Billet de blog 30 avril 2023

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"Storie di vita e malavita" de Carlo Lizzani

Six histoires de prostitution féminine juvénile à Milan inspirées d'histoires vraies dans l'Italie de la dépression économique et des années de plomb.

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Sortie nationale (France) du 26 avril 2023 : Storie di vita e malavita de Carlo Lizzani

Avant de traiter la violence masculine de jeunes néofascistes dans San Babila : Un crime inutile à partir d'un fait-divers, Carlo Lizzani s'est intéressé toujours dans la même ville, Milan, à la violence subies par de jeunes mineures tombées dans l'enfer de la prostitution selon des histoires distinctes. Les deux films sont unis par la même rage chez le cinéaste de dénoncer avec courage une réalité sociale qui constitue un véritable fléau pour celles qui en sont les victimes dans un système d'exploitation patriarcale où l'esclavage sexuel est rendu possible avec la complicité plus ou moins cachée des autorités. Sans être un véritable film à sketch, les six histoires ont pour objectif de témoigner d'une diversité de parcours de jeunes femmes issues de classes sociales distinctes. L'ensemble des récits dont certains se rejoignent avec des personnages en commun aboutit à un panorama très large de cette réalité sociale. La narration suit une démarche frontale qui n'omet pas de décrire les situations les plus difficiles tout en gardant une distance avec les ressorts du mélodrame.

Illustration 1
Storie di vita e malavita de Carlo Lizzani © Les Films du Camélia

Il faudra attendre plus de quarante ans pour qu'une autre cinéaste de l'autre côté de l'Atlantique s'empare de ce sujet avec force et conviction, à travers une mise en scène adaptée. Ce film s'intitule Noémie dit oui et a été réalisé par Geneviève Albert depuis peu diffusé dans les salles en France. Cette correspondance entre les deux films met en valeur des méthodes d'entrée dans la prostitution similaires malgré la différence d'époque et de lieu. En effet, il y est question de jeunes femmes qui n'ont plus de place dans leur foyer familial et qui se retrouvent, notamment en ce qui concerne la première histoire de Storie di vita e malavita, dans le piège d'un homme qui en lui promettant un mariage, la manipule pour lui demander de se prostituer au nom de leur projet de vie commune.

Les destinées ici décrites portent leur lot de traumatismes et de blessures incurables dans un récit choral d'une brillante maîtrise orchestrée avec une profonde conviction par Carlo Lizzani.

Storie di vita e malavita
Racket della prostituzione minorile
de Carlo Lizzani
Fiction
116 minutes. Italie, 1975.
Couleur
Langue originale (italien

Avec : Nicola De Buono (Velluto), Franca Aldrovandi (la psychologue), Enzo Fisichella (le juge), Mimmo Craig (le chef de l'agence), Domenico Seren Gay (un client), Anna Curti (Antonietta Barni), Cinzia Mambretti (Rosina), Cristina Moranzoni (Gisella), Lidia Di Corato (Laura), Danila Grassini (Albertina), Annarita Grapputo (Daniela), Susanna Fassetta (la fille de l'auto-stoppeur), Bianca Verdirosi (la femme de l'auto-stoppeur), Giuliana Rivera (la mère de Gisella), Franca Mantelli (la dame de la maison), Paola Fajola (la mère de Daniela), Sandro Pizzocchero (Alberto), Annibale Papetti (l'homme qui achète Antonietta.), Ilona Staller (un mannequin), Mario Mattia Giorgetti, Daniele Pagani
Scénario : Mino Giarda, Marisa Rusconi et Carlo Lizzani
Images : Lamberto Caimi
Montage : Franco Fraticelli
Musique : Ennio Morricone
Son : Domenico Pasquadibisceglie
Direction artistique : Franco Fumagalli
Décors : Franco Fumagalli
Coiffure : Luisa Piovesan
Maquillage : Silvana Petri
Costumes : Lia Morandini
Scripte : Lucia Ferrante
Production : Carlo Maietto et Adelina Tattilo
Société de production : Thousand Cinematografica
Distributeur (France) : Les Films du Camélia

Sortie salles (France) : 26 avril 2023

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