Billet de blog 27 octobre 2022

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Nora Theul

Cinéaste sociologue

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Entretien avec l'acteur et réalisateur Roschdy Zem

L’acteur et réalisateur franco-marocain Roschdy Zem est une personnalité incontournable du cinéma français. Une impressionnante filmographie couronnée en 2019 d’un César pour son interprétation dans Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin. Au Cinemed cette année ; Le Principal et son dernier film Les miens.

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Nora Mourad :  Votre carrière d’acteur ne s’essouffle pas, vous êtes en ce moment même à l’affiche de deux films en salles enregistrant un grand nombre d’entrées au moment où la fréquentation est en crise. Comment vivez-vous ce bel engouement ?

Roschdy Zem :  Je n’ai pas de mot pour définir tout ça parce que je suis moi-même surpris. Le fait de continuer à provoquer chez les metteurs en scène un désir ça m’émeut, ça me bouleverse et ça me surprend. Je ne pensais pas qu’en vieillissant, je pouvais encore être sollicité par des metteurs en scène que j’admire. Il y a une part de chance et je m’aperçois quand même, en m’autorisant un peu de prétention, que ma carrière a un impact, c’est aussi ce qui déclenche le désir chez les metteurs en scène.

 N.M : À quel moment vous-êtes vous décidé à passer derrière la caméra ?

R.Z : J’ai été poussé ! Vous savez quand vous êtes passionné par quelque chose ou par quelqu’un et que vous n’osez pas y aller, il y a quelqu’un qui vous pousse et cette personne a été le producteur Philippe Godeau. Lorsque j’ai écrit le scénario de Mauvaise foi, pour lui, il était tout à fait évident que je le réalise. Je me suis jeté tête-bêche dans le projet et c’est d’ailleurs pour ça que le film est le plus spontané que j’ai réalisé. C’est un film qui a été pensé, tourné et monté en apnée. Quand j’ai réalisé que l’exercice me plaisait, j’ai commencé à avoir une vraie réflexion autour de mes sujets…

 N.M : Dans ce premier long métrage en tant que réalisateur mais également comme dans votre dernier, Les Miens, vous portez une double casquette, acteur et réalisateur: comment arrivez-vous à concilier les deux ?

R.Z : Pour les miens, le choix s’est imposé à moi-même. Constituer une famille d’acteurs qui ont entre 50 et 60 ans qui soit suffisamment séduisants pour qu’il soit financé est assez compliqué. Une fois que j’ai choisi Sami Bouajila, il n’y avait pas vraiment d’autres possibilités. Mon producteur m’a alors conseillé de jouer l’autre rôle au côté de Maïwenn. Ça s’impose donc pour des raisons économiques. Me mettre en scène n’est pas ce que je préfère, je souhaiterais plutôt être au service d’un projet plutôt que de m’auto-diriger: ça pousse la mégalomanie et la schizophrénie à son paroxysme ! Je l’ai vécu avec Louis Garrel dans son film. Il y a quand même quelque chose de touchant dans l’exercice. On est un peu perdu et je crois que c’est là qu’est tout le jeu, quand on fait croire au reste de l’équipe qu’on assure, mais qu'en réalité, vous ne savez plus où vous en êtes. C’est une sensation à la fois vertigineuse et à la fois fascinante à explorer, ça reste une belle expérience.

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© DR

N.M : Vous présentez cette année deux films en avant-première à Cinemed : Le Principal de Chad Chenouga et Les Miens en tant que réalisateur. 

R.Z : Les Miens arrive à un moment charnière de ma vie. C’est le film le plus intime, certainement aussi le plus impudique, c’est une vraie mise à nu. C’est un reflet de ma famille… Je ne pense pas avoir été aussi sincère dans mes démarches auparavant. Ce film à une importance capitale à mes yeux. Et Le Principal parle de la volonté de réussir sa vie et de s’intégrer. Ça raconte le parcours d’un homme que j’ai trouvé passionnant. Ce n’est pas si simple finalement de vouloir être un exemple, c’est un chemin semé d’embûches. Ce film parle de fragilité humaine.

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