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Billet de blog 10 décembre 2010

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Un petit pas pour l’homme, mais pas de grandes avancées pour l’Humanité…

Dans les négociations internationales, chacun joue de ses intérêts, gouvernements comme organisations non gouvernementales. Une étude récemment publiée par le Réseau Action Climat européen (CAN-Europe) explique comment et pourquoi les entreprises européennes financent ceux qui nient les changements climatiques et notamment les voix américaines opposées à une législation. Retour sur les fondements de la controverse climatique, parce que pour certains, le « business as usual » vaut mieux qu'un accord ambitieux pour le climat...

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Dans les négociations internationales, chacun joue de ses intérêts, gouvernements comme organisations non gouvernementales. Une étude récemment publiée par le Réseau Action Climat européen (CAN-Europe) explique comment et pourquoi les entreprises européennes financent ceux qui nient les changements climatiques et notamment les voix américaines opposées à une législation. Retour sur les fondements de la controverse climatique, parce que pour certains, le « business as usual » vaut mieux qu'un accord ambitieux pour le climat...

Ce jeudi 2 décembre était décerné à Bruxelles le prix du pire lobby climatique. Ce prix fait écho à une étude [1] très récemment publiée par le Réseau Action Climat européen (CAN-Europe) qui explique comment et pourquoi les entreprises européennes financent ceux qui nient les changements climatiques et notamment les voix américaines opposées à une législation. S'il est indéniable qu'il n'y a pas de vie sans le cycle du carbone, et que le forçage des végétaux au CO2 est une technique agronomique connue depuis longtemps, il est tout aussi prouvé que l'accumulation du CO2 (et des autres gaz) dans l'atmosphère est responsable de l'accentuation de l'effet de serre, qui, s'il est indispensable à la vie sur la planète, risque également de l'anéantir si son effet est trop accentué. Tout est question d'équilibre, et toute information scientifique mériterait d'être replacée dans son contexte global.

Bref retour en arrière : dès la mi-2009, les médias ont relayé une large controverse médiatique. Depuis trop longtemps, tous les avis semblaient converger dans un seul et même sens : l'heure est grave, il faut un accord international. Les attentes pour Copenhague étaient démesurées, le terrain était alors prêt pour une crise de confiance. D'abord, il y a eu le piratage de milliers de courriels et de documents scientifiques du Climatic Research Unit de l'University of East Anglia : le « climate gate » a contribué à semer le trouble dans les esprits à la veille de la Conférence de Copenhague. Ensuite, il y a eu l'échec de Copenhague lui-même : les Nations Unies en situation d'extrême faiblesse, incapables de réaliser les ambitions partagées par les peuples du monde entier, supplantées dans la dernière ligne droite par un petit groupe de pays puissants qui signent un « accord » pour sauver la face, Copenhague fut témoin de l'échec du multilatéralisme. Un échec politique certes, mais aussi un échec médiatique, où l'attention démesurée pour le sommet a mis une pression stérile sur les négociateurs et leurs responsables politiques, pression qui s'est ensuite retournée contre un bouc-émissaire, le Groupe intergouvernemental des experts sur l'évolution du climat (GIEC). Pourtant, cet organe scientifique mandaté par les Nations Unies pour publier des rapports qui font l'état des connaissances scientifiques ne porte aucune responsabilité ni dans l'échec de Copenhague, ni dans l'emballement médiatique autour de la question climatique. Le GIEC a honoré sa mission scientifique d'analyse et de recommandation au politique.

Nul doute que certains climato-sceptiques sont encouragés par les groupes d'influence qui n'ont pas intérêt à voir le « business as usual » changer. Il en va ainsi des parlementaires américains qui reçoivent des financements de grandes entreprises européennes, afin de renforcer leurs voix contre la législation climatique (dont le projet de loi est actuellement en cours d'examen au Sénat). Le Climate Action Network explique comment et pourquoi les entreprises européennes financent ceux qui nient les changements climatiques et les voix américaines opposées à une législation. L'influence des lobbies des grandes industries (chimie et pétro-chimie, agroalimentaire, automobile, métallurgie, textile,...) est en effet une réalité à laquelle aucun pays n'échappe. Des lobbies à la controverse climatique, il n'y a donc qu'un pas. Un petit pas d'homme qui empêche de grandes avancées pour les ¾ de l'Humanité qui subissent de plein fouet les effets des changements climatiques...

Véronique Rigot, CNCD 11.11.11


[1] CAN Europe, « Think globally, sabotage locally », an investigation of the Climate Action Network Europe ; October 2010 ; disponible à l’adresse http://www.rac-f.org/IMG/pdf/EU_businesses_supporting_US_deniers_FINAL_-1.pdf ou sur le site www.climnet.org. Le Climate Action Network Europe est réseau qui regroupe 130 ONG environnementales et de développement.

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