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Film d'ouverture de la 30e édition du Festival du Cinéma Méditerranéen de Tétouan du 25 octobre au 1er novembre 2025 : Les Enfants volés de Gianni Amelio
Alors que le cinéma italien des années 1990 est à bout de souffle par rapport aux décennies fastes précédant les années 1980, il se trouve avec un film comme Les Enfants volés (Il ladro di bambini, 1992) de Gianni Amelio encore une inspiration renouvelée du meilleur du néoréalisme italien et notamment du Voleur de bicyclette (Ladri di biciclette, 1948) de Vittorio De Sica auquel le film par son titre même se réfère explicitement.
C’est avec cette redécouverte d’une petite merveille du cinéma italien que s’est ouverte la 30e édition du Festival du Cinéma Méditerranéen de Tétouan dans la magnifique salle de l’Institut culturel Cervantes. Cette invitation au voyage dans le temps offrait aussi l’opportunité de mettre en valeur l’invité d’honneur Nabil Ayouch qui a débuté dans le cinéma il y a plus de vingt-cinq ans.
Ainsi, entre le passé et le présent, Les Enfants volés met en scène avec une grande méticulosité à partir d’un triste fait divers, la prostitution infantile d’une mère sur sa propre fille de 11 ans, la reconstruction progressive du lien humain entre un jeune carabinier peu à l’aise dans son costume officiel qu’il ne tarde pas à quitter et deux enfants échappant à l’horreur pour s’ouvrir à un avenir incertain. Gianni Amelio choisit une mise en scène d’une grande subtilité où la composition de chaque plan est étudiée avec soin dans une longue perspective où toute la société italienne des laissés-pour-compte de la politique berlusconienne des années 1980 est mise en lumière.
En effet, l’odyssée du jeune carabinier et des deux enfants se construit sur une succession de rencontres qui sont toutes l’opportunité de saisir l’état d’une société dans son ensemble avec une profondeur de champ qui place l’intrigue sans cesse dans un drame contextuel plus large que le récit des personnages principaux au premier plan. Le cinéaste signe avec pudeur et subtilité grâce à une mise en scène qui ne laisse rien au hasard, une aventure humaine où la tragédie sociale laisse planer ici et là des lueurs d’espoir dans la création des liens humains au fil du récit, avec l’interprétation très émouvante des jeunes protagonistes où la caméra sait toujours se mettre au service de leur jeu sans jamais les forcer aux scènes mélodramatiques. Le film n’a rien perdu de la force de sa narration plus de trente ans plus tard pour saisir la mémoire d’une époque et d’une société en marge qui tente de se reconstruire.
Les Enfants volés
Il ladro di bambini
de Gianni Amelio
Fiction
114 minutes. Italie, 1992.
Couleur
Langue originale : italien
Avec : Enrico Lo Verso (Antonio), Valentina Scalici (Rosetta), Giuseppe Ieracitano (Luciano), Florence Darel (Martine), Marina Golovine (Nathalie), Renato Carpentieri (Maresciallo), Vitalba Andrea (la sœur d’Antonio), Fabio Alessandrini (Grignani), Vincenzo Peluso (le carabinier napolitain), Massimo De Lorenzo, Celeste Brancato, Santo Santonocito, Lello Serao, Agostino Zumbo, Maria Pia Di Giovanni, Antonino Vittorioso
Scénario : Gianni Amelio, Sandro Petraglia, avec la collaboration aux dialogues de Giorgia Cecere
Images : Tonino Nardi, Renato Tafuri
Montage : Simona Paggi
Musique : Franco Piersanti
Son : Alessandro Zanon
1er assistant réalisateur : Marco Turco
2nds assistants réalisateurs : Giorgia Cecere, Oddone Giusso
3e assistant réalisateur : Alessandro Sermoneta
Décors : Andrea Crisanti
Costumes : Gianna Gissi, Luciana Morosetti
Maquillage et coiffure : Esmé Sciaroni
Scripte : Anita Borgiotti
Production : Stefano Mufanò, Angelo Rizzoli Jr.
Production exécutive : Enzo Porcelli
Sociétés de production : Erre Produzioni, Alia Film
Société de coproduction : Arena Films