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Climatiques

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Billet de blog 12 décembre 2010

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Le putsch silencieux des pays industrialisés transformé à Cancun

Après 12 jours d'âpres négociations, « l'accord de Cancun » a finalement été adopté dans la nuit de vendredi à samedi. La majorité des États se félicite du large consensus

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Illustration 1
plénière du vendredi dans la nuit © jeanne planche

Après 12 jours d'âpres négociations, « l'accord de Cancun » a finalement été adopté dans la nuit de vendredi à samedi. La majorité des États se félicite du large consensus avec lequel a été adopté cet accord, et une partie des organisations de la société civile salue un accord qui rétablit la confiance dans le processus onusien. Mais ces dernières ont tendance à oublier à quel prix cet accord a été adopté...

Si cet accord sauve la face du processus de négociation multilatéral onusien, le climat reste le grand oublié... Où sont les engagements contraignants de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (GES) pour la seconde période du protocole de Kyoto âprement défendus par les pays du Sud et les mouvements de la société civile lors de Copenhague ? Le texte adopté ne fait que prendre note d'une seconde période d'engagement, mais sans mentionner d'échéance concernant ces engagements, ni même de date de référence pour la réduction des GES, et sans engagement contraignant pour les pays qui choisiraient une autre date que celle de 1990 (date de référence sur la première période d'engagement du Protocole de Kyoto). Certes, ce texte mentionne les chiffres du GIEC comme référence (une réduction de 25 à 40% d'ici 2020), et rappelle la faiblesse des actions entreprises par les Etats pour atteindre ces objectifs. Mais quel crédit peuvent avoir ces recommandations lorsque parallèlement ce texte vide le Protocole de Kyoto de son principal moyen d'action : sa portée contraignante.

Cet accord ne fait que poursuivre et entériner l'offensive des pays industrialisés à Copenhague qui ont tout fait pour se débarrasser du Protocole de Kyoto en n'en faisant qu'une coquille vide.

Quant aux pays du Sud, leur maigre consolation est la création d'un « Fonds Vert » pour l'adaptation aux effets du changement climatique mais pour lequel aucune source de financement n'a pour l'instant été avancée et dont la gestion est soit disant « temporairement » confiée à la Banque mondiale. Comme maigre avancée également, l'accord sur la mise en place de mécanismes d'aide à la lutte contre la déforestation (REDD). Mais pour le moment le financement de ces mécanismes n'est pas non plus acté si ce n'est, à l'horizon des prochaines négociations, par les marchés carbone.

Nous avons eu un accord certes, mais un accord qui insidieusement met un terme au Protocole de Kyoto et entérine l'œuvre de Copenhague. Les mouvements sociaux et citoyens n'ont pas réussi à enrayer ce putsch silencieux des pays industrialisés. Mais doivent-ils désormais se ranger derrière ce « faux consensus » ? Pour nous la réponse est non, et il nous faut dès à présent ré-interroger notre stratégie pour continuer à défendre le principe d'une justice écologique lors des prochaines négociations.

Les organisations de la société civile débattront de leur analyse des négociations et de leurs stratégies de mobilisation le mardi 14 décembre à 17h30 à Paris à la Marie du 10è arrondissement. Plus d'information sur : http://www.association4d.org/article.php3?id_article=664

A lire également le communiqué de presse de Friends of the Earth International, disponible en français sur : http://www.climate-justice-now.org/fr/le-paquet-de-cancun-evite-a-peine-lechec-et-laisse-le-protocole-de-kyoto-sous-assistance-respiratoire/

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