Billet de blog 28 juin 2023

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

"La Piel que habito" de Pedro Almodóvar

Un chirurgien pratique des recherches en secret dans sa villa de Tolède en Espagne sur un cobaye autour d'une peau qui dépasse les capacités ordinaires. Il est notamment marqué par un traumatisme profond concernant sa fille et son épouse qui le conduit sur des choix éthiques toujours plus troubles et inquiétants.

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Diffusion sur la plate-forme Netflix (France) du 26 mai 2023 : La Piel que habito de Pedro Almodóvar

Pour débuter les années 2010, La Piel que habito marquait le grand retour d'Antonio Banderas sous la direction de Pedro Almodóvar avec lequel il avait débuté dans Le Labyrinthe des passions (Laberinto de pasiones, 1982). C'est aussi pour le cinéaste madrilène un retour au film de genre héritier d'une longue tradition cinématographique du film d'horreur qui trouva notamment chez l'iconoclaste et inclassable Georges Franju et son film Les Yeux sans visage (1960) une acmé particulièrement fascinante. Ce film français est comme le fantôme omniprésent de La Piel que habito qui l'habite, le parcourt et le questionne sans cesse, dans une tradition cinéphilique qui ne cesse d'innerver de son afflux de sang vital le cinéma de Pedro Almodóvar.

Illustration 1
La Piel que habito de Pedro Almodóvar © El Deseo

À l'instar de son maître à penser Hitchcock, Pedro Almodóvar repose son scénario sur l'adaptation d'un roman original publié dans la collection Série noire en 1984 : Mygale de Thierry Jonquet. Plonger dans une autre époque en la réadaptant aux conditions contemporaines du tournage est déjà un premier jeu extradiégétique avec le temps, comme si le cinéaste ne cessait de se nourrir d'une époque originelle particulièrement féconde pour lui : les années 1980. Il y introduit par le biais des codes du film d'épouvante et du savant fou, les questionnements autour de la transidentité pour rappeler l'horreur d'une identité genrée imposée et non intimement acceptée.

Pedro Almodóvar démontre une fois encore sa maestria de conteur en intégrant ses multiples références dans des compositions souvent baroques encore héritière de la movida, avec certes une énergie punk d'autant plus assagie qu'elle s'est embourgeoisée mais avec une maîtrise parfaite de sa mise en scène.

La Piel que habito
de Pedro Almodóvar
Fiction
117 minutes. Espagne, 2011.
Couleur
Langue originale : espagnol

Avec : Antonio Banderas (Dr Robert Ledgard), Elena Anaya (Vera Cruz), Marisa Paredes (Marilia), Jan Cornet (Vicente), Blanca Suárez (Norma), Ana Mena (Norma, enfant), Roberto Álamo (Zeca), Bárbara Lennie (Cristina), Susi Sánchez (la mère de Vicente), Eduard Fernández (Fulgencio), José Luis Gómez (le président de l'Institut de Biotechnologie), Fernando Cayo (le psychiatre de Norma), Concha Buika (elle-même)
Scénario : Pedro Almodóvar et Agustin Almodovar, d’après le roman Mygale de Thierry Jonquet
Images : José Luis Alcaine
Montage : José Salcedo
Musique : Alberto Iglesias
Décors : Antxon Gómez
Costumes : Jean-Paul Gaultier
Scripte : Yuyi Beringola
Production : Agustín Almodóvar et Pedro Almodóvar
Société de production : El Deseo S.A.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.