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Sortie du combo Blu-ray + DVD : L'Innocent de Luchino Visconti
Au sein de la collection vidéo de Jean-Baptiste Thoret intitulée Make my Day ! L'Innocent (L'Innocente, 1976) de Luchino Visconti est une œuvre méconnue du cinéaste aux multiples chefs6d'œuvre puisqu'il s'agit de son dernier film dont il n'a pu assister aux projections publiques puisqu'il est décédé avant. C'est dans ce contexte que L'Innocent se révèle comme une œuvre testament où toutes les thématiques chères à Visconti se retrouvent concentrées notamment autour de la haute bourgeoisie décadante prête à adhérer par désuétude ou nihilisme cynique aux idéologies du surhomme.
En adaptant le livre de Gabriele D'Annunzio, Luchino Visconti s'inspire à nouveau des grands moments de l'histoire de la littérature italienne avec en outre un regard prodond qui a pour avantage d'avoir vécu la réalité historicosociale de ce qu'il énonce. Le cinéaste met en outre beaucoup de sa propre vision dans cette lecture sociale d'un groupe duquel il est lui-même issu. Le huis clos qu'il s'impose ici, compte tenu également des limites de ses capacités physiques alors qu'il se retrouve à tourner en chaise roulante, devient une parfaite illustration d'une idéologie libertaire qui se révèle patriarcale et peu encline à partager sa liberté en réciprocité dans la sphère du couple. Ainsi, le film pourrait faire écho à la société contemporaine et à sa libération sexuelle contredite par l'hypocrisie d'une certaine bourgeoisie préservant avant tout ses propres privilèges patriarcaux. On est encore loin du polyamour dans ce portrait clinique d'un personnage masculin perturbé qui impose à son épouse son propre cynisme.
Plus de romantisme ici dans la description d'un amour-fou qui aboutit au sacrifice d'un innocent. Le décor est toujours réalisé avec soin mais dans ce film d'intérieur, le huis clos est accentué pour représenter la tragédie des êtres enfermés dans leur jouissance individualiste non réciproque. Il en ressort une dénonciation marxiste d'une société dominante sans implication dont le sacrifice de l'innocence peut prendre la métaphore de toute la société dépendante économiquement de cette classe sociale gangrenée dans son propre machiavélisme.
Les séquences sont réalisées avec soin, qu'il s'agisse des tensions psychologiques autour d'un homme à la manipulation toxique particulièrement accentuée, comme dans les scènes de faux apaisement à l'érotisme plastique s'enracinant dans la composition picturale.
Cette édition est accompagnée de la présentation de huit minutes de Jean-Baptiste Thoret ainsi qu'une approche beaucoup plus approfondie du film au sein de l'œuvre de Visconti par Laurence Schifano en 45 minutes.

L'Innocent
L'Innocente
de Luchino Visconti
Avec : Giancarlo Giannini (Tullio Hermil), Laura Antonelli (Giuliana), Jennifer O'Neill (Teresa), Marc Porel (Filippo d'Arborio), Didier Haudepin (Federico Hermil), Rina Morelli (la mère de Tullio), Massimo Girotti (le comte Stefano Egano), Marie Dubois (la princesse), Claude Mann (le prince), Roberta Paladini (Mademoiselle Elviretta)
Italie, France, 1976.
Durée : 124 min
Sortie en salles (France) : 15 septembre 1976
Sortie France du combo Blu-ray + DVD : 29 janvier 2025
Format : 1,85 – Couleur
Langues : italien, français - Sous-titres : français.
Éditeur : StudioCanal
Bonus :
Préface de Jean-Baptiste Thoret (8’)
L’Innocent revu par Laurence Schifano (45')