagna, logistique
Karam Al Kafri et Léo Delmas, webmaster
Nour Alrabie, programmation
Manar Yacoub, membre comité de sélection des films
Marie-Christine Lerat, suivi avec les salles de cinéma en région
Agnès Vidal, graphisme
C. L. : Quels partenariats avez-vous développés au fil des années ?
C. B. et S. A. : Les partenaires institutionnels
La Mairie de Toulouse (Affaires culturelles) et les services des salles et espaces culturels
Le Conseil Départemental 31
Le Conseil Régional Occitanie - Pyrénées-Méditerranée
L’Institut culturel français de Jérusalem
Partenariat privé : la Fondation Palestinienne Qattan
Les Partenaires culturels :
Toulouse
Cinémathèque
Cinéma ABC
Cinéma American Cosmograph
Cinéma le Cratère
ENSAV
Cave Poésie René Gouzenne
Théâtre le fil à plomb
Utopia Borderouge
Centre culturel Bonnefoy
Médiathèque José Cabanis
Région
Cinéma Scène Nationale à Albi
Cinéma Studio 7 à Auzielle,
Cinéma Jean-Marais à Aucamville
Cinéma32 à Auch
Cinéma le Rex à Blagnac
Cinéma la Muse à Bressols,
Cinéma Le Grand Palais à Cahors
Cinéma Charles Boyer à Figeac
Utopia à Tournefeuille
Narbonne, Scène Nationale
Secteur éducatif : Lycée des Arènes, Collège Toulouse-Lautrec
C. L. : Comment les enjeux du festival ont-ils évolué au fil des années en fonction de l'actualité en Palestine ?
C. B. et S. A. : Au départ, nous avons voulu faire connaître la « réalité » de la Palestine, un pays qui, officiellement, n'existe pas mais dont le peuple existe, un peuple séparé entre « intérieur » et exil, qui vit, se bat et crée... et à travers le cinéma -et dans une moindre mesure, la littérature, la poésie, la musique, la peinture ou la photo- donner la parole aux Palestiniens pour qu'ils se racontent, racontent leur Histoire et leurs histoires. C'est toujours notre but, et encore plus cette année. L'enjeu était d'emmener les Toulousains et habitants de l'Occitanie à s'intéresser de plus en plus et de mieux en mieux à un cinéma confidentiel, quasi inexistant sur les écrans, ou à la télévision, de donner à voir d'autres images que celles des « regains de violences » mis à la une par la majorité des médias ou celles de misérables réfugiés dans des camps.
Et, au-delà, d'amener de plus en plus de gens à se poser des questions sur le fameux « problème » Israël-Palestine, à savoir et comprendre ce qui se joue depuis plus de cent ans dans cette région et ce qu'il se cache sous l'actualité. Redonner aux Palestiniens – les réalisateurs et à travers eux, les personnes réelles ou imaginées de leurs films- le rôle majeur dans le récit de leur Histoire et la mise en valeur de leur culture.
Et, au fil des années, donner aussi de la place à leurs amis et soutiens -Européens, Israéliens et autres.
Bien que l'actualité soit (encore plus) dramatique ces derniers mois, cela ne change rien à nos buts, mais nous conforte dans le chemin que nous avons emprunté il y a plus de dix ans (avec Darwich d'abord) : offrir une large tribune à la Palestine et à son peuple.
C. L. : Quels sont vos critères pour composer une programmation de films chaque année ?
C. B. et S. A. : L’objectif de la programmation Ciné-Palestine Toulouse Occitanie est de proposer un panorama diversifié du cinéma palestinien d’hier et d’aujourd’hui.
La priorité est accordée aux films palestiniens récents de qualité.
Une place de choix est réservée aux jeunes cinéastes palestiniens. Le but est de découvrir et montrer les jeunes talents, les réalisateurs de demain.
La section « un autre regard » présente les films des cinéastes non palestiniens.
Les films programmés à la Cinémathèque de Toulouse donnent l’opportunité d’apprécier le patrimoine cinématographique palestinien et/ou autour de la Palestine.
C. L. : Quelles sont vos actions à l'année en dehors du festival ?
C. B. et S. A. : Nous accompagnons la sortie de nouveaux films et répondons aussi aux demandes des associations et/ou des salles de cinéma qui souhaitent programmer des films palestiniens ou sur la Palestine durant l’année dans le cadre de Ciné-Palestine Hors Saison (interventions, discussions, échanges après film).
C. L. : Quelle est la couverture géographique du festival en dehors de Toulouse et avec quelle mobilisation ?
C. B. et S. A. : Ciné-Palestine Toulouse Occitanie est présent à Albi, Auch, Bressols, Cahors, Figeac et Narbonne.
Nous sommes sollicités par d’autres villes. Nous avons des difficultés pour développer Ciné- Palestine en région en raison de nos modestes moyens financiers.
C. L. : Quels sont les grands moments pour vous qui ont marqué ces dix éditions ?
C. B. et S. A. : Les rencontres avec les acteurs, les cinéastes et les producteurs, en particulier avec de magnifiques femmes, réalisatrices ou actrices.
En fait la majorité des rencontres ont été de grands moments. Et ce qui nous fait plaisir c'est quand nos invités souhaitent revenir et reviennent.
Les Master Class organisés au Lycée des Arènes et les rétrospectives à la cinémathèque de Toulouse.
C. L. : De quels moyens et soutiens physiques et économiques pouvez-vous compter pour la réalisation du festival ?
C. B. et S. A. : L’événement bénéficie des subventions et du soutien de La Mairie de Toulouse, du Conseil Départemental 31, du Conseil Régional Occitanie-Pyrénées-Méditerranée et de L’Institut culturel français de Jérusalem.
L’ENSAV met à notre disposition sa salle de projection. Nous avons aussi une large équipe de bénévoles qui œuvrent en amont et pendant l'événement et sans elles et eux, pas d'événement !
C. L. : Quels seront les temps forts de cette nouvelle édition ?
C. B. et S. A. : Une 10° édition exceptionnelle enfin parce qu’elle propose :
Un événement : la projection de films produits dans les années 1960 et 1970 par le Département cinéma de l’OLP qui témoignent de l’urgence à faire exister un peuple affronté au déni de sa propre existence, un trésor patrimonial sauvé par le travail de la Cinémathèque de Toulouse, Archives en Exil.
Un axe fort : les Palestiniens d’Israël, composante encore trop mal connue du peuple palestinien.
L’exposition Photos intitulée Enfances à Gaza (Hall de l’ABC. Du 2 au 15 Mars)