7 décembre, journée de manifestations pour maintenir la pression à quelques jours de la fin d'une COP dont la première semaine de négociations a été un défi à tout optimisme.... et dont on peine à percevoir quel retournement pourrait en rendre l'issue moins désastreuse qu'il n'y paraît et poser les jalons d'un accord contraignant dans les prochains mois. Demain, les négociateurs s'effaceront avec l'arrivée des ministres.
Face au triste spectacle du Moon Palace, les mouvements continuent de porter leurs revendications. Aujourd'hui ils étaient dans la rue pour faire entendre leur voix. Le premier rendez-vous de la matinée était donné à 9h, à l'intersection des avenues Portillo et Kabah, dans le "vrai" Cancun, celui où l'on ne donne pas une adresse par un nom d'hôtel contenant beach ou playa... Impression de ne plus être hors sol, immersion dans la réalité locale, celle des travailleurs de cette industrie hôtelière indécente et des communautés indigènes arrivées à Cancun il y a quelques jours. En nous rendant au point de RDV, discussion avec des passants et automobilistes coincés par les routes bloquées : Ils semblent soutenir l'initiative et accueillent chaleureusement les manifestants. La manifestation a lieu à l'appel du Dialogo Climatico - Espacio Mexicano.
Le cortège est coloré, banderoles, marionnettes, autocollants et t-shirts portant des messages comme "La Banque Mondiale hors de la finance du climat" ou "Changeons le système, pas le climat!" se réunissent le long de l'avenue. La marche se met en route sous un soleil haut, au son d'une batucada et de slogans: "Del Norte al sur, del este al oeste, protegemos el medio ambiente, cueste lo que cueste!" ("Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, protégeons l'environnement, coûte que coûte!") ou encore "Si Zapata viviera, los bosques protegiera!" ("Si Zapata vivait, il protégerait les forêts!"). Les passants s'arrêtent pour observer la marche, des têtes se penchent par dessus les balcons et des groupes se forment sur les toits. Le bloc devant nous chante "Nous marchons aussi pour ceux qui nous regardent".
Parmi les 2000 personnes qui ont rejoint la marche, on retrouve des militants de mouvements internationaux, des communautés indigènes, des syndicalistes électriciens descendus de Mexico, des paysans.... La manifestation a une couleur mexicaine, beaucoup d'organisations locales y participent. On apprend par sms au milieu de la manifestation que la marche appelée par La Via Campesina qui se dirigeait vers le sommet de l'ONU a été arrêtée à quelques kilomètres du Moon palace, des participants les y rejoindront pour participer à une assemblée pour la Justice climatique (voir le post "Jour de manif!" de Christophe Aguiton). La marche de Cancun bifurque au "kilomètre zéro", à l'entrée de la zone hôteliere bloquée par un barrage de police, pour se terminer devant le palais du gouverneur. La lutte pour la justice climatique a gagné aujourd'hui les rues de Cancun, portée par une multiplicité de voix unies pour dénoncer les fausses solutions au changement climatique et exiger que les populations soient entendues.