Arrivant à Lima ce jeudi 4 décembre, je pensais, incrédule, que la COP qui avait commencé depuis trois jours déjà serait porteuse de commentaires et avis sur les négociations en train de se dérouler dans la capitale. Quelle ne fut pas ma surprise en voyant, dans le principal journal de la capitale « El commercio » que ce qui préoccupait l'opinion publique de manière tout à fait légitime, le 2ème tour des élections régionales, gommait complètement l'évènement international se déroulant dans le même temps.
Le Pérou compte 14 régions et sur les 14 têtes de liste pour les élections de ce prochain dimanche, pas un n'échappe à un palmarès pas vraiment reluisant : huit cas d'autorisation de mines illégales, huit cas de corruption, trois de narcotrafic, deux de traite humaine, et aussi des non interventions sur la contamination de l'eau, la destruction de l'environnement, plusieurs cas de contrebande, de délinquance... chaque candidat cumulant trois ou quatre étoiles à son palmarès.
Au gré d'une page intérieure, on trouve un court article « labellisé COP »sur un projet de dessalement d'eau de mer pour lutter contre la sécheresse : si l'on en croit les déclarations du Service de l'eau potable de Lima - Sedapal, qui a ouvert un appel d'offres pour une concession de 25 ans à une entreprise de dessalement (trois entreprises espagnoles leaders sont en lice actuellement) cela devrait permettre, grâce à un investissement de 100 millions de dollars d'approvisionner 25 000 personnes ! alors que 8 millions vivent à Lima, dont plus de 200 000 à Independencia, un des bidonvilles où tous n'ont pas accès à l'eau.
Un peu plus loin, deuxième haut fait d'armes relaté par « El comercio » au sujet de la COP, un interview d'un photographe de la mer qui défend la faune sous-marine en train de disparaître.
On aurait pu s'attendre à un peu plus de réflexion politique de la part de journalistes qui accueillent dans leur ville les 193 Etats sous l'égide de l'ONU pour y préparer les décisions essentielles à prendre en 2015 pour laisser notre planète en état de vie pour les générations à venir.
Revenons au problème des « mines illégales ». Cette question est sur le devant de la scène au Pérou depuis 3 ans : en effet, le gouvernement a officiellement « déclaré la guerre » aux promoteurs de ce type de pratiques, s'engageant à ne pas autoriser des concessions minières sur les mêmes territoires où se trouvent déjà des forêts protégées par les communautés indigènes qui y vivent. Et ce n'est pas ce qui se passe ….
En effet, l'organisation nationale des peuples autochtones Pérou, l'AIDESEP, et l'organisation internationale des droits humains, le Forest Peoples Programme (FPP) ont publié un rapport
qui suggère que les pilotes «invisibles» de la déforestation actuelle et future au Pérou sont les mêmes que ceux qui construisent les routes, portentdes projets d'exploitation de gaz, de mines et de méga-barrage, exploitent les plantations de palmiers à huile, les opérations illégales d'exploitation forestière en violation des droits des peuples autochtones et des communautés dépendant de la forêt. Et nous souhaitons vivement que l'examen des résultats qui sera lancé à Lima le 8 Décembre, lors d'une audience en présence du rapporteur de l'ONU sur les droits des peuples autochtones, fasse avancer vers une issue favorable aux peuples autochtones.